EasyJet : bénéfice en hausse, A320neo et Emirates Airlines

La compagnie aérienne low cost easyJet affiche pour l’année financière écoulée une hausse de 41,4% de son bénéfice avant impôt, sur un chiffre d’affaires, un trafic passager et une recette unitaire également en augmentation. Elle a converti en commandes fermes des options sur 17 Airbus A320neo, portant à 147 le nombre de monocouloirs remotorisés attendus (dont trente A321neo). Et Emirates Airlines va bientôt rejoindre son offre de correspondances Worldwide by easyJet.

Tous les voyants sont au vert pour la spécialiste britannique du vol pas cher, qui évoque une année au 30 septembre 2018 « couronnée de succès » : elle affiche une activité record avec un chiffre d’affaires de £5,898 millions, en hausse de 16.8%, et un revenu par siège en hausse de 6,4%, atteignant £61,94 (en hausse de 8,3% hors activités à l’aéroport de Berlin-Tegel). Le coût par siège hors carburant est en hausse de 5,3% à £43,43 (4,8% d’augmentation à taux de change constant), principalement dû selon le communiqué d’easyJet « à l’expansion à Berlin Tegel, au nombre de perturbations plus élevé que prévu et à l’inflation des frais de personnels navigants ». Une optimisation des coûts a permis l’économie de £107 millions (£85m en 2017), une croissance « utilisée à bon escient », des économies d’échelle et l’up-gauging de la flotte, plus un coût exceptionnel de £133 millions incluant £40 millions pour Berlin Tegel et £65 millions pour le programme de transformation IT : le coût total par siège, incluant l’impact des éléments exceptionnels, est de £57,26 (£53,78 en 2017)

Le bénéfice avant impôt d’easyJet pour l’année est de £578 millions (650 millions d’euros), en hausse de £170 millions soit +41.4 %. Le bénéfice par siège avant impôt a augmenté de 28,7 % atteignant £6,07 par siège. Le bénéfice reporté avant impôt a augmenté pour atteindre £445 millions (£385m en 2017). Du fait de cette forte performance, le ROCE pour l’année atteint 14,4 % soit une amélioration de 2,5 % comparé à l’année dernière. Le dividende proposé de 58,6 pence (40.9 pence en 2017) a augmenté de 43 % et sera soumis à l’approbation des actionnaires.

EasyJet a accueilli pendant l’année financière écoulée un nombre record de passagers de 88,5 millions, soit une hausse de 10,2%, avec un coefficient d’occupation record de 92,9% (92,6% en 2017). Ces chiffres sont le résultat « d’un focus sur la proposition commerciale, de la stratégie d’implantation dans les aéroports principaux notamment à Berlin Tegel, et de la conquête de nouvelles premières places dans sept aéroports », précise la compagnie. François Bacchetta, directeur d’easyJet pour la France, rappelle dans Les Echos que l’hexagone (son deuxième marché derrière le Royaume Uni) figure toujours parmi les principaux moteurs de la croissance : « Nous avons encore connu une très bonne année, avec l’ouverture de 32 nouvelles lignes en France et un trafic en hausse de 7,1% sur l’année fiscale, avec plus de 20 millions de passagers transportés », souligne le responsable, permettant à la low cost de conforter sa position de deuxième compagnie aérienne derrière Air France « avec 15,6% de part de marché total et 40% du marché low cost, loin devant Ryanair, Transavia et les autres ».

L’acquisition partielle des opérations d’Air Berlin à Berlin-Tegel, finalisée le 15 décembre 2017 pour un montant de €40 millions, a permis à easyJet « d’occuper une forte position de numéro un au sein du troisième marché européen ». Les pertes totales liées à l’acquisition d’un montant de £152 millions sont « plus faibles qu’escomptées » ; les pertes liées aux opérations d’un montant de £112 millions sont supérieures aux prévisions, et contrebalancées par des plus faibles coûts d’intégration qu’anticipés d’un montant de £40 millions. La migration des opérations est achevée avec plus de 20 Airbus easyJet à Berlin-Tegel, « réalisant de bonnes performances de ponctualité et une marque de plus en plus forte sur le marché berlinois ».

La stratégie d’easyJet a été actualisée et « repose sur des bases déjà solides » ; elle évolue afin d’offrir « une expérience client inégalée grâce à son réseau de qualité desservant des aéroports principaux, et avec le meilleur des accueils à bord ». Grâce à cette stratégie, la low cost poursuivra une croissance disciplinée, soutenue par l’accord conclu hier avec Airbus qui prolonge les plans de développement de la flotte de la compagnie jusqu’en 2023. Elle a exercé des options d’achat portant sur 17 A320neo (186 sièges, moteurs CFM Leap) pour les transformer en commandes fermes (110,6 millions d’euros l’unité au prix catalogue). Cette transaction porte à 147 le nombre d’appareils NEO commandés par easyJet dont 30 A321neo, et à 468 le nombre total d’appareils de la famille A320 commandés à ce jour. Le contrat de la compagnie aérienne inclut aussi un report de deux ans de 18 livraisons d’A320neo, et la conversion de droits d’achats en option pour 25 autres exemplaires, lui assurant des créneaux de livraison en 2024. Ces modifications permettent selon easyJet une plus grande flexibilité de la flotte à l’horizon 2022, quand elle pourrait croitre à 385 avions ou se limiter à 316 ; elle opère actuellement 316 monocouloirs Airbus, dont 17 A320neo et trois A321neo.

Prévisions

EasyJet se dit confiante quant au fait que sa stratégie et son positionnement permettront de générer des revenus substantiels pour ses actionnaires, avec un focus sur les retours sur le capital, la liquidité et le bénéfice par siège. La croissance des capacités d’easyJet au premier semestre est estimée à 15 % environ et à 10 % pour l’année complète. Une solide demande pour les réservations à venir avec 50% enregistré pour le premier semestre avec des prix en avance sur le taux d’occupation. Les réservations pour l’été prochain semblent prometteuses pour le moment et légèrement au-dessus de l’été 2018.

Sur une base de comparaison exacte, easyJet anticipe une baisse du revenu par siège à taux de change constant pour le premier semestre, qui est prévu dans la fourchette basse à moyenne à un chiffre, en accord avec les prévisions, et incluant l’effet d’annualisation des évènements favorables extraordinaires de l’année fiscale 2018, la dilution de Berlin et le glissement de Pâques au second semestre. Toujours sur une base de comparaison exacte, le coût total par siège hors carburant à taux de change constant (à niveau normal de perturbations) devrait être stable pour les 12 prochains mois, s’achevant le 30 Septembre 2019. Cela comprend l’investissement relatif aux initiatives stratégiques visant à générer une marge et des rendements à long terme. En prenant en compte l’ajustement à la norme IFRS 15, le revenu par siège à taux de change constant au premier semestre devrait baisser dans la fourchette basse à moyenne à un chiffre, et le coût total par siège hors carburant devrait légèrement s’améliorer.

L’investissement courant pour l’année fiscale s’achevant au 30 Septembre 2019 est estimé à £1 milliard. EasyJet continue de se préparer pour le Brexit, opérant via des compagnies aériennes au Royaume-Uni, en Suisse et en Autriche, afin de maintenant ses vols en Europe, et est proche d’obtenir une majorité de membres de l’Espace économique européen (hors Royaume Uni) au sein de son actionnariat – actuellement à 47%

Selon le CEO d’easyJet Johan Lundgren, la compagnie a réalisé « une formidable performance au cours de l’année, avec une croissance de son bénéfice courant avant impôt de 41 %, atteignant des chiffres record en termes de nombre de passagers transportés et de taux d’occupation annuel. L’intégration de nos nouvelles opérations à Berlin Tegel a également progressé et notre marque s’est considérablement renforcée à Berlin. Notre réussite financière et la fidélité croissante de nos clients démontrent la résilience de nos opérations, la force de nos activités et notre expérience client inégalée ».

« Notre stratégie nous assure de bonnes positions pour l’avenir. Nos initiatives en matière de fidélisation, d’offre de séjours et de voyages d’affaires, ont considérablement avancé et nous permettent de bénéficier d’une croissance profitable. Alors que les perturbations demeurent un challenge pour l’industrie, nous investissons dans la résilience afin d’en limiter l’impact sur nos clients. Les réservations enregistrées sont solides avec plus de 50% de sièges vendus pour le premier semestre, en ligne avec l’année précédente. Nous sommes confiants quant à notre positionnement pour le futur et sommes concentrés sur les rendements à venir, les liquidités à long terme ainsi que la maximisation de notre bénéfice par siège alors que nous continuons de produire de la valeur pour nos clients et nos actionnaires », ajoute le dirigeant.

EasyJet a d’autre part annoncé hier l’ajout d’Emirates Airlines à la liste des partenaires du réseau Worldwide by easyJet, « dans les mois à venir ». La clientèle de la low cost pourra « aisément utiliser le réseau orange » pour rejoindre Londres-Gatwick afin de bénéficier du réseau international d’Emirates vers l’aéroport de Dubaï « dans un premier temps », l’objectif étant d’étendre à l’avenir le nombre de destinations disponibles. Selon le CEO Johan Lundgren, les deux compagnies desservent de nombreuses destinations populaires au départ de Gatwick (114 routes easyJet dont 13 vers la France NDLR), « et nous sommes certains que ce nouveau partenariat sera très apprécié de nos clients à la recherche d’un moyen simple et intégré de se connecter à l’Europe, au Moyen-Orient et au-delà. Nous sommes ravis de l’intérêt des compagnies aériennes partenaires qui contribuent à développer Worldwide à travers notre réseau et ainsi étendre notre service de correspondance unique, dans plusieurs grands aéroports. Des dizaines de millions de passagers en correspondance effectuent chaque année des voyages qui commencent ou se terminent en Europe. Nous prévoyons d’annoncer plus de partenariats au cours des prochains mois, alors que Worldwide continue de croître ».

Thierry Antinori, vice-président exécutif et directeur commercial d’Emirates, a commenté : « L’ambition d’Emirates a toujours été de fournir aux clients une meilleure expérience de vol à la fois à bord et au sol. Nous offrons à nos clients un large choix d’options de vols non seulement via notre propre réseau mondial, mais également via nos compagnies aériennes partenaires. Nous sommes ravis de rejoindre le programme mondial d’easyJet, qui nous permettra d’offrir conjointement aux voyageurs, une expérience de connexion homogène lorsqu’ils volent sur des itinéraires combinés Emirates et easyJet via Londres Gatwick, l’une de nos principales passerelles anglaises. Nous sommes convaincus que nos clients apprécieront ce confort supplémentaire et sommes impatients d’étendre notre participation au programme Worldwide by easyJet sur d’autres passerelles européennes ».

Ce partenariat vient compléter les accords qu’easyJet a passés avec Virgin Atlantic, Norwegian, WestJet mais aussi avec Singapore Airlines et sa filiale à bas prix Scoot, qui ont tous deux rejoint Worldwide en septembre, Thomas Cook Airlines, Corsair, La Compagnie ou Loganair. Worldwide by easyJet connecte onze aéroports européens dont Paris (CDG et Orly), Amsterdam, Barcelone, Milan-Malpensa, Berlin-Tegel et Venise ; plus de la moitié des vols easyJet (et 53 millions de voyageurs par an) peuvent utilise le système de correspondance avec une réservation unique via le site dédié.