L’ensemble des pilotes de la compagnie aérienne Air France vont être consultés sur l’accord notamment salarial proposé par la direction, après le feu vert donné par le syndicat majoritaire SNPL. Chez HOP! en revanche, l’intersyndicale a refusé le plan de sauvegarde de l’emploi prévoyant la suppression de 120 postes administratifs d’ici septembre prochain.

La compagnie nationale française a confirmé le 23 janvier 2019 qu’à la suite des négociations entre la direction et les deux syndicats représentatifs des pilotes (SNPL et SPAF), le projet d’accord élaboré va faire l’objet « d’une consultation de tous les pilotes », pour un résultat prévu mi-février ; si le « oui » l’emporte, l’accord sera signé. Air France souligne dans son communiqué que « le conseil du SNPL a voté positivement » au lancement de ce référendum, sans fournir de détail autre que ce projet d’accord « propose des évolutions de la rémunération des pilotes et introduit la flexibilité nécessaire sur certaines règles pour accompagner la stratégie d’Air France ». Auditionné mardi par la Commission du développement durable de l’Assemblée nationale, le CEO du groupe Air France-KLM Benjamin Smith disait espérer ce vote positif du SNPL après « le travail effectué ces dernières semaines avec les pilotes ».

Le projet d’accord porterait selon les sources de La Tribune tout d’abord sur les exigences salariales du SNPL, qui réclamait une augmentation de 4,7% en plus de celle de 4% accordée à l’ensemble du personnel en deux temps (avec +2% rétroactifs en janvier 2018 et +2% ce mois-ci). Les 4,7% en question, réclamés par les anciens dirigeants du syndicat pour rejoindre les hausses de salaires constatées dans d’autres compagnies aériennes face au manque de pilotes, ne seraient pas atteints ; le SNPL aurait de son côté accepté plus de souplesse dans les plannings. Le texte proposé porterait aussi sur l’équilibre entre les deux compagnies sœurs Air France et KLM, la néerlandaise s’étant développée sans faiblir quand la française était engluée dans des difficultés financières.

Si cet accord est approuvé par les pilotes, Ben Smith pourra s’enorgueillir d’avoir réglé en quelques semaines un conflit ayant déclenché quinze jours de grève l’année dernière – et entrainé le départ du PDG de l’époque Jean-Marc Janaillac – comme il l’avait fait avec les PNC (enterrant au passage la filiale à coûtés réduits Joon) et avec le sol. Il aura alors les mains (à peu près) libres pour mener à bien sa stratégie de montée en gamme pour Air France, plus rentable après une année 2018 « compliquée » en raison de la grève qui aura coûté quelque 350 millions d’euros et de la remontée des cours du pétrole.

Dans la filiale régionale HOP! en revanche, le plan de sauvegarde de l’emploi présenté en septembre a reçu un avis défavorable de la part de l’intersyndicale, pour qui ce PSE prévoyant 120 suppressions de postes dans les services supports administratifs « est justifié pour la sauvegarde de la compétitivité du court courrier d’Air France ». Les syndicats s’interrogent dans un communiqué sur le bien-fondé de ce PSE « lorsqu’on voit le très faible impact/gain (4 M€ sur la masse salariale) à comparer avec une amélioration du résultat courant avant impôts d’ici 2021 à hauteur de 88 M€ grâce à l’ensemble des mesures de restructuration » – et ce alors qu’Air France avait dégagé en 2017 un bénéfice d’exploitation de 590 millions d’euros. La CFDT précisait l’automne dernier que ce plan prévoyait la suppression de 30 postes à Montreuil,  25 à Rungis, 23 à Morlaix, 27 à Nantes, 8 à Paris-Orly, 5 à Paris-CDG et 2 à Lyon ; 48 autres postes seraient relocalisés à Clermont-Ferrand et Nantes. Rappelons que HOP! emploie près de 3000  salariés en tout dont 460 dans les services supports ; la direction devrait finaliser ce PSE le 20 février.

Air France : référendum pilotes lancé, PSE refusé chez HOP 1 Air Journal

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