La compagnie aérienne low cost Ryanair affiche au troisième trimestre une perte nette de près de 20 millions d’euros (hors Laudamotion), la croissance du trafic étant compensée par une baisse de 6% du prix moyen du billet d’avion pour cause de capacité excessive en Europe.

Après l’avertissement sur les résultats de la mi-janvier, la spécialiste irlandaise du vol pas cher a confirmé ce 4 février 2018 des résultats trimestriels jugés « décevants » par le CEO Michael O’Leary. Outre la baisse du prix du billet, des coûts en hausse sur le carburant, le personnel et les remboursements liés aux annulations de vol (directive EU261) ont compensé l’augmentation de 26% des revenus annexes. « Nous nous consolons de cette perte par le fait que les voyageurs profitent de prix très bas, ce qui bon pour la croissance du trafic actuelle et future », a déclaré le dirigeant de Ryanair.

Au troisième trimestre (octobre – décembre 2018à, le trafic de Ryanair a progressé de 8% à 32,7 millions de passagers, avec un coefficient d’occupation stable à 96%. Les revenus ont progressé de 9% à 1,53 milliards de livres, soit une hausse de 1% par client, grâce à la forte performance du chiffre d’affaires des produits annexes et l’augmentation du trafic, stimulée par une baisse de 6% des tarifs moyens à moins de 30 € « en raison d’un excédent de capacité sur les vols court-courrier en Europe ». Ryanair Labs continue de générer des revenus auxiliaires : au Q3 (557 millions de livres, +36%), l’embarquement prioritaire et la réservation du siège ont fortement augmenté. Une « amélioration transformationnelle » de la plateforme numérique de Ryanair est en cours (site web, app et plugins d’applications tierces) et sera terminé avant la fin de l’année, ce qui va encore améliorer la personnalisation « et tripler la capacité, alors que nous visons les 200 millions d’invités par an et accueillir plus d’un milliard de visites sur la plateforme numérique chaque année ».

L’acquisition des 25% de Laudamotion qu’elle ne détenait pas encore à coûté cher à Ryanair, qui souligne au passage que les pertes de la low cost autrichienne étaient dues à une programme estival 2018 publié tardivement, des locations d’avions très chères, du carburant non couvert et des prix promotionnels très bas. Mais cette « perte exceptionnelle d’année de lancement » a été réduite de 150 à environ 140 millions d’euros, souligne Ryanair ; la flotte qui passe de 19 à 25 avions, le trafic qui progresse de 4 à 6 millions de clients et une meilleure couverture du carburant « devrait réduire cette perte à entre 50 et 0 millions, en fonction des rendements de l’été prochain ». Et Laudamotion devrait être bénéficiaire dès 2020, année qui la verra accueillir 7,5 millions de passagers.

On retiendra aussi du communiqué la modification du groupe Ryanair Holdings vers une structure « similaire à IAG » : une « petite équipe de direction », qui sera chapeautée par Michael O’Leary pendant cinq ans, dirigera le développement des 4 filiales Ryanair DAC (Irlande), Laudamotion, Ryanair Sun (Pologne) et Ryanair UK, chacun ayant son propre CEO et sa propre équipe de direction. Le groupe « sera axé sur une répartition efficace du capital, des réductions de coûts, des acquisitions d’aéronefs et des opportunités de fusion/acquisition de petites entreprises ». Le Conseil d’administration verra a l’été 2020 le départ de son président David Bonderman, remplacé par Stan McCarthy, membre du CA depuis 2017 et qui deviendra vice-président en avril afin de préparer la succession.

Pour les résultats de l’année financière 2018-2019, Ryanair a répété son avertissement : « bien que nous ayons une visibilité raisonnable de nos réservations pour le quatrième trimestre, nous ne pouvons pas exclure de nouvelles réductions des tarifs aériens, et/ou des prévisions légèrement inférieure pour l’année complète, en particulier s’il y a des imprévus liés au Brexit et / ou au titre de la sécurité ». La low cost « ne partage pas les perspectives optimistes récentes de certains concurrents quant à l’augmentation des tarifs aériens pour l’été 2019 » ; et en l’absence de « nouvelles défaillances des compagnies aériennes de l’UE et de la chute récente des prix du pétrole (qui permet aux concurrents non couverts pour survivre plus longtemps), nous pensons que la capacité excédentaire sur le court-courrier se maintiendra durant toute l’année 2019, ce qui, selon nous, mènera à un environnement tarifaire plus faible – pas plus fort ».

Ryanair au Q3 : une perte nette en raison de prix trop bas 1 Air Journal