La ministre des transports Elisabeth Borne a confirmé dans la presse le lancement du CDG Express qui reliera la Gare de l’Est à l’aéroport de Paris-CDG, affirmant que le projet est dans les temps pour les Jeux Olympiques de 2024 mais ne se fera « pas au détriment des transports au quotidien » sur le RER B. Comme il le fait depuis 2014, le SCARA (Syndicat des Compagnies AéRiennes Autonomes, qui regroupe des compagnies aériennes françaises hors groupe Air France) a de nouveau exprimé son opposition au projet, dénonçant l’absence de concertation et la levée d’un nouvel impôt prélevé sur les passagers.

Le contrat de concession « sera signé dans les prochains jours » avec le gestionnaire d’infrastructure détenu à parts égales par ADP, SNCF Réseau et la Caisse des Dépôts, a annoncé Mme Borne dans une interview publiée le 5 février 2019 dans Le Parisien. Elle juge la signature « indispensable pour pouvoir donner le coup d’envoi des travaux sans perdre de temps », le projet de CDG Express étant « nécessaire pour Paris et pour toute l’Ile-de-France ». Le CDG Express doit relier à partir du 1er janvier 2024 la Gare de l’Est au T2 de Roissy, le trajet de 32 kilomètres devant être réalisé en 20 minutes et coûter 24 euros. La ministre du transport a rappelé que ce projet implique « 0€ de subvention publique » puisqu’il sera financé à 100% « par ses futurs clients et ceux de l’aéroport » et que sur les 1,8 milliard d’euros investis, 530 millions iront à l’amélioration du RER B (« 100% des subventions de l’Etat en Ile-de-France vont aux transports du quotidien »).

L’ouverture à temps pour les Jeux Olympiques de 2024 à Paris est « tenable » selon ce que lui dit SNCF Réseaux, a expliqué la ministre, tout en se disant « pas arc-boutée sur un calendrier qui serait irréaliste. Aujourd’hui, l’objectif est de mettre en service pour les JO, mais ça ne se fera pas au détriment des transports du quotidien », a souligné Elisabeth Borne. Qui rappelle qu’on « ne peut pas se satisfaire » de ce qu’est aujourd’hui la desserte de l’aéroport (90.000 employés, 200 000 passagers par jour), qui « repose largement sur la route, avec tous les problèmes de congestion que l’on connaît ». La part du mode routier devrait passer de 56 % aujourd’hui à 44 % à la mise en service du CDG Express, ce qui pour la ministre « permettra aussi d’éviter une cohabitation qui n’est pas toujours simple entre les voyageurs du quotidien et les voyageurs munis de bagages dans le RER B ». En situation normale, il n’y aura « pas d’interférence entre CDG Express et le RER », et si en cas de situation très perturbée il devait y avoir « un impact négatif » sur le RER B après la mise en service, « des mesures d’adaptation devront être mises en place ». Mais la ministre assure qu’elle s’est fixée une ligne route : « jamais le projet de CDG Express ne passera avant la priorité des transports du quotidien ».

La lettre ouverte du SCARA à la ministre n’a pas tardé : il y dénonce l’absence de concertation avec les compagnies aériennes, « malgré sa demande d’audition par le Préfet de la région Ile-de-France dans le cadre de sa mission », et la levée d’un nouvel impôt prélevé sur les passagers des compagnies aériennes pour financer le CDG Express. Le syndicat rappelle qu’il dénonce depuis 2014 les solutions techniques et le mode de financement du projet, alors que la ligne 17 du métro est selon lui « une solution qui répond aux besoins de transport de tous, passagers aériens et usagers des transports en commun ». L’utilisation de la ligne automatique pour faire passer des navettes CDG Express sans investissement lourd supplémentaire, autre que des trains spécifiques à acquérir, « est une solution proposée par le SCARA mais qui n’a jamais été étudiée ». Cette solution est pourtant plus efficace selon lui, puisqu’elle « s’inscrit dans le maillage du métro et de ses nombreuses possibilités de correspondances, contrairement au projet actuel ». Cette solution alternative permettrait aussi selon le SCARA de mettre en œuvre la ligne 17 jusqu’à Roissy dès 2024, une ligne qui pourrait être empruntée aussi par les personnels travaillant sur la zone aéroportuaire. « Au lieu de quoi, l’arrivée de la ligne 17 à Paris-CDG est aujourd’hui reportée, au mieux, à 2030 ».

Au delà de l’aspect technique, le SCARA dénonce aussi le montage financier du projet CDG Express, « de l’argent public au profit d’intérêts financiers privés » : le billet du CDG-Express est aujourd’hui fixé à 24 euros, ce qui « pour deux passagers avoisine le prix d’un déplacement en taxi ou en VTC » vers ou depuis l’aéroport. « Dans ces conditions, les prévisions de trafic du CDG-Express sont très optimistes et rendent le projet financièrement non viable autrement que par la mise en place d’un impôt payé par les passagers des compagnies aériennes », conclut le syndicat.