Le ministre néerlandais des finances a annoncé l’acquisition par l’Etat de 12,68% du capital du groupe aérien Air France-KLM, afin d’y rétablir l’équilibre avec la France. Et ce alors que la paix entre les deux pays semblait être signée après le maintien de Pieter Elbers à la tête de KLM Royal Dutch Airlines.

Wopke Hoekstra a précisé le 26 février 2019 que les Pays-Bas comptaient monter à la hauteur des parts de la France, qui détient 14,3% du groupe, avec un seul but : il a parlé d’une « étape décisive pour la protection des intérêts néerlandais », qui assurera au pays « un siège à la table » lors du prochain CA du groupe en avril. L’acquisition des actions pour un total d’environ 680 millions euros a débuté le 20 février, un jour après l’annonce par Air France-KLM de la mise en place une gouvernance « simplifiée et améliorée » mettant fin aux tensions entre Paris et La Haye.

 Dans une lettre adressée au Parlement, le ministre des finances a expliqué qu’à « plusieurs reprises ces dernières années, les intérêts néerlandais n’ont pas été suffisamment pris en compte dans les décisions concernant l’entreprise dans son ensemble ». Il ne s’agit donc pas d’un investissement en tant que tel, mais d’une volonté politique de protéger en particulier l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol, qui avec son plus grand opérateur KLM « revêtent une grande importance pour l’économie et l’emploi néerlandais. Des milliers d’emplois sont directement et indirectement liés à l’aéroport et au réseau intercontinental de KLM. Ce réseau est également une raison importante pour les entreprises étrangères de s’installer aux Pays-Bas ». La Haye détient déjà 5,6% du capital de KLM.

Avec l’acquisition des actions d’Air France-KLM, les Pays-Bas espèrent reprendre la main sur les décisions concernant la compagnie aérienne néerlandaise, qu’ils estimaient être prises trop souvent au niveau du groupe : une influence formelle sera désormais exercée au plus haut niveau, et « l’intérêt public de l’État néerlandais » sera mieux assuré lors des décisions futures. Le ministre des finances a souligné qu’un « engagement direct » était nécessaire pour y arriver, tout en déclarant que le gouvernement « veut montrer qu’il croit en la coopération entre Air France et KLM et en un partenariat stratégique avec la France » au sein du groupe.

Le Conseil d’administration du groupe de l’alliance SkyTeam avait mis fin la semaine dernière à la tension entre les deux pays, en présentant une gouvernance « simplifiée et améliorée ». En accord avec le Conseil de surveillance de KLM, le CA a proposé le renouvellement de Pieter Elbers en tant que Président du Directoire de KLM. Anne Rigail (DG d’Air France) et Pieter Elbers sont en outre nommés Directeurs Généraux Adjoints du groupe, et ont tous deux « exprimé leur engagement à construire aux côtés de Benjamin Smith le succès du Groupe ». Le CEO Benjamin Smith entrera en avril au Conseil de surveillance de KLM, une première pour un dirigeant exécutif du groupe depuis le rachat de la compagnie néerlandaise en 2004.

Air France-KLM n’a pas communiqué sur le sujet. Le président français Emmanuel Macron aurait été averti de la manœuvre hier par le Premier ministre néerlandais Mark Rutte selon Bloomberg.

Les Pays-Bas entrent dans le capital d’Air France-KLM 1 Air Journal