La perte d’exploitation et le résultat net du groupe Air France-KLM se sont détériorés au premier trimestre, tout comme la recette unitaire dans un marché marqué par la hausse du prix du carburant et par des surcapacités.

Après avoir révélé un bénéfice net plus que doublé en 2018, la direction du groupe aérien franco-néerlandais a fait état d’une perte nette de 320 millions d’euros au premier trimestre 2019, contre -269 millions à la même période l’année dernière (-19%), sur un chiffre d’affaires en hausse de 1,7% à 5,175 milliards d’euros (+1,0% à change constant). Le nombre de passagers est en hausse de +3% au T1, avec un coefficient d’occupation en recul de -0,3 point. Le résultat d’exploitation affiche -303 millions d’euros (-185 millions par rapport au T1 2018), tandis que la recette unitaire passage par SKO recule de 1,9% à 6,17 centimes d’euros, en raison du décalage de Pâques et de la croissance des capacités de l’industrie au cours de l’hiver. Air France-KLM évoque dans son communiqué une « pression comme anticipé » sur cette recette unitaire, mais aussi une « amélioration de la performance opérationnelle ». Les coûts unitaires sont en baisse de -0,4% à change et carburant constants au T1, mais cette baisse est « plus que contrebalancée par la hausse du carburant et l’effet négatif des devises ». La réduction de la dette nette du groupe se poursuit : elle est en recul de 403 millions d’euros, à 5,761 milliards d’euros (-403 millions d’euros), avec un ratio Dette nette/EBITDA « stable à 1,4x » par rapport au 31 décembre 2018.

Benjamin Smith, Directeur général du groupe Air France-KLM, a déclaré : « Comme nous l’avions anticipé, le transport aérien européen et le groupe Air France-KLM ont évolué dans un environnement de marché complexe au premier trimestre. L’exercice a été marqué par une importante hausse des capacités pendant une période creuse conduisant à une pression sur la recette unitaire. Dans ce contexte, le groupe a poursuivi ses efforts de réduction de ses coûts unitaires et a bénéficié du travail mis en place pour renforcer son positionnement, comme en témoignent les premiers signes d’amélioration de la performance opérationnelle chez Air France, notamment en termes de taux de recommandation client (Net Promoter Score) et de ponctualité. Ces éléments, couplés à une perspective plus favorable de l’offre de l’industrie cet été, nous font anticiper une amélioration de la tendance pour le reste de l’année et confirmer notre objectif annuel ».

Dans le détail, le chiffre d’affaires de l’activité Passage et Cargo (Air France, HOP, KLM) a augmenté de 1,0% à change constant au premier trimestre 2019 pour atteindre 5,2 milliards d’euros, avec une hausse des capacités de 2,3%. Le résultat d’exploitation s’est établi à -279 millions d’euros, en recul de 146 millions d’euros à change constant par rapport à l’an dernier « essentiellement en raison de la pression sur la recette unitaire qui était attendue et de la hausse du prix du carburant ». Sur le seul Réseau Passage, la recette unitaire résiste pour le long courrier et le premium mais recule sur le court et moyen-courrier. La capacité a augmenté de 2,3% au premier trimestre, tirée principalement par les réseaux Amérique du Sud, Atlantique Nord et Asie avec des croissances respectives de 9,8%, 5,3% et 1,8%. Le réseau passage a connu « un déséquilibre entre l’offre et la demande », ce qui a mis la recette unitaire sous pression. Le revenue management a anticipé la concurrence tarifaire sur le marché et a « réussi à contenir l’impact sur la recette unitaire » à -1,6% à change constant par rapport à l’an dernier.

• Le réseau Amérique du Nord a subi une pression concurrentielle en matière de tarifs et a enregistré une baisse de la recette unitaire à -2,5%, mais après une forte performance l’année dernière (+4,9%).
• L’augmentation de capacité additionnelle de 9,8% en Amérique du Sud provient de la croissance des routes andines et de l’ouverture des liaisons vers Fortaleza en avril 2018. Les pressions actuelles persistent en raison des difficultés en Argentine et de la reprise de la demande internationale plus faible que prévue pour le marché brésilien.
• La tendance positive continue pour le réseau asiatique, avec une recette unitaire en hausse de 1,7%, provenant notamment du réseau japonais.
• Les réseaux Caraïbes et Océan Indien ont enregistré un fort résultat, avec une recette unitaire en hausse de 4,3% grâce à une forte demande loisir.
• Les réseaux Afrique et Moyen-Orient ont été relativement stables par rapport à l’an dernier.
• Le réseau moyen-courrier a enregistré une recette unitaire en baisse de 2,4%, en raison d’une hausse importante des capacités en Europe.

Un ralentissement des volumes a été observé au premier trimestre dans l’ensemble du marché du fret, en raison du ralentissement économique, des incertitudes politiques et des conflits commerciaux. L’activité cargo a connu des tensions sur la tarification, la recette unitaire a enregistré une baisse de -4,0% à change constant. Des mesures sur la rationalisation du réseau ont été mises en place ce trimestre afin de contrer la tendance négative. La légère hausse des capacités a été contrebalancée par cette baisse de la recette unitaire, entraînant une diminution du chiffre d’affaires de 1,3% à change constant.

Air France-KLM dans le rouge au premier trimestre 1 Air JournalChez la filiale low cost Transavia, le groupe note une forte croissance de la capacité, mais une baisse de la recette unitaire principalement en raison du décalage de Pâques. De nouvelles routes ont été ouvertes au premier trimestre 2019, avec une forte croissance des capacités (+11,4%). La recette unitaire a diminué de 3,5% par rapport à l’an dernier, en raison principalement du décalage de Pâques et de l’augmentation de la longueur d’étape des routes du réseau. Les coûts unitaires ont baissé de -0,8% et de -1,7% à change et carburant constants. Le résultat d’exploitation du premier trimestre s’est établi à -71 millions d’euros, en recul de 13 millions par rapport à l’an dernier.

Air France-KLM dans le rouge au premier trimestre 2 Air JournalLes revenus de l’activité Maintenance (AFI KLM E&M) ont augmenté par rapport à l’année précédente, avec un chiffre d’affaires externe en hausse de 9,9% à change constant, poursuivant sa tendance haussière en raison de la signature de nouveaux contrats. Le carnet de commandes de la maintenance était de 11,5 milliards de dollars au 31 mars 2019, soit une hausse de 0,1 milliard de dollars par rapport à fin 2018. La marge d’exploitation, exprimée en pourcentage des revenus totaux, s’est élevée à 4,0%, en progression de 1,3 point à change constant par rapport à l’an dernier grâce à l’effort porté sur les marges des contrats dans les business moteurs et équipements.

Au premier trimestre, le résultat d’exploitation du groupe Air France-KLM s’est établi à -303 millions d’euros, en recul de 185 millions d’euros comparé à l’an dernier, qui était impacté à hauteur de -75 millions d’euros par les grèves chez Air France. La recette unitaire à change constant diminue de -2,2% par rapport à 2018, avec un effet négatif de 115 millions sur le résultat d’exploitation. La facture de carburant incluant les couvertures s’est élevée à 1201 millions d’euros, en augmentation de 140 millions d’euros ; 44 millions d’euros sont expliqués par la hausse du prix du carburant et 34 millions d’euros par l’augmentation des volumes, en raison de la hausse des capacités par rapport à l’an dernier. Les couvertures carburant ont dégagé un gain de 35 millions d’euros. Les variations de change ont eu un impact positif de 65 millions d’euros sur le chiffre d’affaires et un impact négatif de 108 millions d’euros sur les coûts incluant les couvertures de change. L’impact net du change a donc été négatif à hauteur de 43 millions d’euros au premier trimestre 2019.

A change, prix du carburant et charges de retraite constants, les coûts unitaires ont baissé de -0,4% au premier trimestre 2019, bénéficiant notamment de la baisse des compensations clients par rapport au premier trimestre 2018 qui était marqué par les grèves chez Air France. Cependant, ce résultat est en partie contrebalancé par les coûts unitaires de KLM qui ont été impactés par une baisse de 1,3% des capacités par rapport à la prévision, en raison d’évènements météorologiques et techniques.

Les coûts nets salariaux ont augmenté de 6,4% sur le trimestre par rapport à l’an dernier, en raison des embauches accompagnant la hausse des capacités, de la mise en place des accords salariaux pour les personnels d’Air France et de KLM et de la grève de l’an dernier. Par rapport à l’an dernier, le nombre moyen de salariés a augmenté au premier trimestre 2019 de 1050 ETP (Equivalent Temps Plein), dont 450 pilotes et 50 PNC pour accompagner la croissance des capacités. Toutefois, la productivité, mesurée en SKO par ETP a augmenté de 1,7% tandis que la capacité a progressé de 3,0%.

Air France-KLM a a généré un cash-flow libre d’exploitation ajusté positif de 241 millions d’euros, en progression de 99 millions d’euros par rapport à l’année dernière. Cette hausse s’explique principalement par de moindres investissements sur le 1er trimestre 2019 lié à un calendrier d’investissements différent de 2018. Le Groupe a réduit sa dette nette à 5761 millions d’euros au 31 mars 2019 comparé à 6164 millions d’euros au 31 décembre 2018. Cette réduction de 403 millions d’euros a été obtenue grâce à la génération de cash-flow libre d’exploitation et au remboursement des dettes de locations. Le ratio dette nette / EBITDA s’établit à 1,4x au 31 mars 2019, une légère diminution de 0,03 point par rapport au 31 décembre 2018, en raison de la baisse de la dette nette.

Perspectives

Le contexte global « reste incertain au regard de l’environnement géopolitique actuel et des tendances du prix du carburant ». En 2019, le Groupe Air France-KLM prévoit d’augmenter sélectivement les capacités du réseau passage de 2 à 3% par rapport à 2018 ; Transavia va continuer à croître au rythme soutenu de 9 à 11%. L’offre long-courrier de l’industrie au départ de l’Europe pour l’été 2019 devrait croître à un rythme inférieur comparé aux années précédentes, particulièrement au Moyen-Orient, en Amérique du Nord et en Asie.

Sur la base des prévisions actuelles de l’activité Réseaux :

• Les coefficients de réservations long-courrier sont en moyenne en hausse sur la période mai-septembre par rapport à l’année dernière.
• Les recettes unitaires Réseaux passage sont attendues en légère amélioration à change constant sur le deuxième trimestre par rapport à l’an dernier, avec des recettes unitaires positives sur le long-courrier largement compensées par des recettes unitaires négatives sur le point-à-point.

Les perspectives annuelles sont confirmées :

• Le Groupe va poursuivre ses démarches de réduction de coûts, avec un objectif de diminution pour 2019 entre -1% et 0% à change et carburant constants.
• La facture carburant 2019 est prévue en augmentation de 650 millions d’euros comparé à 2018 à 5,6 milliards d’euros, sur la base des courbes à terme au 26 avril 2019.
• Le Groupe prévoit un plan d’investissement de 3,2 milliards d’euros pour l’année 2019 et un ratio Dette nette/EBITDA en dessous de 1,5x.

Air France-KLM dans le rouge au premier trimestre 3 Air Journal