La compagnie aérienne Air Canada a conclut une entente exclusive avec le voyagiste Transat A.T. inc., y compris Air Transat, afin de procéder au regroupement des deux sociétés.

Transat a confirmé le 16 mai 2019 avoir convenu avec Air Canada d’une période d’exclusivité de négociations de 30 jours, aux termes d’une lettre d’intention envisageant une transaction par laquelle Air Canada ferait l’acquisition de la totalité des actions de Transat sur une base de 13,00 $ par action (une prime de 47,8 % sur le cours moyen pondéré en fonction du volume pour la période de 20 jours se terminant mercredi). Pendant cette période d’exclusivité, il est prévu qu’Air Canada « complètera sa revue diligente et les parties finaliseront la négociation de l’entente définitive sur la transaction », précise le voyagiste. Le regroupement de ces « deux entreprises respectées » du transport aérien et du voyage permettra la création d’un chef de file du marché mondial du voyage d’agrément, du tourisme et de la distribution de voyages à Montréal, « qui offrira aux Canadiens des options pour plus de destinations et favorisera le tourisme bidirectionnel », souligne de son côté la compagnie nationale canadienne ; cette « solution toute québécoise » permettra de conserver « des emplois de grande qualité au sein de la direction générale et des fonctions clés » au siège social à Montréal, ainsi que de fournir une plateforme pour une croissance et des emplois futurs, ajoute Air Canada. La transaction demeure assujettie à la conclusion des ententes définitives, aux compléments de vérification diligente, à l’approbation des organismes de réglementation et des actionnaires, ainsi qu’à d’autres conditions propres à la conclusion d’une telle transaction.

« Un regroupement avec Transat représente une excellente occasion pour les parties prenantes des deux sociétés, notamment les actionnaires de Transat et d’Air Canada, les employés des deux sociétés, qui profiteront d’une sécurité d’emploi et de perspectives de croissance améliorées, et les voyageurs canadiens, qui profiteront de la capacité accrue de la société fusionnée à occuper une place de chef de file sur le marché hautement concurrentiel du voyage d’agrément à l’échelle mondiale. L’acquisition présente une occasion unique de se mesurer aux plus grands du marché mondial du voyage d’agrément. Nous pourrons ainsi élargir notre plaque tournante de Montréal, l’aéroport international Pierre-Elliott-Trudeau, où nous avons ajouté 35 liaisons depuis 2012 pour les collectivités de Montréal et du Québec, et au départ de laquelle nous avons transporté 10 millions de passagers en 2018 seulement », a souligné dans un communiqué Calin Rovinescu, président et chef de la direction d’Air Canada.

Cette annonce « est une bonne nouvelle pour Transat », ajoute Jean-Marc Eustache, Président et Chef de la direction de Transat, « c’est l’occasion de s’adosser à une grande entreprise qui connaît et comprend notre métier et qui a un succès incontestable dans le voyage. Ceci représente la meilleure perspective non seulement de maintien, mais de croissance à long terme de l’activité et des emplois que Transat a développés au Québec et ailleurs depuis plus de 30 ans ».

Transat tient à rappeler que ses opérations se poursuivent normalement et n’entraînent aucun changement pour ses clients, ses fournisseurs et ses employés. En particulier, les voyageurs et clients de Transat « peuvent continuer à voyager et réserver leurs forfaits avec Transat comme avant ». Et comme d’habitude dans ce genre d’annonce, le voyagiste précise qu’il n’y a aucune certitude qu’une entente définitive interviendra « à l’égard d’une quelconque transaction au terme de cette période d’exclusivité et des discussions en cours ».

Annoncée le mois dernier, la vente de Transat AT intervient alors que le voyagiste mène un programme de réduction de coûts de 150 millions de dollars sur cinq ans, investit dans des projets dont la rentabilité appartient au futur (comme des complexes hôteliers au Mexique), et renouvelle la flotte d’Air Transat – qui doit mettre en service cette année deux des quinze Airbus A321neo LR commandés. Les premières réactions évoquaient des raisons de concurrence devant empêcher Air Canada de s’en emparer, la porte semblant alors ouverte en revanche à WestJet (qui vient de se vendre au fond d’investissement canadien Onex) et Sunwing.

L’entreprise de tourisme international intégrée spécialisée dans le voyage vacances a vu son chiffre d’affaires progresser de 6% en 2018 à près de trois milliards de dollars, mais elle a enregistré une perte d’exploitation annuelle de 44,5 millions de dollars – suivie par une autre de 38 millions au premier trimestre 2019. Le PDG Jean-Marc Esutache évoquait d’ailleurs à l’AG d’avril une année écoulée « à la fois extraordinaire et décevante ». Trois actionnaires québécois possèdent ensemble une minorité de blocage dans Transat : le gestionnaire Letko Brosseau (18,2%), le Fonds FTQ (11,6%) et la Caisse de dépôt (5,9%). Le gouvernement québécois, qui souhaite conserver le siège de la société et ses 5000 employés à Montréal, s’était dit prêt à participer financièrement. Rappelons que la loi canadienne permet désormais aux « étrangers » de posséder jusqu’à 49% du capital d’une compagnie aérienne.

Air Canada va racheter Transat 1 Air Journal