Les compagnies aériennes Etihad Airways et Qatar Airways ne sont pas les bienvenues dans l’île Maurice, le premier ministre souhaitant protéger sa compagnie nationale Air Mauritius – qui affiche une perte nette sur l’année – et son partenariat avec Emirates Airlines.

Le Premier ministre Pravind Jugnauth l’a déclaré mercredi devant le Parlement : « Il faut protéger Air Mauritius et ne pas mettre en péril à long terme son accord avec Emirates. Je ne suis pas disposé à sacrifier Air Mauritius au profit du secteur touristique ». Une déclaration rapportée par Clicanoo et qui fait suite au refus du gouvernement en juin d’accorder des droits de trafic à Qatar Airways, le sort d’Etihad Airways n’étant pas encore officialisé. Emirates Airlines avait commencé ses opérations entre Dubaï et l’aéroport de Port Louis-Sir Seewoosagur Ramgoolam en septembre 2002 avec trois vols hebdomadaires, et dessert l’ile deux fois par jour depuis novembre 2012 – en Airbus A380 depuis décembre 2013 sur une rotation, puis sur la seconde depuis octobre 2014. Elle partage ses codes avec Air Mauritius depuis le début, un accord devenu bilatéral en 2016, et aurait demandé des droits pour lancer un troisième vol par jour. En mai dernier, la compagnie émiratie avait en outre renouvelé un protocole d’accord sur la promotion de l’île de l’Océan Indien (et des Seychelles) : « Nous avons la même perspective et partageons la même vision en ce qui concerne le développement d’une stratégie mutuellement bénéfique. Nous sommes impatients de travailler avec Emirates dans le même esprit amical qui avait inspiré le protocole d’accord », déclarait alors Anil Kumar Gayan, ministre du Tourisme de Maurice.

L’absence annoncée de concurrence entre l’île Maurice et le Golfe survient alors que KLM Royal Dutch Airlines va déjà arrêter ses vols depuis Amsterdam à la fin de l’été (et a annulé sa coentreprise avec Air Mauritius) ; mais Alitalia avait ouvert l’hiver dernier une liaison saisonnière entre Rome et Port-Louis, six mois après l’arrivée de Kenya Airways en provenance de Nairobi. Et selon Clicanoo, Ethiopian Airlines chercherait à desservir l’île Maurice au départ d’Addis Abeba.

Ile Maurice : Emirates Airlines sans concurrence ? 1 Air Journal

©Airbus

Rappelons qu’Air Mauritius propose désormais 23 destinations en Europe, en Afrique, en Asie, en Australie et dans l’Océan Indien. Sa flotte compte deux Airbus A350-900 (sur 6 attendus), les deux A330-900 commandés, deux A330-200 et trois A340-300 pour le long-courrier, ainsi que deux A319 et trois ATR 72-500 pour le court- et moyen-courrier. Mais « dans un contexte de restructuration et d’investissements colossaux », elle a terminé l’année financière à fin mars 2019 avec une perte nette de 21,7 millions d’euros, même si une amélioration au dernier trimestre a été rendue possible « grâce à la première phase de la restructuration des finances de la compagnie et jettent les bases du nouveau Business Model ». Air Mauritius a pourtant franchi pour la première fois de son histoire la barre de 1,7 millions de passagers (1.724.231 exactement), une augmentation de 1,7% « dans un contexte de concurrence jamais rencontré auparavant, notamment pendant la haute saison, avec un déferlement d’opérateurs saisonniers » selon son communiqué. La surcapacité sur le marché « a conduit à une véritable guerre des prix, avec pour conséquence, la dégradation de 4% de la recette unitaire. Les revenus opérationnels passent ainsi de 509,6 millions d’euros à 498,5 millions d’euros, tandis que le coefficient d’occupation moyen recule de 0,5 point de pourcentage à 78,4%. Le fret connait toutefois une « performance remarquable » avec une progression du trafic de 12,3% à 44.042 tonnes et des recettes à 49,8 millions d’euros (+6,2%).

L’exercice 2019/2020, « qui reste une année de transition, s’annonce également compliqué » pour Air Mauritius. La restructuration des finances et du modèle économique demeurent la priorité, même si en parallèle, la compagnie se doit d’assurer la qualité de ses opérations, de son produit et de son service. Les investissements dans la flotte se font toutefois dans un « contexte incertain au niveau de l’économie mondiale, avec des guerres commerciales et des tensions dans plusieurs régions ». Le prix du carburant et les taux de change demeurent ainsi très volatils, avec des effets non-négligeables sur les comptes de la compagnie pendant le premier trimestre. Air Mauritius demeure cependant « confiante que les mesures initiées et celles à venir devraient permettre à la compagnie d’ouvrir un nouveau chapitre de son histoire ».

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