Rien ne va plus entre les Entreprises du voyage (EDV), qui représente les agences de voyages françaises, et l’Association internationale du transport aérien (IATA), qui rassemble les compagnies aériennes. En cause : la recette des billets d’avion non-volés sur XL Airways que les voyagistes ont déjà versée à IATA et qu’ils souhaitent récupérer pour rembourser leurs clients. 

Alors que la compagnie française XL Airways est en cessation de paiement et a arrêté ses opérations aériennes, « IATA a trouvé un biais pour bloquer les remboursements dans les GDS [système de réservation, ndlr] des billets XL Airways le 20 septembre au matin. Ainsi IATA écarte le risque d’un BSP “négatif”. Non content de mépriser les agences de voyages, IATA leur fait les poches ! Cerise sur le gâteau, IATA n’a pas reversé à XL Airways et a donc conservé par devers elle, le montant du BSP payé le 16 septembre par les agences de voyages (émissions de la deuxième quinzaine d’août) : 1,6 millions d’euros ! », écrit Jean-Pierre Mas, le président d’EDV, dans une une lettre ouverte intitulée « IATA méprise les agents de voyages ».

Le BSP, Billing and Settlement Plan en anglais, qui peut se traduire en français par « organisation et régulation des paiements et des facturations », est un service imposé par IATA à tous ses partenaires agréés, à savoir les compagnies aériennes, les agences de voyages, les voyagistes et autres, pour traiter les transactions financières entre les compagnies aériennes et les vendeurs de billets d’avion. Aussi, le BSP regroupe par bi-mensualité (le 16 et le dernier jour de chaque mois) les recettes encaissées par les agences de voyage pour chaque compagnie. Ensuite, le BSP établit la balance et paie de part et d’autre les agences de voyage et la compagnie concernée.

Le “cartel” IATA

Dans le cas de XL Airways, comme l’explique Jean-Pierre Mas, le BSP a bloqué toute transaction le 20 septembre, empêchant le remboursement des billets déjà émis mais non-volés pour conserver l’entière recette de 1,6 million d’euros versée par les agences de voyage le 16 septembre. « IATA est un cartel qui nuit -par ses résolutions qui ont force de loi, voire qui contredisent le droit européen- aux intérêt des consommateurs et du tourisme. Notre métier a besoin d’un rééquilibrage des pouvoirs », commente un voyagiste français qui souhaite conserver l’anonymat par crainte de représailles des compagnies aériennes. 

Au-delà du cas de XL Airways, c’est la question du remboursement des billets d’avion d’une compagnie aérienne en faillite qui revient sur la table. Qui va rembourser les clients impactés ? Seuls ceux qui ont leurs billets inclus dans l’achat d’un séjour complet peuvent espérer se faire rembourser par son organisateur, c’est-à-dire le tour-opérateur. Mais en l’état actuel, aucun mécanisme n’est prévu pour rembourser ceux qui ont acheté des billets en vol sec. Ni IATA, ni la compagnie en faillite ne sont tenues de le faire ! Aujourd’hui, de nombreuses voix du secteur du voyage et du tourisme, avec à leur tête les EDV, réclament, à l’Etat français aussi bien qu’à l’Union européenne, l’adoption de dispositifs pour rendre obligatoire par IATA l’indemnisation des passagers en cas de faillite d’une compagnie aérienne.

Aujourd’hui, les EDV demande à IATA de « faire rapidement une proposition de garantie financière ou de compte séquestre débloqué […] afin de garantir le bon usage des fonds versés par les agences de voyages »; et de restituer aux agences de voyages « les sommes détournées par IATA le 16 septembre, en affectant ce montant au remboursement des billets XL Airways émis par les agences de voyages et non-volés. À défaut de réponse positive et claire de IATA dans la semaine, nous entamerons des poursuites pour détournement de fonds et “grivèlerie” ».

XL Airways : EDV menace IATA de poursuites pour détournement de fonds et grivèlerie 1 Air Journal

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