La Commission européenne (CE) a reporté au 4 juillet la date limite à laquelle elle examinera une « offre de concessions considérablement améliorée » soumise le 6 mai par le groupe Lufthansa pour apaiser les inquiétudes antitrust de Bruxelles concernant son offre d’acquisition de 41% dans la compagnie publique italienne ITA Airways.

Le Ministère de l’Économie (MEF) a annoncé aujourd’hui que « l’actionnaire d’ITA Airways a présenté, avec Lufthansa DLH, les compléments aux recours conformément aux demandes de la Commission de la Concurrence, dans les délais fixés pour respecter la date limite du 13 juin ». Et en réponse, la Commission européenne (CE) a annoncé que le délai pour prendre la décision sur la vente de la compagnie italienne aux Allemands, conformément à la réglementation financière, avait été reporté de quinze jours au 4 juillet 2024, après réception du dernier paquet d’engagements, établi par les deux  parties pour obtenir le feu vert à l’opération. Les engagements pris par le MEF et Lufthansa pour obtenir le feu vert de l’UE pour la vente de la compagnie italienne comprennent une réduction des liaisons, qui incluent Milan Linate et Rome Fiumicino et une vingtaine d’autres liaisons, soit environ la moitié de la quarantaine de vols visés par Bruxelles la dernière fois. Dans sa réponse à Lufthansa, en effet et outre les vols long-courriers, la CE avait ciblé 26 liaisons court-courriers vers l’Europe centrale – Allemagne, Autriche, Suisse et Belgique – considérant ITA comme un poids lourd et le groupe Lufthansa trop encombrant si l’on considère également Swiss, Austrian Airlines, Brussels Airlines, Eurowings et Air Dolomiti.

Les dernières concessions de Lufthansa

Trois sources proches du dossier ont déclaré au quotidien italien Corriere della Sera que les dernières concessions impliquent que Lufthansa et ITA Airways signent des accords préliminaires avec easyJet et Volotea pour permettre aux deux compagnies low-cost de démarrer des liaisons  courte distance entre Linate et Rome Fiumicino et l’Europe centrale afin de garantir une saine concurrence après la fusion. Les accords, qui seront finalisés après que la CE aura approuvé la proposition, permettraient à easyJet et Volotea d’ouvrir des bases aériennes à Linate, tandis que la compagnie aérienne espagnole ouvrirait également une base avec deux avions à Fiumicino.

Lufthansa et ITA renonceraient également à 12 paires de créneaux quotidiens à Linate, soit 24 vols dans les deux sens, soit un de plus que les 11 initialement prévus. Six paires iraient chacune à easyJet et Volotea. Les compagnies aériennes à bas prix pourraient choisir les horaires des créneaux horaires – le matin et la fin de l’après-midi étant les plus intéressants – mais les utiliseraient pour garantir les correspondances entre Milan et les hubs européens de Lufthansa. ITA Airways et Lufthansa proposent également de vendre entre six et neuf paires de créneaux horaires à Rome Fiumicino. Volotea devrait tirer le meilleur parti de cet arrangement, lui permettant d’ajouter deux avions supplémentaires à Rome et de commencer à desservir Munich.

Dans le cadre des accords préliminaires, les compagnies low-cost doivent assurer le service pendant au moins trois ans. ITA Airways s’abstiendrait de lancer certaines liaisons pour éviter des monopoles comme Linate-Vienne.

Quant aux routes intercontinentales entre Rome et l’Amérique du Nord, Lufthansa aurait accepté de séparer les activités commerciales d’ITA Airways de celles d’A++, sa coentreprise transatlantique avec United Airlines et Air Canada. Cela garantirait une concurrence continue sur les vols vers les États-Unis et le Canada. Un « mandataire chargé du suivi » veillerait à la bonne mise en œuvre de cet accord. En attendant l’approbation de Bruxelles, ITA passerait de Skyteam à Star Alliance. Cependant, il n’est pas clair si elle serait autorisée à partager des codes avec United ou Air Canada sans autorisation antitrust.

Après l’acquisition progressive d’ITA Airways par Lufthansa, commençant avec 41 % et atteignant finalement 90 à 100 %, les deux parties lanceraient le processus d’inclusion d’ITA dans l’entreprise transatlantique. Ce processus nécessiterait un minimum de 18 mois pour l’approbation, sous réserve du consentement de trois organismes de réglementation (européen, américain, canadien) et de la mise en œuvre de recours supplémentaires. Dans le cadre de cette stratégie, l’Italie et l’Allemagne visent à signer des « SPA » (accords spéciaux au prorata) avec des transporteurs concurrents comme Air France, KLM Royal Dutch Airlines, British Airways et Iberia pour apaiser les inquiétudes de Bruxelles concernant la concurrence sur les routes long-courriers.

Le quotidien italien La Repubblica rapporte que Lufthansa s’est engagée à attendre deux ans avant d’intégrer ITA Airways sur les vols transatlantiques long-courriers.

Optimisme

Alors que la Commission Européenne a rejeté deux précédentes séries de mesures correctives présentées par l’Italie et Lufthansa, le ministre italien de l’Economie, Giancarlo Giorgetti, a confié son optimisme quant à l’approbation par la Commission de l’offre de Lufthansa. « Je suis confiant. Sinon, je ne ferais pas ce travail. […] Espérons que l’arbitre ne fera aucune erreur », rapporte Reuters. « Nous attendons une décision positive de Bruxelles pour l’été, car tout le monde profite de cette fusion », a déclaré le PDG de Lufthansa, Carsten Spohr, lors de l’assemblée générale de la compagnie allemande, se montrant toujours optimiste quant au feu vert à l’opération par Bruxelles. « ITA et ses employés redeviendront rentables au sein du groupe Lufthansa et renforceront la concurrence dans le secteur, créant de nouvelles opportunités de croissance », a commenté le dirigeant.

Rachat d’ITA Airways : Bruxelles donnera sa décision le 4 juillet sur une ultime offre de Lufthansa 1 Air Journal

@DR/AJ