Des passagers d’un vol Air Congo ont été contraints de sauter depuis la porte avant d’un Boeing 737‑800 à l’aéroport de Kindu, en République démocratique du Congo, faute d’escalier disponible pour le débarquement. L’incident, survenu après plusieurs heures d’attente à bord, ne fait officiellement état d’aucun blessé mais soulève de sérieuses questions sur la sécurité au sol et les infrastructures aéroportuaires du pays.

Le vol Air Congo, opéré en Boeing 737‑800, avait quitté la capitale Kinshasa le 19 décembre 2025 et s’est posé sans incident en fin d’après‑midi à Kindu, dans la province du Maniema, où il devait débarquer ses passagers par des escaliers mobiles. Selon les témoignages recueillis et les vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, aucun équipement de ce type n’a été mis en place, laissant les passagers enfermés pendant plusieurs heures dans une cabine de plus en plus chaude et inconfortable.

« Nous avons atterri normalement, puis plus rien. On avait l’impression d’avoir été oubliés », raconte un passager cité par des médias locaux, décrivant une atmosphère de fatigue, de confusion et de colère grandissante. Faute d’informations claires de la part des équipes au sol, certains voyageurs ont finalement décidé de prendre l’initiative d’ouvrir la porte avant de l’appareil pour tenter de descendre par leurs propres moyens.

Des passagers sautent d’une porte située à plus de 3 mètres
Les images montrent d’abord des passagers faisant passer des bagages à main depuis la porte avant avant de se laisser glisser ou de sauter directement sur le tarmac, parfois aidés par des personnes déjà au sol. Des agents de l’aéroport et des policiers sont visibles à proximité, semblant assister à la scène sans l’interrompre, tandis qu’aucun dispositif de secours n’est déployé.

La hauteur de cette porte avant de Boeing 737‑800 est estimée à environ 3 à 4 mètres au‑dessus du sol, ce qui représente un risque important de traumatisme en cas de chute ou de mauvaise réception, même sans obstacle apparent . Les procédures d’évacuation interdisent strictement ce type de descente improvisée.

Glissières non déployées et grave manquement aux procédures
Les vidéos et témoignages confirment que les toboggans d’évacuation d’urgence n’ont pas été déployés, alors qu’ils auraient permis une sortie beaucoup plus sécurisée, même dans un contexte non critique et sans urgence. Des sources du secteur évoquent un refus d’utilisation lié au coût élevé du remplacement des glissières et au temps d’immobilisation de l’appareil qui en résulterait, un choix dénoncé comme contraire aux principes de sécurité aérienne.

« Les considérations financières ne devraient jamais l’emporter sur la sécurité des passagers, surtout quand l’avion est équipé de moyens d’évacuation certifiés », réagissent plusieurs professionnels cités par la presse spécialisée, qui parlent d’un « grave échec des opérations au sol ». Les autorités congolaises ont tenu à préciser qu’il ne s’agissait pas d’une urgence en vol ni d’un accident d’aéronef, l’avion ayant atterri et roulé normalement, mais d’un incident purement lié au débarquement.

Air Congo, une jeune compagnie sous les projecteurs
Air Congo est la nouvelle compagnie nationale congolaise, lancée fin 2024 dans le cadre d’un partenariat entre le gouvernement de la RDC (51 % du capital) et Ethiopian Airlines (49 %), qui assure la gestion opérationnelle et la formation. Sa flotte a été mise en service avec des Boeing 737‑800 fournis par la compagnie aérienne éthiopienne, principalement sur des liaisons domestiques reliant Kinshasa à plusieurs villes du pays, dont Kindu.

Cet incident intervient alors qu’Air Congo ambitionne d’incarner le renouveau du transport aérien congolais, avec une montée en gamme des standards de sécurité et de service. Pour de nombreux observateurs, « ce baptême du feu à Kindu met en lumière l’écart entre la modernisation de la flotte et la réalité des infrastructures au sol, encore fragiles dans plusieurs aéroports congolais ».

Des infrastructures régionales toujours fragiles
L’épisode de Kindu illustre plus largement les difficultés structurelles des aéroports secondaires en RDC, où les équipements au sol restent souvent insuffisants ou mal entretenus. Manque d’escaliers mobiles, pénurie de véhicules d’assistance, maintenance limitée : ces faiblesses logistiques compliquent le travail des équipages et peuvent, comme à Kindu, pousser passagers et personnel dans des situations dangereuses.