La compagnie aérienne Air France va suspendre totalement les activités de sa filiale régionale HOP et de sa low cost Transavia France d’ici la fin de la semaine, conséquence de la réduction de 90% de son offre en réponse à la pandémie de coronavirus. Son dispositif de chômage partiel devrait porter sur 50% du temps de travail et durer six mois, et la possibilité d’une nationalisation n’est pas écartée par le gouvernement.

Après l’annonce du groupe Air France-KLM d’une prochaine réduction de capacité qui pourrait atteindre « entre 70% et 90% », les choses semblent se préciser pour la compagnie nationale française : selon un courrier du directeur général de HOP Pierre-Olivier Brandet vu par La Tribune, la filiale régionale ainsi que la low cost Transavia suspendront la totalité de ses vols d’ici la fin de la semaine : « l’activité aérienne de HOP va continuer de se réduire fortement pour être totalement suspendue d’ici à la fin de la semaine. Ce sera aussi le cas pour Transavia France ». Aucune date de reprise des activités n’est mentionnée dans le courrier, souligne le journal économique, le groupe ayant de son côté évoqué une baisse d’activité « actuellement programmée » pour une période de deux mois.

Lundi dans un message au CSE central extraordinaire d’Air France, le CEO du groupe Benjamin Smith avait annoncé qu’Air France et Transavia France verront leur capacité « réduite de 80 à 90% d’ici à la fin de la semaine ; avec pour la seule Air France une baisse de l’offre prévue de 95% sur le court et moyen-courrier, et de 90% sur le long-courrier ». 

En attendant, Transavia France multiplie les vols de rapatriement depuis le Maghreb : ce 18 mars, elle opèrera au Maroc deux rotations depuis Orly vers Agadir et Marrakech, et en Tunisie deux autres depuis Orly vers Tunis et Djerba. Et pour les clients qui ne peuvent pas voyager, « vous pouvez reporter sans frais votre voyage jusqu’au 24 octobre inclus, pour tous les vols prévus entre le 17 mars et le 3 mai ».

Côté emploi, Air France va mettre en place à partir de lundi un dispositif de chômage partiel qui durera six mois au maximum et affectera « en moyenne 50% du temps de travail » chez ses quelque 45.000 salariés. La direction a précisé que sa mise en œuvre « devrait démarrer a priori sur un taux de 80%, selon des calendriers et des taux de recours à l’activité partielle qui seront présentés aux CSE d’établissement dès vendredi ». Les syndicats attendent les détails qui seront communiqués le 23 mars, mais pour FO « l’essentiel pour l’instant est de traverser la zone de fortes turbulences » ; Sud Aérien demande que la priorité soit donnée aux bas salaires, le SNGAF explique qu’il n’y a « pas de panique particulière », et le SNPNC rappelle que les salariés n’auront « pas de démarches à effectuer puisque c’est AF qui gèrera directement avec l’administration le remboursement des sommes qui vous auront été versées et qui seraient prises en charge au titre de l’activité partielle ».

KLM Royal Dutch Airlines est allée plus loin : dès lundi, elle a demandé une réduction des heures de travail d’environ 70% pour tout le personnel, et « continue de discuter avec les syndicats de la manière d’y parvenir de la meilleure façon possible ». Une mesure nécessaire puisque la compagnie néerlandaise va réduire son programme de vols à entre 10% et 20% de celui habituel dans les semaines à venir, explique KLM dans un communiqué. Selon le PDG Pieter Elbers, « de plus en plus de compagnies aériennes décident d’immobiliser complètement leur flotte et de renvoyer des employés chez eux sans rémunération. KLM a opté pour une approche plus équilibrée dans laquelle le souci des clients et des employés passe avant tout ».

Enfin côté finances, on retiendra la déclaration du Ministre français de l’économie Bruno Le Maire hier : « Pour les entreprises attaquées sur les marchés, je n’hésiterai pas à employer tous les moyens à ma disposition. Cela peut passer par des recapitalisations, des prises de participation, voire des nationalisations ». Dans la soirée, le Premier ministre Edouard Philippe ajoutait : « l’Etat est prêt à prendre ses responsabilités en tant qu’actionnaire » pour soutenir Air France, « s’il fallait aller jusqu’à là (la nationalisation), nous le ferions ». « Nous serons là, le président de la République l’a dit », afin que « notre compagnie nationale puisse franchir cette crise ».

Air France-KLM rappelait lundi que le groupe et ses filiales disposaient « à la date du 12 mars de plus de 6 milliards d’euros de liquidités », après avoir en particulier tiré la semaine des lignes de crédit renouvelable de 1,78 milliards d’euros. De quoi donc tenir plusieurs mois face à une absence quasi-totale de revenus.

Covid-19 : Air France sans Transavia ni HOP, avec chômage partiel 1 Air Journal

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