Face à la pandémie de coronavirus, le groupe aérien Lufthansa va réduire à partir de mercredi prochain son programme de vols à 5% de l’habituel, et clouer au sol 700 avions. Les mesures commerciales sont assouplies, et 140 vols spéciaux ont été mis en place pour rapatrier des dizaines de milliers de passagers.

Après avoir annoncé la suspension des opérations de ses filiales Brussels Airlines et Austrian Airlines, le groupe allemand a annoncé le 19 mars 2020 une nouvelle réduction de capacité. Le président Carsten Spohr a profité de la présentation jeudi des résultats annuels du groupe (bénéfice net consolidé en recul de 44% à 1,2 milliards d’euros) pour faire le point sur les opérations : à compter du 25 mars et jusqu’au 19 avril 2020 au plus tôt, seulement 5% du programme de vol habituel sera assuré, 700 des 753 avions du groupe étant cloués au sol (dont les Airbus A380 de la compagnie allemande). L’aéroport de Francfort (dont une piste sera fermée pour stocker les appareils inutilisés, les autres allant principalement à Berlin-Schönefeld) deviendra le seul hub international de Lufthansa, ne conservant que sept destinations long-courriers : Newark, Chicago, Toronto, Sao Paulo, Bangkok, Tokyo et Johannesburg (trois rotations hebdomadaires chaque). Sur le court et moyen-courrier, seulement 30 vols quotidiens seront proposés à Francfort, dix à Munich et dix à Zurich. « Cela ressemble à notre programme de 1955 », a essayé de plaisanter Carsten Spohr.

Swiss International Airlines enverra de son côté jusqu’à 24 Airbus A320 dans une base militaire près de Düsseldorf ; elle ne proposera à Zurich plus que des vols vers Newark, Londres-Heathrow, Amsterdam, Bruxelles, Berlin, Dublin, Lisbonne et Stockholm.

La pandémie a plongé « l’ensemble de l’économie mondiale et notre entreprise dans un état d’urgence sans précédent », a souligné Carsten Spohr, ajoutant que plus cette crise dure, « plus il est probable que l’avenir de l’aviation ne pourra être garanti sans aide publique ». Le groupe Lufthansa est toutefois « financièrement bien équipé » pour faire face à la situation de crise : « nous possédons 86 % de la flotte du groupe, qui est en grande partie non grevée et a une valeur comptable d’environ 10 milliards d’euros », a souligné dans la foulée le directeur financier Ulrik Svensson.

Alors que sept gros-porteurs ont été envoyés vers la Barbade pour récupérer les croisiéristes, le groupe de Star Alliance soulignait hier « prendre également ses responsabilités au sérieux à un autre niveau : ramener rapidement le plus grand nombre de personnes au pays ». Les compagnies aériennes du groupe, « en étroite consultation avec les gouvernements de leurs marchés nationaux et au nom des entreprises de tourisme et des compagnies de croisière », proposent actuellement environ 140 vols spéciaux. Plus de 20.000 passagers « rentrent ainsi chez eux » grâce à Lufthansa, Eurowings, Swiss, Austrian Airlines, Brussels Airlines et Edelweiss, et d’’autres vols spéciaux suivront « dans les prochains jours ». En outre, le groupe met tout en œuvre pour que le flux du fret en Allemagne et en Europe ne s’arrête pas : Lufthansa Cargo continue ainsi à assurer son programme régulier, à l’exception des annulations vers la Chine continentale, et maintient l’ensemble de la flotte de cargos en vol.

Brussels Airlines a en particulier prévu 56 vols pour rapatrier plus de 9500 clients à Bruxelles en provenance de 14 pays, dont le Maroc, l’Espagne et le Portugal.

Côté emploi, le groupe a annoncé que les salariés ayant une formation professionnelle médicale peuvent désormais se porter volontaires pour servir dans des établissements médicaux : l’entreprise continuera à leur verser le salaire de base qui reste inchangé, et ils peuvent désormais être « libérés rapidement et sans formalités administratives ». Lufthansa Group « assume une responsabilité sociale particulière dans cette situation difficile : la propagation du coronavirus a placé le monde entier dans un état d’urgence sans précédent. À l’heure actuelle, personne ne peut prévoir les conséquences qui en découleront. Ce qui est certain, cependant, c’est que du personnel médical supplémentaire sera nécessaire ».

Enfin les mesures commerciales du groupe Lufthansa ont été encore aménagées : les passagers peuvent réserver une nouvelle date de départ jusqu’au 31 août, et choisir une autre destination. Une remise de 50 euros est proposée pour chaque nouvelle réservation ; et les clients n’ont pas à contacter le service client avant la date de vol d’origine, une nouvelle réservation étant également possible après le départ prévu.

Groupe Lufthansa et Covid-19 : 5% de vols, flotte et rapatriements 1 Air Journal

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