Les vols de rapatriements de passagers coincés à l’étranger par la pandémie de coronavirus se poursuivent chez les compagnies aériennes Air France et KLM Royal Dutch Airlines. Le groupe négocie des emprunts garantis par la France et les Pays-Bas qui pourraient atteindre 6 milliards d’euros afin de survivre à la crise, mais une éventuelle nationalisation d’Air France ne serait que temporaire selon le ministre français des finances.

Ce 6 avril 2020 à 6h39, un Boeing 777-300ER d’Air France a quitté l’aéroport de Ho-Chi Minh Ville-Tanh Son Nhat en direction de Paris-CDG, où il est attendu à 15h10, avec à son bord un nombre inconnu de Français et d’Européens. Prévu depuis la semaine dernière, ce vol était apparemment complet selon une habitante de Hanoi qui n’a pas pu le prendre ; l’ambassade de France au Vietnam n’a pas (encore ?) annoncé de vol spécial supplémentaire.

La compagnie nationale française a d’autre part annoncé la mise en place mercredi d’un autre vol de rapatriement vers Buenos Aires : il décollera d’Argentine le 8 avril à 13h30, pour atterrir à Roissy le lendemain à 7h10. Air France rappelle au passage que les vols spéciaux sont gérés directement via les ambassades, « par nos équipes locales en lien avec @francediplo ».

Air France et KLM ont en fin de semaine dernière opéré plusieurs vols de rapatriements de ressortissants européens, par exemple vers Brazzaville et Luanda, vers Delhi ou vers Moscou pour la première, et vers Sydney pour la seconde (le premier d’une série de six).

Côté finances, le groupe Air France-KLM pourrait bénéficier de garanties des deux états sur des emprunts bancaires, à hauteur selon Reuters de 4 milliards d’euros pour la compagnie française et de 2 milliards d’euros pour la compagnie néerlandaise. Une somme qui permettrait de passer la crise du Covid-19, mais ajouterait à une dette atteignant déjà 1,2 milliard d’euros. Certaines sources affirment que le montant des avoirs et autres reports de réservation a déjà atteint 3 milliards d’euros, et les revenus des nouvelles réservations à la reprise de l’activité (a priori en juin) ne devraient être que faibles pendant plusieurs mois.

Le ministre français des finances Bruno Le Maire a de nouveau promis hier dans le Journal du Dimanche que l’Etat apportera « les moyens financiers nécessaires aussi longtemps que la crise durera » : « Je préfère que nous nous endettions aujourd’hui, en évitant un naufrage, plutôt que laisser détruire des pans entiers de notre économie », a-t-il déclaré, précisant que sur huit jours, ce sont 20 milliards d’euros de prêts garantis par l’Etat qui ont été demandés par plus de 100.000 entreprises. Sans citer Air France, le ministre dit avoir transmis au Président et au Premier ministre « une liste d’une vingtaine d’entreprises stratégiques fragilisées et des solutions pour les aider : garanties de prêts, montée au capital, recapitalisation, et, en dernier ressort, nationalisation ». Mais dans ce dernier cas, Bruno Le Maire a précisé : « Il ne pourra s’agir que de nationalisations temporaires », et les entreprises bénéficiant de l’aide de l’Etat ne pourront pas verser de dividendes. Le patron d’Air France-KLM Benjamin Smith se serait en outre engagé auprès du ministre à « faire un effort » sur sa rémunération, ses employés au chômage partiel en France ne touchant que 84% de leur salaire…

Air France-KLM : rapatriements, emprunt et nationalisation 1 Air Journal

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