Face comme les autres à l’incertitude sur l’évolution de la pandémie de Covid-19, la compagnie aérienne Air France prévoirait une reprise dès le mois prochain, mais qui n’atteindrait en juillet que 30% des capacités initialement prévues. En attenant, elle poursuit ses vols de rapatriements, et gère sa flotte immobilisée au sol – y compris les Airbus A380 et A340.

La semaine dernière, le CEO du groupe Air France-KLM Ben Smith évoquait pour après la levée du confinement le 11 mai des opérations à 20% de capacités en juin et 40% en juillet « dans le meilleur des cas ». Selon les informations de BFMTV, l’offre n’atteindrait même pas ce niveau : ce serait 30% en juillet pour Air France, toujours au départ de l’aéroport de Paris-CDG – si la réouverture des frontières espérée se matérialise. En revanche dès le 11 mai, les capacités seraient encore renforcées sur les trois routes intérieures maintenues depuis le début de la crise sanitaire, vers Marseille, Nice et Toulouse. Et « d’autres villes françaises devraient être à nouveau desservies depuis la capitale » selon la chaine d’information continue. Air France a depuis le mois dernier réduit de 90% son offre en siège, officiellement jusqu’à fin juin. Rappelons qu’elle assure aussi la continuité du territoire vers l’Outre-mer avec des vols encore opérés vers Cayenne, Fort-de-France, Pointe-à-Pitre, Saint-Denis de La Réunion, et propose des liaisons vers l’Europe (Amsterdam, Athènes, Barcelone, Berlin, Dublin, Edimbourg, Francfort, Genève, Lisbonne, Londres, Madrid, Munich, Stockholm, Zurich), l’Afrique (Cotonou, Dakar, Abidjan – autres destinations à l’étude), l’Amérique du Nord : New York, Los Angeles, Montréal, Mexico City), l’Amérique du Sud (Rio de Janeiro, Sao Paulo) et l’Asie (Tokyo).

D’autre part, les vols de rapatriements affrétés par Air France avec le ministère des Affaires étrangères se poursuivent : après Yaoundé et Douala au Cameroun hier ou le Costa Rica mercredi, et en plus de ceux prévus mercredi et samedi depuis l’Algérie, la Tunisie aura droit à un vol par semaine entre Tunis et Paris à partir du mercredi 22 avril selon l’ambassadeur de France sur place (avec un prix fixe de 250 euros). Des négociations sont en cours avec Nouvelair et Jasmine Airways pour des rotations vers Lyon et Marseille, l’affrètement d’un bateau entre Tunis et la cité phocéenne étant également envisagé.

Un vol Brazzaville – Kinshasa – Paris a également été mis en place avec Air France pour mardi selon l’ambassade sur place : « Nous invitons les ressortissants français intéressés à se rendre à l’agence Air France de Brazzaville (uniquement à l’agence Air France de l’aéroport Maya-Maya). Des dispositions ont été prises par l’ambassade de France avec les autorités congolaises afin que chaque voyageur potentiel puisse se rendre à l’agence Air France et, le jour du vol, à l’aéroport international Maya-Maya », explique le communiqué, rappelant que tous les voyageurs se rendant en métropole doivent disposer d’une attestation de déplacement disponible en téléchargement sur le site du ministère de l’Intérieur.

Les clients munis d’un billet sur un vol commercial annulé dû au coronavirus peuvent modifier la date ou obtenir un avoir à utiliser sur un vol ultérieur, Air France ne proposant pas de remboursement comptant.

Rappelons qu’Air France n’est pas la seule à rapatrier vers l’hexagone : Air Belgium par exemple l’a fait la semaine dernière depuis Vientiane au Laos, Bogota en Colombie et Saint-Domingue, Virgin Australia depuis la Nouvelle Zélande, ou encore KLM depuis l’Afrique du Sud et Qatar Airways depuis un peu partout.

Côté flotte, la compagnie de l’alliance SkyTeam a détaillé comment elle prend soin de ses avions cloués au sol, soit 180 de ses 224 avions, qui sont stockés à Paris-Charles de Gaulle, Paris-Orly, et Toulouse Blagnac, où Air France possède une base de maintenance. « Chaque jour, près de 1000 personnes réparties sur les différents sites de stockage veillent sur les avions immobilisés et assurent l’entretien des 40 avions qui continuent d’assurer des vols de continuité territoriale et de desserte de destinations clés en Europe et à travers le monde », souligne son communiqué.  L’organisation d’un tel stockage – unique dans l’histoire du transport aérien – est un travail minutieux effectué selon les recommandations des avionneurs Airbus et Boeing.

Parmi les trois types de stockage existants (Parking « normal » 2 à 4 semaines maximum ; Stockage « actif » de 1 à 3 mois ; Stockage « prolongé » plus de 3 mois), Air France a opté pour le deuxième, « nécessitant environ 150h de travail réparties en 3 étapes » :

Le stockage initial, l’étape la plus longue qui consiste à protéger l’avion et à le préparer au stockage avec notamment l’installation de bâches et caches pour obstruer toutes les entrées d’air où des insectes ou des animaux pourraient venir se nicher ; l’obstruction des réacteurs ou le blocage des pâles, selon le type d’appareil ; un nettoyage approfondi des zones critiques comme les trains d’atterrissage et les équipements hydrauliques ; le graissage des trains d’atterrissage et des éléments de voilure ; la vérification du niveau d’humidité.

Les activités récurrentes, dont la fréquence dépend du type d’appareil et des recommandations du constructeur, comprenant la vérification du bon état des protections, des inspections visuelles de l’avion et la vérification des systèmes, le déplacement de l’avion de quelques mètres pour soulager les pneus ou la rotation des roues sans déplacer l’avion, à l’aide d’un cric, et la mise en route des moteurs et de l’APU (générateur auxiliaire)

Le déstockage initial, qui prépare la remise en service de l’appareil. Cette étape nécessite jusqu’à 2 jours de travail et comprend le retrait des différentes protections appliquées sur l’avion et la vérification que tout est en ordre pour la reprise des vols dans le respect des procédures de la compagnie et des exigences réglementaires.

Géry Mortreux, Directeur général adjoint Engineering & Maintenance, explique : « Dans ce contexte exceptionnel, notre priorité est la sécurité de nos vols, de nos clients et de nos personnels. Aujourd’hui, nous veillons quotidiennement sur l’ensemble de notre flotte, nous prenons soin de chacun de nos avions, rien n’est laissé au hasard. Pour l’instant, nous limitons la présence sur le terrain en respectant les mesures sanitaires comme la distanciation sociale, la mise à disposition de masques, gants, gels hydroalcooliques et lingettes ainsi que la désinfection régulière de nos locaux. Notre mission prioritaire : maintenir la flotte dans les meilleures conditions pour permettre à nos avions de redécoller en toute sécurité dès que cela sera possible ».

Parmi tous ces avions figurent les Airbus A380, dont trois selon The Travelers Club seront d’ici la fin du mois stockés dans les installations de Tarmac Aerosave : le F-HPJC qui arrivera directement depuis Abou Dhabi  où il était en maintenance, et les F-HPJA et F-HPJE aujourd’hui à Roissy. Deux A340-300 seront en outre stockés à Tarbes d’ici la fin du mois selon la même source, à commencer par le F-GLZO toujours en livrée Joon.

Air France : reprise des vols, rapatriements et flotte (vidéo) 1 Air Journal

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