La compagnie aérienne Tunisair a confirmé préparer un plan de restructuration pour faire face aux effets de la pandémie de Covid-19, mais aussi la retenue de 50% des salaires de son personnel détaché à l’étranger.

Selon un communiqué de la compagnie nationale tunisienne mardi soir, le plan pas encore finalisé a pour objectif de « garantir la poursuite de ses activités et la préservation des emplois, compte tenu de son rôle dans le développement de l’économie tunisienne et de sa symbolique nationale ». Cette restructuration sera « bientôt » présentée aux autorités de tutelle – dont le ministre des transports Mohamed Anouar Maarouf, qui évoquait la semaine dernière une « situation catastrophique » nécessitant « des réformes profondes, des sacrifices, des décisions audacieuses ».

Avant même le début de la crise sanitaire, le PDG de Tunisair Elyes Mnakbi estimait qu’elle devrait licencier 4800 employés, soit 61% de son effectif de 7800 personnes, afin de retrouver son équilibre financier. Et ce un mois après que le ministre tunisien chargé des Grandes réformes Taoufik Rajhi a reconnu les difficultés de la compagnie aérienne, tablant sur un besoin d’au moins un milliard de dinars (environ 320 millions d’euros) pour financer un plan de restructuration de la compagnie aérienne.

Tunisair a d’autre part expliqué que la retenue de 50% des salaires des employés détachés à l’étranger, objet de rumeurs sur les réseaux sociaux, était une réalité – et une « mesure exceptionnelle et provisoire » s’inscrivant dans les économies liées à la pandémie. Elle reconnait faire face à un « manque de liquidités », conséquence de la fermeture des frontières et de l’écroulement de la demande. Et tient à « remercier sincèrement » tous ses employés pour les « sacrifices » faits afin de maintenir la viabilité de la compagnie

Selon le secrétaire général adjoint de la Fédération générale des Transports Elyès Ben Miled, la masse salariale des employés dans les représentations de Tunisair à l’étranger est estimée chaque année à 11 millions de dinars (contre le triple pour les « locaux » travaillant dans ces mêmes agences) ; le syndicat dit ne pas avoir été « consulté » sur la manœuvre, et de n’en avoir été averti qu’une fois la décision prise, ce qui serait donc « illégal ».

Pendant ce temps, Tunisair continue ses vols de rapatriement : aujourd’hui vers Genève, samedi vers Montréal et lundi prochain vers Bruxelles et Francfort (Air France en fera de même demain vers Paris et dimanche vers Lyon). Mais là encore elle a dû justifier les prix élevés même si les tarifs sont uniques : chaque vol part à vide et au retour ne peut utiliser tous les sièges pour respecter la distanciation sociale, et certains sont déroutés vers Djerba ou Monastir « dans le cadre de l’achèvement des procédures d’isolement obligatoire et le retour des avions vides à l’aéroport Carthage ». Tunisair rappelle au passage que les listes nominatives des Tunisiens rapatriés depuis l’étranger sont établies « en collaboration avec les missions diplomatiques tunisiennes ».

Tunisair : restructuration et des salaires divisés par deux 1 Air Journal

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