Le groupe Lufthansa a annoncé hier négocier une aide d’Etat de 9 milliards d’euros, qui pourrait inclure une entrée de ce dernier dans le capital. Le gouvernement italien devrait fournir 3 milliards d’euros à la renationalisée Alitalia, tandis que Thai Airways devrait éviter la privatisation avec une aide financière de plus de 4 milliards d’euros.

La lutte pour survivre à la pandémie de Covid-19 prend les mêmes allures un peu partout dans le monde : un appel à l’aide des Etats. Lufthansa  a finalement confirmé le 7 mai 2020 négocier « un plan de stabilisation de 9 milliards d’euros » avec le Fonds fédéral de stabilisation économique (Wirtschaftsstabilisierungsfonds – WSF). Les négociations « et le processus de prise de décision politique sont toujours en cours », précise son communiqué, incluant comme options « une participation silencieuse et un prêt garanti ». Et une « participation du gouvernement allemand dans le capital social de la société fait également partie des négociations », précise Lufthansa ; différentes alternatives d’augmentation de capital sont à l’étude, dont une augmentation de la valeur nominale de l’action, si nécessaire après une réduction de capital, pour créer une participation jusqu’à 25% plus une action – une minorité de blocage donc.

Le groupe ajoute que des conditions « conformes au cadre temporaire de l’UE (qui a déjà donné son feu vert à l’aide d’Etat pour Air France NDLR) et à la loi sur le FSM sont prévues, y compris la renonciation aux paiements de dividendes futurs ». Par ailleurs, le FSM est à la recherche d’une représentation au sein du Conseil de Surveillance ».

Lufthansa se disait déjà proche d’un accord en début de semaine, mais renâclait l’idée d’une arrivée de Berlin dans son processus de décision, allant jusqu’à menacer de mettre en œuvre une sorte de dépôt de bilan autogéré. Le communiqué d’hier explique que le directoire de Deutsche Lufthansa AG « poursuit ses négociations dans le but d’assurer la viabilité future de l’entreprise au bénéfice de ses clients et de ses employés ». Rappelons que la filiale du groupe Swiss International Air Lines a déjà obtenu une promesse d’aide de la Suisse, sous forme de prêt garanti ; ni Brussels Airlines ni Austrian Airlines n’ont été « servies » à ce jour.

En Italie, la nationalisation annoncée pour juin d’Alitalia va s’accompagner d’une injection de fonds à hauteur de 3 milliards d’euros, « le capital minimum nécessaire » pour la nouvelle société selon le ministre de l’industrie Stefano Patuanelli. Une manne qui s’ajoutera aux 500 millions déjà accordés le mois dernier sous forme de prêts, afin de protéger l’emploi, et à deux autres sources de financement public mises en place depuis l’année dernière – quand la compagnie nationale espérait encore trouver des repreneurs. Alitalia va désormais « se concentrer fortement sur les routes long-courriers, également avec de nouvelles alliances transatlantiques », a ajouté le ministre ; la compagnie devrait d’ici la fin du mois quitter la coentreprise transatlantique qui l’unit à Air France-KLM et Delta.

Aides d'Etat : des milliards pour Lufthansa, Alitalia et Thai ? 1 Air Journal

©Alitalia

 

Enfin en Thaïlande, le transporteur national Thai Airways – dont les vols sont suspendus jusqu’à la fin du mois – devrait se voir accorder une première tranche de prêts garantis à hauteur de 1,5 milliard d’euros,  suivi par un « prêt de sauvegarde à court-terme » de 2,6 milliards d’euros. Le plan de restructuration auquel était conditionnée l’aide a été approuvé par le Comité de supervision des entreprises publiques, et aurait reçu le feu vert du Premier ministre qui menaçait encore il y a quelques jours Thai Airways de ne pas l’aider si elle ne présentait pas un plan sérieux. Des sources du Bangkok Post évoquent une diminution des effectifs « de 30 à 40% », tandis que le Journal de l’Aviation évoque une flotte passant sous les 100 avions avec le départ de tous les Boeing 747-400 et des 777-300ER motorisés par Rolls Royce.

Déjà réduit à la portion congrue depuis le 25 mars (son dernier vol régulier depuis Paris-CDG, en Airbus A380, a décollé début avril),  le programme de vols de Thai Airways ne redémarrera pas avant le 1er juin.

Aides d'Etat : des milliards pour Lufthansa, Alitalia et Thai ? 2 Air Journal

©Olivier Nilsson