Une enquête de Mediapart au sein de la compagnie aérienne Air France révèle de nombreux cas de harcèlement et d’agression sexuelle, subis généralement par des femmes – et qui ne recevraient pas toute l’attention nécessaire de la part de la direction.  

La compagnie nationale française, dirigée par Anne Rigail, met régulièrement en avant ses efforts en faveur des femmes et de la parité. Mais selon le site d’information Mediapart, il est un secteur où il reste encore du travail : celui des violences sexuelles, décrites comme « endémiques ». Durant plusieurs mois, les témoignages d’une dizaine d’employées ont été réunis, qui racontent ce qu’elles subissent de la part de leurs collègues ou supérieurs hiérarchiques masculins. Toutes décrivent des faits « survenus dans le cadre de leur activité professionnelle », majoritairement en présence d’autres personnes, allant des gestes déplacés (« claque sur les fesses » dit l’une d’elle) aux remarques sexistes, et des pressions professionnelles (« Tu ne veux pas faire une pipe au commandant de bord pour que cela aille plus vite ? » raconte une autre) au viol pur et simple, par un copilote durant une escale selon une troisième.

Ces témoins ainsi que les syndicats dénoncent un « attentisme » de la part de la direction d’Air France devant un comportement tellement généralisé qu’il serait devenu « trivial ». Mediapart souligne que la compagnie aérienne a mis en place une cellule d’écoute « il y a quelques mois », mais peu de victimes y auraient recours même anonymement « de peur d’être considérées comme fautives ». Avec pour exemple une hôtesse de l’air en alternance qui avait dénoncé des faits de harcèlement de la part de deux stewards – et s’était vue refuser un CDI en raison de « l’effet qu’elle fait à la gent masculine » (elle avait finalement été intégrée sous pression des syndicats ; on ne sait pas ce qui est advenu du cadre qui a osé…).

Un communiqué publié par Mediapart précise qu’Air France « prend le sujet de la prévention des comportements sexistes et du harcèlement très au sérieux. La prévention des risques de harcèlement au titre de la santé physique et mentale des salariés est une des valeurs éthiques fondamentales de la politique sociale d’Air France ».

Mais certaines victimes dénoncent le fait que rien n’aurait changé quand les faits concernent les « intouchables » pilotes. Et les syndicats déplorent une question qui reste taboue : « nous ne parvenons pas à avoir les chiffres exacts, nous n’avons pas de sources fiables au sein de l’entreprise », qui a pourtant mis en place depuis plusieurs années des procédures de signalement et de prévention. Selon Air France, elles auraient d’ailleurs mené « dans chacun de ces cas » à des « mesures adaptées : entretien managérial, sanctions disciplinaires dont licenciement ». Même si un chef de cabine accusé à deux reprises en 2015 serait finalement monté en grade…

Harcèlement et violence sexuelle chez Air France 1 Air Journal

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