La compagnie aérienne Air France devrait recapitaliser sa filiale régionale HOP à hauteur de 200 millions d’euros d’ici la fin de l’année, afin d’en éviter la liquidation même si elle verra son périmètre réduit de 40%. Le rapport annuel sur le développement durable d’Air France-KLM confirme l’objectif de réduire ses émissions de CO2 de 50% à l’horizon 2030 par rapport à 2005.

Selon La Tribune, le dossier de la recapitalisation de HOP devrait être présenté lors du prochain Conseil d’administration de la compagnie nationale française ce mois-ci. Environ 200 millions d’euros devraient y être consacrés, « sans sortie de cash pour Air France mais par la conversion d’une dette en capital » ; le montant est équivalent aux pertes annuelles enregistrées par le court-courrier d’Air France. Le quotidien économique souligne que les fonds propres de HOP sont inférieurs à la moitié du capital social depuis 2017, et sans recapitalisation elle court « le risque d’être potentiellement dissoute comme le stipule le Code du commerce ».

Si les syndicats de HOP disent redouter un « sacrifice de la province » avec l’annonce d’une réduction de 40% du réseau domestique français d’ici la fin de l’année prochaine dans le cadre de la réduction structurelle de la capacité du groupe, Benjamin Smith, CEO d’Air France-KLM, a assuré que « l’objectif n’est (…) pas de faire disparaître notre filiale régionale ». Mais il expliquait aussi que la structure de HOP « reste trop complexe » avec des coûts opérationnels « plus élevés que la moyenne des compagnies régionales européennes. Cette situation n’est pas viable ».

Rappelons que la cure d’amaigrissement de HOP prévoit un recentrage sur l’alimentation des hubs de Paris-CDG et Lyon-Saint Exupéry, une disparition des autres lignes transversales au profit de la filiale low cost Transavia France (qui prendrait sa place à Orly), et une rationalisation de la flotte. Surtout, elle inclura des conséquences sur l’emploi des 2700 salariés de HOP, qui seront « traitées et accompagnées » entre début 2021 et l’été 2023, des plans de départs volontaires devant s’appuyer « sur la solidarité du groupe ». Et des fermetures de sites sont envisagées à partir de 2023.

Répondant aux conditions fixées par le gouvernent à l’aide de 7 milliards d’euros qui lui est promise, la compagnie de l’alliance SkyTeam s’est engagée à réduire de 50% les émissions de CO2 de ses vols domestiques d’ici 2024, avec notamment une baisse drastique des vols sur les trajets où une alternative ferroviaire en moins de 2h30 est possible. Air France-KLM vient justement de publier son rapport annuel sur le développement durable, à découvrir en ligne ici, rappelant ses actions et résultats en 2019 : une réduction de 30% des émissions de CO2 par passager-kilomètre par rapport à 2005, une réduction de 32% des émissions au sol par rapport à 2018, l’arrivée de 22 nouveaux avions plus silencieux et plus efficaces, une réduction de 43% du bruit par mouvement par rapport à 2000, et une réduction de 31% des déchets non-recyclés par rapport à 2011.

Le groupe franco-néerlandais rappelle dans son communiqué qu’il est « reconnu depuis 15 ans comme leader de la transition durable du transport aérien. En 2019, ses engagements ont été à nouveau distingués par le Dow Jones Sustainability Index, qui a positionné le groupe Air France-KLM à la première position de son classement ».

Après avoir atteint en avance ses objectifs de 2020, Air France-KLM s’est fixé de nouveaux objectifs ambitieux l’année dernière « pour réduire son intensité carbone d’ici 2030, avec une réduction de 50% des émissions de CO2 par passager/km par rapport à 2005 » ; à la fin de la décennie, ses émissions au sol devraient être nulles, et les déchets non-recyclés devraient être inférieurs de moitié à 2011. La compagnie française précise que ces résultats seront atteints « grâce à l’entrée dans sa flotte d’avions de nouvelle génération, ses innovations en matière d’éco-pilotage ou encore l’utilisation progressive de biocarburants. Des choix stratégiques soutenus notamment par un partenariat avec la Fondation Solar Impulse, qui permettent d’accélérer la transition écologique vers une aviation durable ».

La CEO d’Air France Anne Rigail soulignait hier : « La crise que nous traversons a permis de mettre en lumière la valeur de notre mission, l’engagement, le professionnalisme et la solidarité des personnels d’Air France. Nous avons été présents pour ramener les citoyens des quatre coins du monde chez eux, acheminer les produits médicaux et sanitaires essentiels. Nous avons également mené des actions solidaires en faveur des soignants comme des plus démunis. Je tiens à remercier l’ensemble des personnels d’Air France pour leur contribution exemplaire. Nous avons déployé des moyens exceptionnels pour respecter nos engagements. La santé et la sécurité de nos clients, de nos salariés est notre priorité absolue. Après cette crise, nous serons plus que jamais engagés à être les pionniers d’une aviation plus durable. Innover et nous réinventer pour que le ciel puisse à nouveau relier les personnes, les économies et les cultures ».

Dans le contexte de crise mondiale liée à la pandémie de Covid-19, la transformation du groupe passe par « une accélération de son ambition environnementale pour son avenir propre et pour l’avenir du secteur tout entier ». « Je remercie les 83.000 collaborateurs du groupe Air France-KLM qui, par leur responsabilité et leur engagement environnemental et sociétal, ont permis la réalisation de toutes nos actions en 2019 », a déclaré Benjamin Smith, Directeur Général du groupe, qui se dit convaincu que la crise sanitaire « est un catalyseur pour accélérer la transformation de l’aviation civile, et renforcer notre engagement de longue date en faveur de la transition environnementale, en recherchant l’alignement des équilibres écologiques et économiques. Nous devons retrouver notre compétitivité dans un monde profondément bouleversé, mais aussi réaffirmer notre leadership dans la transition durable de notre secteur. Ce sont les priorités du groupe Air France-KLM ».

Air France : HOP recapitalisée, développement durable publié 1 Air Journal

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