L’intersyndicale de la compagnie aérienne HOP accuse la direction d’Air France de vouloir sacrifier les lignes entre régions au nom de la rentabilité, et sous la pression des exigences écologiques du gouvernement  

Dix syndicats de la filiale régionale d’Air France, dont le redécollage est programmé le 8 juin 2020, ont réagi aux récentes annonces concernant l’avenir du réseau intérieur et la place qui serait attribuée à la low cost Transavia. Selon le communiqué commun signé par CFDT, CGT, CGC-CFE, SNPL, FUC, SPL, UNAC, SNGAF, SNPNC et UNSA, et publié entre autres par Le Télégramme, ils estiment que la nouvelle stratégie de Benjamin Smith, CEO d’Air France-KLM, est « l’abandon du maillage hexagonal ». La compagnie nationale française a selon eux décidé « de sacrifier la province sous prétexte de non rentabilité et sous prétexte de consignes gouvernementales », allusion au conditionnement de l’aide d’Etat à la réduction des vols intérieurs en cas d’alternative ferroviaire de moins de 2h30 ; « l’argument écologique n’est qu’un prétexte pour justifier l’abandon du réseau dit régional parce que beaucoup moins rentable ». L’intersyndicale redoute que « de nombreuses liaisons dites interrégionales seraient dans un avenir proche abandonnées, voire supprimées » si Transavia se développe pour la première fois de son histoire sur ce marché domestique, en particulier à Paris-Orly (dont la réouverture espérée le 26 juin n’est toujours pas officialisée).

L’intersyndicale souligne en outre que les Bombardier et Embraer de HOP, avec leurs capacités de 76 à 100 sièges, sont « mieux adaptés puisque plus petits, plus légers, moins gourmands en kérosène, et leur impact carbone est bien moins élevé que les Airbus d’Air France ou les Boeing de Transavia ». Et elle demande : « comment les élus de la nation, les contribuables français pourraient accepter une telle stratégie, basée uniquement sur la rentabilité et financée avec ses propres deniers ? ».

Le réseau court et moyen-courrier d’Air France, qui perd 200 millions d’euros par an, est promis depuis belle lurette à une restructuration, Ben Smith ayant encore rappelé le mois dernier que la structure de HOP « reste trop complexe » avec des coûts opérationnels « plus élevés que la moyenne des compagnies régionales européennes. Cette situation n’est pas viable », même s’il assurait que « l’objectif n’est (…) pas de faire disparaître notre filiale régionale ». Sa restructuration, accélérée par les effets de la pandémie de Covid-19, devrait être présentée le mois prochain ; mais Anne Rigail, directrice générale d’Air France, rappelait cette semaine que le développement de Transavia sur ce réseau intérieur dépendra des négociations avec le syndicat de pilotes SNPL.

Selon le SNPNC, les prévisions de vols d’Air France ces prochains mois par rapport au programme prévu avant la crise sont les suivantes (MC : moyen-courrier, CC : court-courrier, et LC : long-courrier) :

  • Juin : MC : -80%, CC : -99%, LC : -78%
  • Juillet : MC : -62%, CC : -84%, LC : -69%
  • Aout : MC : -51%, CC : -74%, LC : -65%
  • Septembre : MC : -36%, CC : -65%, LC : -50%

D’après son compte-rendu du CSE de cette semaine, l’activité́ sur le 3ème trimestre « va rester faible, elle est très incertaine, dépend de l’évolution de la crise sanitaire française et mondiale et évidemment de la demande ».

Syndicats HOP : Air France va sacrifier la province 1 Air Journal

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