Près de onze ans après le crash d’un Airbus A310 de Yemenia Airways au large des Comores qui avait fait 152 morts et laissé une unique rescapée de 12 ans, le parquet de Paris a requis un procès en correctionnelle pour “homicides involontaires” contre la compagnie nationale yéménite.
Yemenia Airways se voit reprocher dans un réquisitoire d’une centaine de pages des “homicides involontaires et des blessures involontaires ayant entraîné une incapacité totale de travail de plus de trois mois“, a indiqué à l’AFP une source judiciaire. Il revient désormais au juge d’instruction en charge du dossier de confirmer ou non la tenue d’un procès à l’encontre de la compagnie aérienne.
Le 30 juin 2009, le vol IY626 s’était abîmé en mer au large de Moroni, la capitale des Comores. A son bord, 153 passagers, dont 66 Français et 11 membres d’équipage, partis de Paris ou Marseille à bord d’un Airbus A330 récent, et qui avaient changé d’appareil à Sanaa, au Yémen, pour un A310 vieux de 19 ans, pour se rendre à Moroni.
Les boîtes noires ont été analysées par le Bureau d’enquêtes et d’analyses français (BEA). En juin 2013, un rapport d’enquête technique publié par les Comores avait conclu que l’accident était dû “à une action inadaptée de l’équipage” au cours d'”une manœuvre non-stabilisée“.
Selon les avocats des familles de victimes, dont seule une partie a déjà été indemnisée, la compagnie aérienne se voit finalement reprocher d’avoir maintenu ce vol de nuit à destination de Moroni, alors même que les conditions météorologiques à ce moment de l’année sont défavorables, avec des vents forts, et que le balisage de l’aéroport dysfonctionnait. La formation jugée insuffisante des pilotes est également critiquée.
jean pierre a commenté :
7 juin 2020 - 12 h 01 min
11 ans pour requérir un procès ! ce n’est même plus de la lenteur ! A ce rythme une décision finale demandera sans doute 25 ans après avoir épuisé tous les recours. Et bien sur il sera sans doute impossible d’exécuter une décision d’un tribunal français contre une société yéménite.
czl a commenté :
7 juin 2020 - 12 h 36 min
Un procès contre qui?
Yemenia ne vole plus depuis des années et son pays, le Yemen, est en guerre depuis des années
Elijah a commenté :
16 juin 2020 - 13 h 06 min
Je vous rappelle que il n’y a plus de guerre au Yémen et que Yemenia vole toujours sauf que le gouvernement comorien a interdit à Yemenia Airways de revenir au Comores c’est tout mais 11 ans pour ça?! Fallait le faire en 2009 déjà là c’est juste parce que France 3 à fait un reportage avec Bahia Bakari la seule rescapé du crash que maintenant ils veulent faire un procès mais depuis on ne s’intéressait plus à ce crash
Comprend_pas a commenté :
7 juin 2020 - 14 h 05 min
“partis de Paris ou Marseille à bord d’un Airbus A330 récent, et qui avaient changé d’appareil à Sanaa, au Yémen, pour un A310 vieux de 19 ans, pour se rendre à Moroni.” Dommage qu’un site comme AJ se permet de faire ce genre de remarque comme si des avions de plus de 19 ans ne voulaient plus dans le monde et surtout ça donne l’impression que l’avion est mis en cause dans les raisons du crash…
ALExxx a commenté :
7 juin 2020 - 14 h 12 min
un accord avait été trouvé pour que 850 ayants droit des 152 victimes françaises et comoriennes soient indemnisés, que vient faire le parquet de Paris la dedans ?
par ailleurs il me semble bien que Yemenia vole encore, avec 10 A350 en commande, des avions neufs notamment prévus pour rallier l’Europe.
flydreamer a commenté :
7 juin 2020 - 14 h 45 min
Ce procès, s’il ne finirait pas classé sans suite, aura plus valeur de condamnation symbolique de cette ex compagnie ainsi que pour rendre justice aux victimes et à leurs familles.La partie adverse n’est désormais qu’un fantôme…
D’une manière plus générale, on entend parler de la fameuse blacklist des compagnies aériennes mises à jour au niveau de l’UE. Le cas de cette mauvaise compagnie Yemenia Airways n’est pas un cas isolé . Je m’explique : il y a encore aujourd’hui des compagnies ou il y a un “2 poids 2 mesures” ( ceux qui voyagent régulièrement vers certains pays d’Amérique du Sud , du Moyen Orient ou d’Asie centrale et du Sud Est , ça doit leur parler ). Vous embarquez depuis lEurope dans un avion avec un équipage tip top. Mais si vous êtes en correspondance dans un vol régional le cas échéant , vous êtes perplexe ( voire pas rassuré) lorsque parfois vous découvrez que vous allez prendre un avion de cette même compagnie avec la différence de niveaux (vers le bas) de l’avion, du personnel au sol , des équipages et du service ( genre seul le chef de cabine parle et comprend correctement l’anglais…in case of emergency ?).
FL350 a commenté :
7 juin 2020 - 17 h 51 min
Intenter un procès contre Yemenia, c’est intenter un procès contre son propriétaire, l’Etat yéménite, ou du moins ce qu’il en reste (même si officiellement, Yemenia partage toujours ses codes avec Qatar Airways et Etihad Airways, entre autres, mais cela est sans incidence avec le sujet). Qui représenterait l’accusé ?
D’abord, le BEA a clos son enquête en juin 2013, et 7 ans plus tard, la justice se réveille.
Et que dit en conclusion cette enquête du BEA : que les pilotes n’étaient pas suffisamment formés aux conditions particulières de l’approche de Moroni, d’une part, et qu’ils n’étaient pas suffisamment formées à la gestion des situations d’urgence, d’autre part.
Ce ne sont donc pas les conditions climatiques qui ont provoqué l’accident (rafales de vent avoisinant les 30 kts, j’ai vu bien pire) : il s’agit là seulement d’un élément contributif, mais pas causal.
A aucun moment l’enquête n’évoque un défaut d’entretien de l’avion. Donc, l'”A310 vieux de 19 ans” est une information sans intérêt.
Enfin, “le balisage de l’aéroport dysfonctionnait” n’est pas vraiment exact. L’enquête relève seulement : “Il n’y a pas de balisage lumineux axial. La zone de toucher des roues ne dispose pas non plus de balisage lumineux. La piste 20 est dépourvue de rampe d’approche.” Il ne s’agit donc pas d’une quelconque panne, simplement l’aéroport était ainsi équipé, point. Seul le feu de Ntsaoueni, de couleur blanche, dysfonctionnait, mais l’AIP précisait : “NIGHT LANDING Confirmation from the tower required that Flashing lights are operative”.
Hugues-V. SAPPEY a commenté :
7 juin 2020 - 17 h 55 min
Toujours à propos des feux, dixit l’enquête : “2feux à éclats d’obstacle sont également installés au nord de l’aérodrome. Le feu le plus au nord (Ntsaoueni) est de couleur blanche. Il était hors service. Celui situé au sud du 1er(Domoni) est de couleur verte. Il était en état de fonctionnement mais n’était pas allumé. Le contrôleur ne peut pas l’allumer depuis le
pupitre de commandes de la tour. Un technicien doit se rendre sur place avant l’arrivée de l’avion pour l’allumer et assurer le secours électrique (batteries). L’AIP de Moroni précise pour la MVI : « de nuit, s’assurer auprès de la tour que les deux feux à éclats fonctionnent ». La documentation Jeppesen mentionne «confirmation from tower required that flashing lights are operative ». Les autres aides à l’atterrissage consistent en des feux à éclats de seuil de piste et un PAPI en piste 20. Les feux à éclats de seuil de piste 20 clignotants étaient hors service (NOTAM A0478/09).” L’enquête relève ces éléments pour information, mais sans lien causal.