Les dernières études de l’Association du transport aérien international (IATA) révèlent une aggravation ces dernières semaine de l’impact de la pandémie de Covid-19 sur l’industrie aéronautique européenne : les compagnies aériennes devraient perdre 21,5 milliards de dollars en 2020, la demande de passagers diminuant de plus de moitié.

Selon les données pessimistes de l’IATA publiées le 17 juin 2020, les beaux jours du transport aérien ne sont pas près de revenir sur le Vieux continent. Malgré une reprise progressive du trafic, l’association s’attend à ce que nombre de passagers cette année ne dépasse pas la moitié du score de 2019, les transporteurs européens devant au total perdre 21,5 milliards de dollars en 2020. Ce qui « met en péril entre 6 et 7 millions d’emplois soutenus par l’aviation rien qu’en Europe », souligne l’IATA, une reprise accélérée du transport aérien étant « vitale si l’on veut éviter le pire de ces impacts ».

La dernière évaluation d’IATA Economics montre que « les perspectives au niveau national se sont détériorées pour les principaux marchés de l’aviation en Europe depuis avril. Le nombre de passagers, les revenus des compagnies aériennes, les emplois à risque et les impacts sur le PIB pour les cinq plus grands marchés européens ont diminué dans toutes les mesures ». En France par exemple, les prévisions de baisse de trafic sont passées entre avril et juin de -80 millions à -88,7 millions de passagers ; le nombre d’emplois perdus de 392.500 à 434.700 ; et l’impact sur le PIB de -35,2 à -38,9 milliards de dollars. Les compagnies aériennes françaises perdraient ainsi 15,7 milliards de dollars. L’ensemble des statistiques pour les autres pays européens est téléchargeable ici : full list of selected European countries.

Les économies européennes « ont été mises à genoux par COVID-19, et l’industrie aéronautique a été particulièrement touchée. L’optimisme récent concernant l’ouverture des frontières de Schengen ne doit pas masquer la gravité critique de la situation. À travers l’Europe, plus de six millions d’emplois dans l’industrie du transport aérien et les entreprises soutenues par l’aviation sont en danger. Des milliers d’emplois ont déjà été perdus en raison de l’arrêt du trafic aérien. Pour notre prospérité future, il est impératif que l’industrie se rétablisse dès que possible », a déclaré dans un communiqué Rafael Schvartzman, vice-président régional de l’IATA pour l’Europe.

Cet objectif de reprise rapide peut être atteint selon l’IATA grâce à l’action gouvernementale dans deux domaines prioritaires:

  1. Un redémarrage coordonné des voyages en avion, avec l’ouverture des frontières (y compris l’élimination de la quarantaine) et des règles d’exploitation basées sur les orientations sanitaires établies par l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) et au niveau européen par l’Agence européenne de la sécurité aérienne (EASA) et le Centre européen de lutte contre les maladies (ECDC).
  2. La poursuite du soutien financier et réglementaire, en particulier l’aide financière directe, l’extension de la dérogation à la règle des 80-20 sur les créneaux horaires, et l’allégement des taxes et redevances.

Il est « essentiel que les gouvernements se coordonnent pour redémarrer la connectivité aérienne de manière cohérente et conformément aux meilleures pratiques internationales », insiste l’IATA. Qui rappelle les recommandations de l’OACI et de l’EASA dévoilées début juin, mais souligne en particulier « l’obstacle majeur » que représentent les mesures de quarantaine : sa dernière enquête auprès des passagers montre que « 78% des personnes en France, 76% en Allemagne et 83% au Royaume-Uni ne voyageront pas si une quarantaine est en place ». Par conséquent, les gouvernements qui souhaitent rouvrir leurs économies ont besoin d’une solution alternative : « une stratégie qui combine des mesures de santé coordonnées et cohérentes au niveau international pour les voyages en avion avec des plans nationaux efficaces pour gérer COVID-19 », a déclaré M. Schvartzman.

Côté soutien financier, l’IATA se dit reconnaissante envers les gouvernements qui ont jusqu’ici « fourni une assistance à notre industrie » et par là « sauvé des milliers d’emplois » en permettant aux compagnies aériennes de maintenir la connectivité. « Mais je crains que le pire ne soit encore à venir. Les compagnies aériennes comptent sur la saison estivale pour fournir un ‘coussin financier’ pour les mois d’hiver les plus difficiles. Mais nous savons que les compagnies aériennes européennes devraient perdre 21 milliards de dollars cette année. Il n’y aura pas de coussin d’été. Des mesures de secours continues seront essentielles pour minimiser les pertes d’emplois et maintenir les liaisons de transport. Nous exhortons les régulateurs européens à donner la priorité à une extension de la dérogation accordée pour les règles d’utilisation des créneaux horaires, et à envisager d’autres formes d’aide financière qui ne s’ajouteront pas au fardeau croissant de la dette alourdissant les compagnies aériennes », a conclu M. Schvartzman.

IATA : le pire à venir en Europe ? 1 Air Journal

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