Le gouvernement français va prendre un arrêté interdisant à toutes les compagnies aériennes, et surtout les low cost, de reprendre les lignes intérieures abandonnées par Air France au nom de l’environnement. Quant à la demande de suppression des vols domestiques de moins de 4 heures exprimée par la Convention citoyenne, ce sera un débat à tenir régionalement.

Le secrétaire d’Etat chargé des Transports Jean-Baptiste Djebbari l’a promis le 22 juin 2020 lors d’un entretien sur RTL : il n’est « pas envisageable que des opérateurs quels qu’ils soient, notamment low cost » récupèrent les liaisons laissées libres par Air France au titre des conditions à son aide publique de 7 milliards d’euros. Ces lignes où une alternative ferroviaire en moins de 2 heures 30 est possible, comme entre Paris et les aéroports de Bordeaux, Lyon, Nantes ou Rennes, ne pourront donc être récupérées par les low cost Transavia, easyJet, Ryanair ou autres Volotea – même si celles-ci n’ont pas à ce jour exprimé le moindre intérêt.

L’arrêté en question « pour des raisons environnementales » sera « compatible avec le droit européen, de manière à ce qu’il n’y ait pas ces effets de distorsion de concurrence », a précisé M. Djebarri, rappelant que les exigences du gouvernement concernaient les liaisons « notamment à Orly ». Depuis le début, le gouvernement a en effet précisé que n’étaient pas concernées les routes d’Air France permettant une correspondance vers l’international, principalement à CDG donc mais aussi dans le deuxième aéroport parisien. Les liaisons entre provinces ne sont pas concernées, faute d’alternative ferroviaire.

La fin des vols intérieurs est aussi une demande de la Convention citoyenne, qui va plus loin et voudrait supprimer d’ici 2025 tous les vols où « il existe une alternative bas carbone satisfaisante en prix et en temps », réalisable en quatre heures. Ce qui impliquerait infiniment plus de liaisons régionales, et laisse le secrétaire d’Etat aux transports beaucoup plus prudent. Invité de l’émission Audition publique sur les chaînes parlementaires, Jean-Baptiste Djebarri a souligné qu’il ne s’agit pas d’un sujet simplement environnemental : « ça posera forcément une question d’attractivité des territoires, d’installation des entreprises et je sais ce que diront les élus. Ils diront qu’il y a une France à deux vitesses et qu’il y aura des territoires oubliés si cette mesure est faite », a-t-il déclaré.

Surtout au vu de l’état du réseau ferroviaire dans certaines régions : « vous aurez le Grand Massif central, les villes comme Limoges, Brive, Castres, Aurillac, Clermont-Ferrand, qui n’ont pas aujourd’hui l’alternative ferroviaire vraiment robuste. Aller à Limoges c’est 3h30 de train et beaucoup de retard et beaucoup de travaux », a rappelé M. Djebarri. La mesure mérite donc selon lui d’être « débattue territorialement par ceux qui sont concernés » ; en attendant d’avoir entendu « ces voix-là », il ne tranchera donc pas.

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