Les accidents mortels du Boeing 737 MAX représentent “l’horrible aboutissement” de défauts d’ingénierie, de mauvaise gestion de la part du constructeur et d’un manque de supervision de la part du régulateur de l’aviation (FAA), a conclu hier une commission des Transports du Congrès américain.

Dans un rapport final de 239 pages sur les deux accidents du Boeing 737 MAX (Lion Air en octobre 2018 et Ethiopan Airlines en mars 2019), fruit de 18 mois d’enquête, de plus d’une vingtaine d’auditions et de l’examen de 600.000 pages de documents, le Congrès américain reproche à l’avionneur “la répétition inquiétante de mauvaises évaluations techniques et d’erreurs de jugement troublantes de la part de la direction“, et à la FAA ses “nombreuses lacunes en termes de supervision et de responsabilité“.

Les principales conclusions avaient déjà été dévoilées dans un rapport préliminaire. Mais cette mouture finale détaille davantage les manquements à tous les niveaux. Elle “contient des révélations troublantes sur la façon dont Boeing – sous pression pour concurrencer Airbus et réaliser des bénéfices pour Wall Street – a échappé à l’examen de la FAA, a caché des informations critiques aux pilotes et a finalement mis en service des avions qui ont tué 346 personnes innocentes“, résume le président de la commission, Peter DeFazio.

Mais elle apporte aussi au Congrès, ajoute-il, “une feuille de route” sur les mesures à prendre pour renforcer la sécurité aérienne. Boeing affirme avoir pour sa part “travaillé d’arrache-pied pour renforcer (sa) culture de la sécurité et rétablir la confiance avec (ses) clients, les régulateurs et le public“.

Cinq problèmes majeurs
Les enquêteurs du Congrès mettent en avant cinq problèmes majeurs, à commencer par la forte pression financière mise sur le programme du 737 MAX pour concurrencer au plus vite le nouvel Airbus A320Neo, poussant l’avionneur à réduire les dépenses et à maintenir coûte que coûte le calendrier de production.

Le rapport blâme également les hypothèses faites par Boeing sur des technologies essentielles de l’appareil, dont le logiciel anti-décrochage MCAS mis en cause dans les deux accidents, ainsi que sur les réactions des pilotes aux éventuels problèmes. Il déplore aussi “la culture de dissimulation” qui prévaut chez le constructeur et l’a empêché de partager des informations cruciales avec les autorités, ses clients et les pilotes du 737 MAX.

Les auteurs du rapport regrettent enfin les “conflits d’intérêt inhérents” induits par le fait que des employés de l’entreprise effectuent certaines tâches au nom de la FAA ainsi que l’influence trop importante du constructeur sur les responsables de l’agence. En réponse, le régulateur a affirmé hier dans un communiqué avoir déjà commencé à se transformer et être prêt à travailler avec la commission pour mettre en oeuvre les changements recommandés.

Ce rapport du Congrès américain est publié alors que le 737 MAX, cloué au sol depuis mars 2019, s’est récemment rapproché d’un retour dans le ciel avec une série de vols de certification aux Etats-Unis et au Canada. Une fois autorisé à revoler, le MAX “sera l’un des appareils les plus minutieusement contrôlés de l’histoire et nous avons pleinement confiance en sa sécurité“, a souligné hier Boeing.

Boeing 737 MAX : le Congrès américain accable l'avionneur et la FAA 1 Air Journal

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