«Les compagnies aériennes brûlent de l’argent liquide au rythme de 300 000 dollars par minute dans la seconde moitié de 2020. Et une grande partie de l’aide publique qui leur a permis de rester viables s’épuise. La perspective de pertes d’emplois d’une ampleur catastrophique est bien réelle. Un soutien financier continu est désespérément nécessaire jusqu’à ce que l’industrie puisse se remettre sur pied », a déclaré hier Rafael Schvartzman, vice-président régional de l’IATA (Association internationale du transport aérien) pour l’Europe.

L’IATA, qui regroupe 290 compagnies aériennes, anticipe désormais une chute de 66% du trafic aérien en 2020. Après un arrêt quasi total partout dans le monde au printemps en raison de la pandémie du coronavirus, la reprise s’est faite très lentement à partir de juin avant d’atteindre un seuil en août pour ensuite à nouveau s’effriter à partir de septembre… Certaines compagnies n’ont pas les ressources suffisantes pour traverser la prochaine saison hivernale sans aide publique, prévient l’IATA.

Aux Etats-Unis, les principales compagnies aériennes American Airlines, SouthWest, Delta et United Airlines ont annoncé en octobre des revenus en chute libre au troisième trimestre. American Airlines, numéro un du secteur aux Etats-Unis, a ainsi annoncé des recettes en recul de 73%. Et des milliers de personnes ont été mises au chômage technique, faute d’un accord sur un nouveau soutien au secteur aérien à Washington après l’arrêt de subventions destinées à aider à payer les salariés.

En Asie, la compagnie hongkongaise Cathay Pacific a annoncé mercredi la suppression de 5.900 emplois, soit un quart de son effectif, et la fermeture de sa filiale Cathay Dragon. En Europe, IAG (maison mère de British Airways et Iberia) et Lufthansa réduiront drastiquement leur offre au quatrième trimestre, à 30% au maximum de celle de l’an dernier pour IAG et à 25% au maximum pour l’allemande. SAS vient de finaliser les négociations d’un plan social avec le départ de 5.000 employés, soit 40% de l’effectif.

Pour relancer le trafic, l’IATA et les aéroports réclament le déploiement à grande échelle de tests de dépistage de Covid-19 avant le départ pour éviter les mesures de quarantaine à l’arrivée, qui refroidissent les éventuels candidats au voyage. L’aéroport londonien d’Heathrow a mis en place mardi des tests salivaires payants pour les voyageurs à destination de Hong Kong et de l’Italie, avec un résultat en une heure. A Paris-CDG et Paris-Orly, des tests antigéniques -aux résultats plus rapides que les tests PCR- seront bientôt lancés sur certaines destinations.

Pour des professionnels du voyage, le soutien financier que réclame l’IATA ne doit pas être accordé sans contrepartie : « Les aides étatiques aux compagnies aériennes doivent s’accompagner de mesures éthiques et équitables, en Europe. Il est temps d’imposer une caisse de garantie des compagnies aériennes au profit des passagers et voyagistes en cas de faillite du transporteur. Mettre fin à la règle du No Show, qui permet à certaines compagnies d’annuler -voire retarifer à la hausse- les vols retours des allers non consommés », commente Fabrice Dariot de Bourse-des-vols.com, spécialiste de Transavia, easyJet, Ryanair et toutes les compagnies à petit prix. Et d’ajouter : « Il faut suspendre pour 2 ans les règles des agréments IATA basée sur les résultats financiers. Il faut laisser aux voyagistes, plongés dans une crise -aggravée par les rétentions de remboursement de billets des vols non opérés- le temps de se requinquer. Les compagnies réclament ? Elles doivent savoir donner…»

IATA renouvelle son appel pour «un soutien financier continu» au secteur aérien 1 Air Journal

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