L’IATA et la Fédération internationale des employés de l’aérien (ITF) appellent de nouveau les gouvernements à une intervention urgente « pour éviter une catastrophe de l’emploi », 4,8 millions de salariés étant menacés par la pandémie de Covid-19. L’OACI de son côté à mis à jour ses recommandations pour la reprise du secteur, immédiatement saluée par les trois grandes alliances représentant les plus grandes compagnies aériennes.

La déclaration commune de l’Association du transport aérien international et de l’ITF le 10 novembre 2020 rappelle que quelque 4,8 millions d’emplois de travailleurs de l’aviation sont menacés en raison de la baisse de la demande de transport aérien (de plus de 75% en août par rapport à août 2019), de l’impact des restrictions aux frontières et des mesures de quarantaine liées à la crise sanitaire, qui ont « effectivement fermé l’industrie de l’aviation, immobilisé les avions et laissé les infrastructures et la capacité de fabrication d’avions inactives ». Elles appellent donc les gouvernements à « fournir un soutien financier continu à l’industrie aéronautique », et à « rouvrir les frontières en toute sécurité sans quarantaine » en mettant en œuvre un système harmonisé à l’échelle mondiale de tests avant le départ.

L’industrie aéronautique mondiale « est dans un état de crise prolongée. D’ici la fin de l’année, près de 80% des régimes de remplacement de salaire seront épuisés, sans intervention urgente des gouvernements, nous assisterons à la plus grande crise de l’emploi que l’industrie a jamais connue », estime Stephen Cotton, secrétaire général de l’ITF. Selon qui elle pourrait être évitée « grâce à une stratégie claire et coordonnée fondée sur les secours, la reprise et la réforme ». Les travailleurs de l’aviation dans le monde demandent aux gouvernements « d’agir maintenant, de fournir le soutien financier qui protégera leurs emplois et de s’engager à travailler avec les syndicats et les employeurs pour soutenir la reprise à long terme de l’industrie ». Evoquant une main-d’œuvre aéronautique « qualifiée qui a été, et continuera d’être, vitale pour la réponse à la pandémie et la reprise », il ajoute : « si les gouvernements n’agissent pas et ne soutiennent pas l’aviation, non seulement ils nuiront à l’industrie, mais les impacts seront durement ressentis par la société dans son ensemble ».

L’aviation « est confrontée à une catastrophe d’emploi sans précédent. Les compagnies aériennes ont réduit leurs coûts jusqu’à l’os, mais n’ont plus que 8,5 mois d’argent liquide dans les conditions actuelles. Des dizaines de milliers d’emplois ont déjà été perdus et, à moins que les gouvernements ne fournissent plus d’aide financière, ceux-ci augmenteront probablement jusqu’à des centaines de milliers », souligne de son côté Alexandre de Juniac, PDG de l’IATA. L’aviation « joue un rôle essentiel pour relier les nations et transporter des marchandises essentielles (…). Mais plus important encore, les gouvernements doivent travailler ensemble pour rouvrir les frontières en toute sécurité. Cela signifie mettre en place un programme mondial de test des passagers pour la Covid-19. Une fois cela en place, la quarantaine peut être supprimée et les passagers peuvent avoir la confiance nécessaire pour voler à nouveau », a-t-il ajouté.

En plus de la réouverture des frontières avec des tests et un soutien financier, les deux organisations ont également appelé les gouvernements à élaborer une feuille de route pour la reprise à long terme de l’industrie, y compris via des investissements dans la reconversion et le perfectionnement de la main-d’œuvre, ainsi que dans les technologies vertes, en particulier les carburants d’aviation durables. La capacité et la rapidité avec lesquelles les pays se remettent de la crise sanitaire « sont étroitement liées à la reprise de la connectivité aérienne mondiale » : l’intervention et les investissements du gouvernement « ne doivent donc pas simplement apporter un soutien à l’industrie du transport aérien maintenant, mais aussi veiller à ce qu’il soit adapté à son objectif et capable de soutenir le retour à la normale du monde après la pandémie », conclut leur communiqué.

De son côté, l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI) a mis à jour les lignes directrices présentées en juin dernier pour les compagnies aériennes, les aéroports, les équipages et le transport de fret, dans le cadre des mesures recommandées aux gouvernements pour mitiger les risques liés à la pandémie et permettre un redémarrage du transport aérien. Le nouveau texte fournit des recommandations que les pays « devraient envisager d’adopter en fonction de leur statut sanitaire actuel ».

Sur l’importance des tests de dépistage en particulier, la première édition du document CART Take-off Guidelines avait noté que les tests rapides disponibles à l’époque n’étaient pas recommandés en raison de leur niveau d’efficacité relativement faible. Depuis lors, la technologie des tests continue de s’améliorer rapidement. En outre, les autorités sanitaires « ont acquis une meilleure compréhension de la manière dont le coronavirus est transmis et comment l’utilisation efficace de certains tests pourrait contribuer à réduire la probabilité de transmission ». Bien que les tests ne soient « pas universellement recommandés par les autorités de santé publique » en tant que méthode de dépistage de routine, ils ont été mis en œuvre par certains États à cette fin. Le CART (Council on Aviation Recovery Task Force) recommande donc que les États qui envisagent d’effectuer des tests « appliquent l’approche décrite dans le Manuel de l’OACI sur les tests et les mesures de gestion des risques transfrontaliers », qui est actuellement en cours d’examen final par l’OMS (avec une date de publication prévue le 16 novembre). Dans ce cas, les États sont également « encouragés à envisager des moyens de test abordables pour minimiser les frais de voyage des passagers ».

L’OACI reconnait bien sûr la souveraineté et l’autorité de chaque pays sur ses priorités nationales de relèvement en cas de pandémie, notamment en ce qui concerne l’évaluation et l’utilisation des tests des passagers pour aider à alléger les mesures de quarantaine et reconnecter les destinations à l’échelle mondiale. Les pays « sont instamment priés de suivre ces orientations actualisées pour aligner leurs mesures, tout en respectant la prérogative de chaque État de mettre en œuvre des mesures d’atténuation supplémentaires et / ou alternatives en fonction de leurs besoins et circonstances spécifiques », a souligné le Président du Conseil de l’OACI Salvatore Sciacchitano. La rapidité de l’évolution de la situation mondiale « exige des orientations opportunes et ciblées pour soutenir efficacement les États dans leurs efforts pour contenir la pandémie tout en poursuivant le redémarrage et la reprise de l’aviation. Cela montre clairement l’importance cruciale de la coordination mondiale et régionale pour définir des mesures mutuellement acceptées ».

Les trois alliances mondiales de compagnies aériennes, Oneworld, SkyTeam et Star Alliance, ont immédiatement affiché leur soutien au texte de l’OACI. Ensemble, elles « exhortent les gouvernements à mettre en œuvre les lignes directrices du rapport pour les protocoles de test des passagers, ainsi que l’adoption de la technologie numérique des laissez-passer de santé, afin que les voyages aériens puissent reprendre en toute sécurité ». Alors que les restrictions de voyage et d’entrée imposées par les gouvernements « continuent d’avoir un impact significatif sur la demande mondiale de voyages », les tests Covid-19 sont apparus comme « un élément important d’une solution de bout en bout pour permettre le redémarrage en toute sécurité des voyages internationaux, en réduisant potentiellement la dépendance à l’égard de l’instrument contondant des quarantaines générales ».

Au nom de leurs 58 compagnies aériennes membres (dont Air France, British Airways et Lufthansa), représentant plus de 60% de la capacité mondiale et transportant plus de 1,87 milliard de passagers par an avant la crise sanitaire, les trois alliances appellent à donc « une approche harmonisée des tests qui constituera le fondement d’une confiance cadre, comme recommandé par les lignes directrices de l’OACI ».

Les récents essais de «pass santé» numérique, tels que Common Pass, présentent « de solides arguments en faveur de l’utilisation de la technologie numérique pour fournir des normes harmonisées dans la validation et la vérification des données de santé des passagers », souligne leur communiqué. Les alliances se disent en faveur de solutions techniques qui fournissent « un moyen cohérent, évolutif et abordable de déclarer les données de santé des passagers, simple à mettre en œuvre dans le cadre du parcours client, avec des processus lancés avant le voyage » pour réduire les inconvénients des passagers dans les aéroports.

Pour le directeur de Oneworld Rob Gurney, « avec des restrictions de voyage étendues créant beaucoup d’incertitude pour les clients, les tests peuvent jouer un rôle pour permettre le redémarrage en toute sécurité du voyage. Toute solution utilisée pour déclarer les données sur la santé des passagers doit être cohérente, évolutive et rentable ; cela apportera clarté et confiance aux clients, aux compagnies aériennes et aux autres parties prenantes à mesure que les voyages internationaux reprendront ».

Transport aérien : 4,8 millions d’emplois et des recommandations 1 Air Journal

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