La moitié des émissions de CO2 des compagnies aériennes proviennent des vols long-courriers, qui ne représentent pourtant selon Eurocontrol que 6% du trafic global.

Selon les données d’Eurocontrol, sur certaines routes « seule l’aviation peut fournir une connexion en temps opportun » : cela est vrai pour certains « sauts plus courts », au-dessus de l’eau ou là où une connexion terrestre est difficile (on pense tout de suite à la France qui va interdire l’avion là ou le trajet peut être effectué en train en moins de 2h30), mais c’est surtout une question de distance : en 2020, environ 6% des vols au départ des aéroports européens étaient « clairement long-courriers », parcourant plus de 4000 km.

Pour les passagers et pour les marchandises urgentes ou de grande valeur, il n’y a guère ou pas d’alternative sur ces itinéraires. L’importance du long-courrier est encore plus claire lorsqu’elle est mesurée en capacité plutôt qu’en vols. Par exemple, du côté des passagers, ces 6% des vols transportent 10% du nombre total de sièges, et représentent plus de 40% des sièges-kilomètres (mesure habituelle de la capacité de passagers dans l’industrie).

Mais le graphique d’Eurocontrol montre cependant qu’il y a un coût environnemental. Des distances plus longues signifient naturellement des vols de plus longue durée, et surtout par des avions plus gros (d’où la proportion plus élevée de sièges). Cela a un coût important en termes de CO2. En 2020, plus de la moitié des émissions de CO2 de l’aviation européenne provenaient de « cette infime proportion du nombre total de vols ». Et cette domination des émissions par « quelques » vols long-courriers n’est pas liée à la pandémie de Covid-19 : déjà en 2019, les 6% de vols qui étaient long-courriers avaient une part très similaire de 48% des émissions de CO2.

À l’opposé de l’échelle, les 31% des vols de moins de 500 km n’avaient qu’une part de 4% des émissions de CO2 (24% de vols avec 3,8% des émissions en 2019). Le court-courrier est donc « un excellent candidat pour l’électrification précoce, entre autres initiatives, pour réduire son impact environnemental », souligne Eurocontrol. Ces améliorations seront nécessaires pour que l’aviation atteigne ses objectifs de durabilité. Cependant, ces données montrent que « l’économie maximale possible sur le court-courrier est d’environ 4% des émissions totales ». Augmenter l’offre de carburant d’aviation durable (SAF) pour couvrir seulement 10% des besoins du long-courrier « ferait plus que ce qui ne peut jamais être fait sur le court-courrier pour réduire les émissions nettes de CO2 », conclut le gestionnaire des aéroports européens.

Emissions du transport aérien : la faute au long-courrier 1 Air Journal

©Eurocontrol