Après Air France-KLM, Lufthansa Group, British Airways, les américaines United, Delta et American, c’est au tour de Latam et Emirates d’annoncer leur passage de l’outil classique de réservation GDS (Global Distribution Systems) vers la nouvelle norme NDC (New Distribution Capability), préconisée par l’Association internationale du transport aérien (IATA).

Les grandes compagnies ariennes traditionnelles adoptent donc progressivement une plateforme NDC, qui propose aux agences de voyage et autres distributeurs beaucoup plus de contenus que les GDS, affirment-elles. Ainsi, Emirates offrira, à partir du 1er juillet prochain, aux agences de voyage partenaires la possibilité de réserver ses produits sur une nouvelle plateforme NDC via son portail en ligne Emirates Gateway.

Les agences de voyage non-inscrites à Emirates Gateway pourront continuer à accéder au contenu d’Emirates via les GDS  Amadeus, Travelport, Travelsky, Infini et Sirena. Toutefois, afin d’atténuer les coûts plus élevés encourus par Emirates via les GDS, une surcharge de distribution allant de 14 à 25 dollars (11,60 € à 20,70 €) par billet selon le type de parcours, sera appliquée sur toutes les réservations GDS effectuées à partir du 1er juillet 2021. En clair, si un voyagiste continue à réserver via un GDS, il aura à payer une surcharge sur le prix du billet. De quoi le motiver à migrer vers la plateforme NDC !

Pour sa part, Latam a décidé carrément de rompre son partenariat avec Amadeus, le plus important GDS dans l’aérien. A partir de ce 1er mars, les agences de voyages seront dans l’obligation de passer par un autre canal ou la plateforme NDC de Latam pour réserver et émettre des billets. Les réservations déjà effectuées via Amadeus seront encore valides mais elles ne pourront pas être modifiées directement par les agences de voyage, ces dernières devront s’adresser au service clientèle de Latam pour toute modification.

Les temps étant durs avec la crise sanitaire, les grandes compagnies aériennes veulent se passer rapidement de l’intermédiaire des GDS comme Amadeus pour proposer en direct leurs produits à la distribution via leur propre plateforme NDC. Une stratégie qui place les agences de voyage en difficulté.

Le tissu économique des voyagistes et agences de voyages est pris en otage dans la lutte qui oppose depuis cinq ans les compagnies aériennes européennes majeures aux GDS sur le NDC. L’enjeu de cette empoignade est le partage de la chaine de valeur du transport aérien. Les compagnies moyennes et modestes auraient un vif intérêt à laisser prospérer les GDS qui leur offre, au nom d’une saine transparence, une visibilité que leur renommée ne leur accorde pas“, commente un représentant du vendeur de vols low-costs Bourse-Des-Vols.com.

Cette avancée technologique confiscatoire retire, ipso facto, la propriété du PNR (Passenger Name Record, ndlr) à l’agence de voyages. La base de données de sa clientèle est pourtant son véritable fonds de commerce. Le passage au NDC la prive de revenus connexes et l’oblige à s’engager dans une périlleuse inflation de ses coûts d’exploitation“, poursuit le voyagiste, rappelant que “depuis dix ans, dès qu’une compagnie aérienne supporte une charge qui lui déplait, elle se fait fort de la faire supporter par les distributeurs… ce qui pourrait finir par affecter le libre jeu de la concurrence au détriment du consommateur“.

BtoB : les compagnies aériennes majeures favorisent la norme de réservation NDC au détriment des GDS 1 Air Journal

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