L’aide publique de 53 millions d’euros à la compagnie aérienne Plus Ultra fait polémique en Espagne, où la droite accuse le gouvernement de gauche du premier ministre Pedro Sanchez d’avoir favorisé une entreprise liée au régime chaviste du Venezuela.

L’État espagnol a en effet débloqué 53 millions d’euros pour renflouer cette compagnies privée espagnole qui dessert uniquement l’Équateur, le Pérou et le Venezuela, avec quatre Airbus A340. L’argent débloqué par le gouvernement provient d’un fonds spécial de dix milliards d’euros destiné au sauvetage d’entreprises “stratégiques” mises en difficulté par la pandémie de Covid-19. Problème : Plus Ultra est un poids plume du ciel espagnol avec 156.000 passagers transportés en 2019, soit moins de 0,1 % de part de marché. En outre, Plus Ultra affiche une perte de 10,6 millions d’euros, alors que les aides publiques sont réservés uniquement aux entreprises “viables”​.

«En quoi une compagnie aérienne ayant quatre destinations, une part de marché inférieure à 0,1%, dans le rouge depuis sa création bien avant le Covid et qui n’est même pas dans les 30 premières compagnies d’Espagne, est-elle stratégique ?», a interrogé la numéro un du parti libéral Ciudadanos, Inès Arrimadas, à la Chambre des députés.

«C’est un scandale auquel s’ajoutent chaque jour de nouveaux détails et le gouvernement n’a toujours pas donné d’explications. Qu’il y a-t-il derrière tout cela?», dénonçait en début de semaine Antonio Gonzalez Terol, député du Parti populaire (PP, droite), qui a demandé la création d’une commission parlementaire sur cette affaire. Ciudadanos a écrit pour sa part à la Commission européenne pour exiger une enquête, tandis que le parti populiste Vox a porté plainte devant la Cour suprême espagnole.

Pour la presse espagnole et l’opposition de droite, l’explication est à chercher du côté du Venezuela, qu’elles accusent régulièrement de nourrir des liens avec le gouvernement de coalition formé par le parti socialiste espagnol et la gauche radicale Podemos. Le siège de Plus Ultra est à Madrid, mais la compagnie aérienne compte parmi ses principaux actionnaires des hommes d’affaires vénézuéliens proches du régime chaviste du Venezuela.

Lors de son vivant, le Président vénézuélien Hugo Chavez avait entretenu des relations soutenues avec les partis de gauche aux quatre coins du monde pour exporter son “socialisme du XXIè siècle”, apportant mêmes des aides fiancières à certains gouverments et formations politiques. Des relations qu’entretiennent encore chavistes vénézuliens et socialistes espagnols : en janvier 2020, le ministre espagnol des Transports, José Luis Abalos, reçevait discrètement en pleine nuit  à l’aéroport de Madrid la numéro deux du gouvernement vénézuélien, Delcy Rodriguez, pourtant déclarée persona non grata par l’Union européenne en raison des violations des droits de l’homme au Venezuela.

Espagne : polémique autour de l'aide publique à Plus Ultra 1 Air Journal

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