Le simple fait d’arrêter l’avion pour les vols les plus fréquentés dans l’Union européenne, dès lors qu’une liaison ferroviaire de moins de six heures existe, permettrait selon Greenpeace d’économiser 3,5 millions de tonnes d’équivalent CO2 par an. Un tiers des 150 liaisons court-courriers les plus fréquentées dans l’UE dispose déjà de cette alternative, et le réseau ferroviaire européen est encore nettement améliorable.

Dans un rapport publié le 27 octobre 2021, l’ONG appelle à « changer radicalement notre façon de nous déplacer » pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, via une réduction du trafic aérien. L’étude d’OBC Transeuropa (OBCT), commandée par l’unité européenne de Greenpeace, a analysé les 150 vols court-courriers les plus fréquentés au sein de l’UE, et les 250 vols court-courriers les plus fréquentés en Europe (UE, Norvège, Royaume-Uni et Suisse). Une « attention particulière » a été portée aux liaisons impliquant la France, l’Allemagne, l’Italie, l’Espagne, la Belgique, les Pays-Bas et l’Autriche ; les liaisons avec les îles n’ont bien sûr pas été analysées, « sauf lorsqu’il existe une liaison ferroviaire comme pour la Sicile ». Parmi les enseignements de l’étude figurent par exemple :

  • 34% (51) des 150 vols court-courriers les plus fréquentés dans l’Union européenne disposent d’une alternative ferroviaire de moins de six heures.
  • Seuls 27% (41) des 150 vols les plus fréquentés dans l’Union européenne disposent d’alternatives directes en train de nuit en 2021.
  • 30 des 150 vols les plus fréquentés dans l’Union européenne ont pour destination et/ou pour origine la France.
  • Il existe une alternative ferroviaire de moins de six heures pour près de la moitié (47,5%) des 40 vols les plus fréquentés qui ont pour destination et/ou pour origine la France.
  • 21 liaisons disposent d’une alternative ferroviaire en moins de quatre heures (dont celles reliant Paris à Amsterdam ou Francfort entre autres).

« On émet 10 fois plus d’équivalent CO2 quand on fait Paris-Amsterdam en avion plutôt qu’en train, alors que ce trajet peut se faire en moins de 3h30 en train », souligne dans un communiqué Sarah Fayolle, chargée de campagne Transports à Greenpeace France. « La réduction du trafic aérien est incontournable pour tenir les objectifs climat de l’Accord de Paris, et la suppression des vols courts constitue un premier pas à cet égard. Des alternatives existent déjà pour de nombreux vols, et le développement d’un véritable réseau ferroviaire européen, incluant le train de nuit, doit constituer une priorité pour les responsables politiques : il reste beaucoup à faire et nous sommes choqués que le ferroviaire n’ait pas été abordé dans le discours France 2030 du Président Macron », ajoute-t-elle.

Selon Greenpeace, si la limitation des vols courts (moins de 1500km) nationaux et européens « ne suffira pas à mettre le secteur aérien sur les rails de l’Accord de Paris », il s’agit d’un point de départ non négligeable. Mais l’ONG déplore en ce qui concerne la France que la loi Climat ne concerne au final « qu’une à trois lignes aériennes intérieures sur la centaine existante, avec un bénéfice climatique très limité ». Le gouvernement est selon elle « passé à côté de sujets majeurs comme le fait de garantir que les créneaux aéroportuaires libérés par une telle interdiction ne puissent pas être réutilisées pour d’autres liaisons aériennes, potentiellement plus lointaines et plus émettrices » – comme cela a été le cas pour les créneaux de l’aéroport Paris-Orly cédés par Air France et récupérés par la low cost Vueling.

Pour Greenpeace, une interdiction ambitieuse des vols courts doit être portée au niveau européen, en parallèle avec le soutien à et l’investissement dans « le développement et l’amélioration » de l’offre nationale et européenne de trains de jour et de nuit, « tout en la rendant accessible à toutes et tous ».  Ce qui est généralement le cas pour les vols low cost en Europe…

Greenpeace : le train en 6 heures plutôt que l’avion en Europe 1 Air Journal

©OBC Transeuropa

Greenpeace : le train en 6 heures plutôt que l’avion en Europe 2 Air Journal

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