Alors que la chasse aux palaces et aux yachts des oligarques russes bat son plein dans les pays occidentaux, la saisie de leur argent s’annonce très ardue, voire difficilement réalisable.

L’exemple d’Alexei Mordachov, qui était jusqu’à la semaine dernière le premier actionnaire du voyagiste allemand TUI, est un cas d’école. Le milliardaire russe a tout simplement transféré la quasi-totalité de ses 34% de parts de TUI dans une société basée dans un paradis fiscal. Dans les faits, il a cédé 4,1% -qu’il détenait via sa société chypriote Unifirm- à sa société russe Severgroup, et 29,9% à Ondero -une société basée dans les Îles Vierges Britanniques connues pour leur opacité financière.

Du coup, TUI, numéro un mondial du tourisme et propriétaire entre-autres de Nouvelles Frontières, Marmara, TUIfly… a désormais pour premier actionnaire à 34% une société basée dans un paradis fiscal. Bien entendu, le tour de passe-passe est tout à fait légal. “Nous ne savons pas qui sont les actionnaires d’Ondero“, a reconnu samedi un porte-parole de TUI.

Au préalable, Alexei Mordachov avait démissionné mercredi du conseil de surveillance de TUI, après les sanctions prises contre lui par l’Union Européenne en représailles de l’invasion russe de l’Ukraine. Aujourd’hui, officiellement, il n’a plus aucun lien avec TUI. Ouf, tout le monde peut respirer ! Au Canada, WestJet peut acquérir en toute bonne conscience Sunwing Airlines, détenue à 49% par TUI. L’acquisition posait auparavant problème avec la présence du Russe au sein de TUI.

L’implication d’Alexeï Mordachov (dont la fortune est estimée à 29,1 milliards de dollars) dans TUI ne date pas d’hier. Le milliardaire russe avait commencé à investir dans le groupe allemand en 2007. En 2021, en pleine crise sanitaire, il avait renfloué TUI pour en assurer la survie et devenir dans la foulée l’actionnaire de référence. À la suite de l’annonce de la sanction de l’Union européenne à son encontre, Alexeï Mordachov a déclaré qu’il n’avait “absolument rien à voir avec l’émergence de la tension géopolitique actuelle“, dans un communiqué. Se décrivant comme éloigné de la politique, il a appelé à la fin de la guerre en Ukraine qu’il a qualifiée de “tragédie de deux peuples frères“.

L’actionnariat des voyagistes et compagnies aériennes va être passé au crible, du fait du boycottage occidental de la Russie. On ne sait toujours pas si les actions des oligarques seront préemptées, consignées, cédées et dans ce cas… au profit de qui? Suffira-t-il de déplacer ses titres dans un paradis fiscal pour échapper à toute consignation? L’affaire TUI, leader mondial du tourisme, est une belle occasion de tester la fameuse vertu morale allemande, qu’on nous vante si souvent. On va suivre ça du coin de l’œil, avec une fraiche bière bavaroise et des bretzels: Prost! “, commente Fabrice Dariot, président du comparateur de tarifs aériens Bourse-des-vols.com.

Guerre en Ukraine : l'actionnaire russe de TUI transfère ses parts vers un paradis fiscal 1 Air Journal

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