Le Venezuela proteste depuis des semaines contre l’immobilisation d’un Boeing 747-300 cargo appartenant à Emtrasur, filiale de la compagnie aérienne nationale vénézuélienne Conviasa, et la rétention d’une partie de son équipage à Buenos Aires, en Argentine.

L’avion-cargo transportant des pièces détachées automobiles en provenance du Mexique est entré en Argentine le 6 juin. Dans l’impossibilité de se ravitailler à Buenos Aires en raison des sanctions, il a tenté de rallier le 8 juin Montevideo mais les autorités uruguayennes ont refusé son atterrissage et l’avion a rebroussé chemin vers l’aéroport Ezeiza de Buenos Aires, où un juge a ensuite ordonné son immobilisation.

La justice argentine a ouvert une enquête contre l’équipage, composé de 14 Vénézuéliens et cinq Iraniens, pour «espionnage et terrorisme». Les services de renseignements du Paraguay ont établi un lien entre l’un des membres de l’équipage iranien et la Force Al Qods, unité d’élite des Gardiens de la Révolution islamique d’Iran, armée idéologique de la Révolution, classée comme organisation terroriste par les États-Unis.

En fait, les autorités des pays de la région enquêtent toujours sur les deux attentats visant la communauté juive de Buenos Aires en 1992 et 1994, faisant respectivement 29 et 84 morts. L’Organisation du Jihad islamique, lié à l’ Iran et au Hezbollah libanais, a revendiqué ces attentats. Les services de renseignement occidentaux et israélien soupçonnent depuis toujours l’Iran d’avoir implanté une base arrière dans la ville paraguayenne de Ciudad del Este, au coeur de la «région des trois frontières», là où les frontières de l’Argentine, du Paraguay et du Brésil se rejoignent et qui compte une importante population musulmane.

Et début août, le ministère américain de la Justice a demandé à l’Argentine de saisir l’avion-cargo d’Emtrasur, arguant que le Boeing 747-300 avait été vendu en octobre 2021 à une compagnie vénézuélienne par une compagnie iranienne en violation des sanctions américaines contre les deux entités. De son côté, l’Iran assure que le statut de l’avion est «complètement légal» et que son immobilisation relève d’une «opération de propagande» liée aux tensions entre l’Occident et le régime des ayatollah.