Quatre Airbus A340-300 ont quitté Johannesburg la semaine dernière officiellement à destination de l’Ouzbékistan, mais ont atterri à Téhéran. Soulevant immédiatement des suspicions sur une livraison à la compagnie aérienne Mahan Air, sous l’effet d’un embargo.

Les quatre Airbus A340-300 autrefois opérés par Turkish Airlines (les MSN 115, 180, 270 et 331) étaient stockés depuis plusieurs années à l’aéroport de Johannesburg-OR Tambo, après avoir été rachetés depuis 2018 par la société de leasing Avro Global Limited basée à Hong Kong (ils étaient enregistrés à Guernesey avec le immatriculations A-AVRA à AVRD).

Mais le 23 décembre 2022, les quatre portant des immatriculations du Burkina Faso (débutant par XT) ont tous décollé en direction du nord, officiellement pour rejoindre sous numéro de vol MANxxxx inventé de toute pièce un aéroport d’Ouzbékistan, mais se posant à l’aéroport de Téhéran-Imam Khomeiny.

Le numéro de vol MAN a immédiatement fait penser à plusieurs médias que la destination des A340-300 était la compagnie iranienne Mahan Air, deuxième du pays derrière le transporteur national Iran Air, et figurant sur la liste noire des entités visées par les sanctions américaines contre l’Iran depuis 2011 pour avoir transporté du matériel militaire pour le compte des Gardiens de la révolution islamique d’Iran. Mahan Air dispose en effet de cinq A340-300 et autant d’A340-600. Mais une autre rumeur de prochaines livraisons à Syrian Airlines à Damas ou Conviasa à Caracas, deux compagnies également sous le coup de sanctions…

Quelque soit la vérité finale sur la destination des quatre avions, un A340-600 de Mahan Air (EP-MMQ) a été l’objet d’un déroutement pour le moins suspect : le vol VS63 entre Téhéran et l’aéroport de Dubaï a fait le 26 décembre 2022 une escale dans l’île de Kish, où il resté 90 minutes avant de repartir – avec deux passagers en moins. Il s’agirait de membres de la famille de l’opposant et ex-star de football Ali Daei (109 buts en équipe nationale) : sa femme et sa fille aurait été interrogées puis relâchés, la première étant selon la presse officielle frappée d’une interdiction de vol en raison de son soutien à la révolte populaire dans le pays.

L’Afrique du Sud, l’Iran et quatre A340 1 Air Journal

©Mario Ferioli