Les dirigeants de Lufthansa  ont prévenu la Commission européenne de la concurrence qu’ils étaient prêts à lâcher le projet de racheter ITA Airways si on leur réclamait trop de concessions.

L’acquisition de 41% d’Ita Airways, par Lufthansa, est désormais véritablement menacée, selon des informations du journal italien La Repubblica. Lors d’une réunion officielle à Bruxelles, les Allemands auraient prononcer le mot « désengagement », envisageant une éventuelle « renonciation » à l’achat d’ITA Airways devant des responsables de la Commission européenne.

Il est vrai que Lufthansa s’attendait à recevoir un avertissement antitrust de l’Union Européenne dans les semaines à venir concernant son offre d’acquisition d’une participation minoritaire dans ITA Airways mais on la pensait prête à proposer des solutions ciblées pour répondre aux problèmes de concurrence et parvenir à son objectif de consolidation avec la compagnie italienne. Désormais, les mesures correctives antitrust irriteraient Lufthansa, si bien que si leurs coûts se révèlent supérieurs aux avantages du rachat, la compagnie renoncera.

Pour rappel, le transporteur allemand recherche une participation de 41 % dans le rival italien pour 325 millions d’euros dans le cadre d’une augmentation de capital. Mais auparavant, les commissaires européens à Bruxelles qui évaluent si et dans quelle mesure le mariage entre ITA et Lufthansa réduira la concurrence dans le ciel européen et mondial, ont ouvert une enquête approfondie sur l’accord en janvier, craignant que l’acquisition ne réduise la concurrence dans les services de transport aérien de passagers sur plusieurs liaisons court-courriers et long-courriers.

Divers domaines sensibles ont été identifiés au regard du droit de la concurrence. Tout d’abord, une concentration dangereuse du marché dans les liaisons entre l’Italie et l‘Europe centrale, l’Amérique du Nord (y compris les partenaires de la coentreprise de Lufthansa, United Airlines et Air Canada), l’Inde et le Japon. En outre, selon l’évaluation de la Commission, Lufthansa occupe une position dominante à l’aéroport de Milan Linate après avoir rejoint ITA Airways. Enfin, certains concurrents s’appuient sur les services de collecte de la compagnie aérienne nationale italienne pour approvisionner leurs liaisons long-courriers, que Lufthansa dessert également.

Les solutions potentielles pourraient faire écho à celles de l’accord entre Korean Air et Asiana Airlines, qui n’a été autorisé par la Commission qu’après qu’elles ont renoncé à des créneaux horaires, des droits de trafic et des avions pour permettre à un rival d’opérer sur quatre routes qui se chevauchent, a déclaré la source. Lufthansa avait proposé des solutions lors de l’examen préliminaire de l’accord par l’organisme de surveillance de l’UE, mais celles-ci ont été rejetées car elles n’ont pas réussi à apaiser les préoccupations réglementaires.

Bruxelles se réserve le droit d’instruire le dossier de rachat au-delà de la date limite du 6 juin 2024.

Lufthansa prête à abandonner l’achat d’ITA Airways si Bruxelles se montre trop exigeante 1 Air Journal

@ITA Airways