Ca bouge chez Madagascar Airlines (ex Air Madagascar). Après une longue période d’absence, elle a révélé qu’elle retrouvait l’agrément IATA lui permettant d’assurer la distribution de ses billets d’avion auprès des agences de voyages et des tours opérateurs. Elle va également recevoir six nouveaux ATR et cherche à réduire en douceur sa masse salariale pour la mettre en adéquation avec son nouveau volume d’activités.

Air Madagascar avait été exclue de l’IATA, une première fois en 2016, puis une seconde en 2018. Prise généralement en cas de faillite ou de défaut de paiement, le blocage de l’émission des billets d’Air Madagascar à travers le BSP était notamment consécutif à l’interdiction de ses deux Boeing 767 en Europe.  Cette réintégration survient aussi après des périodes de difficultés financières et d’image écornée, rencontrées par la compagnie. La réintégration coïncide avec le retour de Madagascar Airlines dans le Billing and Settlement Plan (BSP) et l’IATA Clearing House, où elle avait été exclue en 2018 et 2016 respectivement. Ces deux entités jouent un rôle crucial dans le secteur du transport aérien, en facilitant les transactions entre les compagnies aériennes et les agences de voyage. L’exclusion de Madagascar Airlines de cette plateforme avait restreint sa visibilité et son accès sur le marché mondial. Avec la récente acquisition de son Certificat de Transport Aérien (CTA) et de sa licence d’exploitation, la compagnie prévoyait de rejoindre à nouveau le BSP mi-juin 2023. En 2022, une caution de cinq millions de dollars avait été requise par l’IATA pour faciliter ce retour.  « Désormais, avec notre réintégration, il est possible de réserver des vols vers des destinations comme Antananarivo ou Nosy Be à travers un large réseau d’agences de voyages affiliées au BSP, ce qui couvre 70 à 90 % du marché », explique Thierry de Bailleul.

D’importants changements importants interviennent au sein de sa flotte. Dans les prochains mois, la compagnie aérienne prévoit de l’augmenter avec l’acquisition de six nouveaux ATR 72-500. Elle recevra d’abord quatre nouveaux ATR72-500 dans les prochains mois et deux autres fin 2024 ou début 2025, affirme Midi-Madagascar. Avec ces six avions, la compagnie pourra assurer ses vols intérieurs et l’entretien des appareils. Madagascar Tribune indiquait que deux de ses avions seront loués en dry lease auprès de la compagnie ACIA Aero Leasing, basée à Dublin en Irlande, l’État se portant garant de Madagascar Airlines pour ces nouveaux aéronefs. La loi de Finances 2023 prévoyait aussi une garantie souveraine de 20 millions de dollars pour la location de nouveaux appareils.

D’autre part, la compagnie malgache ayant décidé de suspendre ses vols internationaux (jusqu’à 2026 a priori, le temps que la compagnie retrouve le chemin de la rentabilité), elle se concentre désormais sur ses lignes régionales. Ce qui l’oblige à revoir la taille de ses effectifs (aujourd’hui 800 personnes) pour qu’elle soit en adéquation avec le volume de ses activités. Thierry de Bailleul, directeur général (DG) de la compagnie a confirmé ce projet de réduction de personnel, lors d’une rencontre avec la presse, jeudi dernier : « la compagnie a besoin de tendre vers un effectif plus adapté à son activité ». La méthode se veut douce, sans «  brutalité sociale » et « de manière consensuelle », explique le DG (2424.mg). « Ce n’est pas dans notre mode de fonctionnement de prendre des décisions radicales. Nous allons faire les choses de la manière la plus consensuelle et la plus humaine possible. Nous allons le faire dans le dialogue et dans le respect des personnes. Nous sommes une compagnie de service, qui doit non seulement respecter ses clients mais également ses salariés », a-t-il soutenu. Il est notamment évoqué la solution des départs anticipés de la part de salariés de Madagascar Airlines et de sa filiale Tsaradia.

Madagascar Airlines va bénéficier d’un financement de la Banque Mondiale pour soutenir ce plan de restructuration dénommé Phenix 2030, via un prêt de 100 millions de dollars. La restructuration de la flotte avec l’acquisition de ces deux nouveaux avions ATR 72-500 en location s’inscrit ainsi dans la stratégie de redressement de la compagnie. Un seul type d’appareils, le 72-500 devra faciliter la maintenance et les économies d’échelle (donc pas question d’avions à réaction Embraer à ce jour, bien que la porte reste ouverte). Un autre problème réside dans le coût du carburéacteur à Madagascar, 30 % plus cher que sur d’autres plateformes de la région. « Faire entrer un jet est encore une option vu sa consommation de carburant. Nous ne pouvons pas nous le permettre tant que le prix du carburant à Madagascar ne baisse pas. Il est d’ailleurs hors de question d’augmenter encore le tarif avec cette charge d’exploitation », a expliqué Thierry De Bailleul pour justifier le choix de la compagnie.

Une première tranche de 25 millions sera mise en œuvre à travers le Projet de transformation économique pour une croissance inclusive (PIC 3), avec la possibilité d’un investissement ultérieur dédié au secteur aérien. Cette première tranche permettrait ainsi la réparation des avions déjà à la disposition de Madagascar Airlines en améliorant le service de maintenance ainsi que le processus de digitalisation au sein de la compagnie. Deux avions sont prévus entre mai et juillet, un autre en septembre, et le dernier attendu en janvier 2025, selon Thierry de Bailleul. Quand les six nouveaux ATR seront arrivés, il est prévu de restituer les plus anciens, qui ont été trop souvent été immobilisés ces derniers mois. A ce jour, deux ATR sont seulement opérationnels au sein de Madagascar Airlines.

Madagascar Airlines : réintègre l’IATA, nouveaux ATR et réduction de personnel 1 Air Journal