Le premier groupe de transport aérien européen Lufthansa (Lufthansa, Brussels Airlines, SWISS, Austrian…) a annoncé mardi avoir creusé sa perte nette au premier trimestre sur un an, contre les attentes des analystes, notamment en raison d’une hausse des coûts. Cela ne modifiera pas ses prévisions annuelles.
Le groupe allemand affiche un résultat net négatif de 885 millions d’euros sur le premier trimestre de l’année, période traditionnellement peu dynamique pour les compagnies aériennes. C’est à la fois une perte plus importante que l’an dernier (734 millions d’euros) et en dessous de ce que prévoyait le consensus d’analystes interrogés par la plateforme financière Factset, qui tablait sur une perte réduite, de seulement 248 millions d’euros.
Au premier trimestre 2025, le groupe Lufthansa a cependant enregistré une hausse de son chiffre d’affaires de 10 % par rapport à l’année précédente, atteignant 8,1 milliards d’euros (contre 7,4 milliards d’euros l’année précédente). Le groupe a bénéficié d’une hausse de 6% des ventes dans son activité transport de passagers pour atteindre 5,9 milliards d’euros (contre 5,6 milliards d’euros l’année précédente), grâce à une demande « toujours élevée » et à une légère augmentation du prix moyen des billets (+0,4%). Les rendements ont progressé de 0,4 % en moyenne sur un an, portés par une demande toujours élevée. Les recettes unitaires (RASK) ont progressé de 2,7 % par rapport à l’année précédente, en partie grâce à une baisse significative des indemnités versées aux passagers par rapport au premier trimestre de l’année précédente, marqué par la grève.
Mais le groupe a souffert d’une hausse de ses coûts. Les principaux facteurs de coûts ont été la hausse des redevances des partenaires du système, tels que le contrôle aérien (+19 %) et les aéroports, ainsi que la forte inflation des coûts des services de maintenance, explique-t-il dans un communiqué. De plus, le décalage des vacances de Pâques – une période de forte affluence -, tombée l’an dernier au premier trimestre, et cette année au deuxième, a eu un impact sur le bilan. Sans ce décalage, l’activité transport de passagers aurait « nettement amélioré » son résultat par rapport à l’année précédente, ajoute le communiqué.
Il faut noter que la demande de transport aérien à destination et en provenance de l’Amérique du Nord est restée soutenue au premier trimestre. Le nombre de passagers a augmenté de 7,1 % par rapport à l’année précédente. Les coefficients d’occupation des sièges ont également progressé par rapport à l’année précédente, avec un coefficient d’occupation des sièges supérieur de 0,7 point de pourcentage à celui de 2024. Le chiffre d’affaires moyen des vols à destination et en provenance de l’Amérique du Nord a également évolué positivement au premier trimestre, en hausse de 6,7 % par rapport aux trois premiers mois de l’année précédente.
La demande continue actuellement de croître aux États-Unis. En mars, les compagnies aériennes du groupe Lufthansa ont transporté environ 25 % de passagers supplémentaires des États-Unis vers l’Europe par rapport au même mois de l’année précédente.
Lufthansa Technik et Lufthansa Cargo
La demande de services de maintenance, de révision et de réparation, ainsi que d’autres produits proposés par Lufthansa Technik, reste élevée. Le chiffre d’affaires a progressé de 18 % par rapport à l’année précédente, pour atteindre 2,0 milliards d’euros (année précédente : 1,7 milliard d’euros). L’EBIT ajusté a progressé de 49 % pour atteindre un nouveau record de 161 millions d’euros (année précédente : 108 millions d’euros).
Dans le secteur logistique, la capacité a augmenté de 7 % grâce à l’extension de la capacité de fret des avions passagers, conséquence d’une nouvelle hausse du trafic et de l’ajout d’un Boeing 777 cargo. Les ventes ont également progressé de 9 %. Le chiffre d’affaires moyen a progressé d’environ 12 % par rapport au même trimestre de l’année précédente.
Le flux de trésorerie d’exploitation a progressé pour atteindre environ 1,8 milliard d’euros au premier trimestre (exercice précédent : 1,3 milliard d’euros). Cette évolution s’explique principalement par l’amélioration du fonds de roulement liée à la hausse saisonnière des ventes de billets. En tenant compte d’une baisse des investissements nets, le flux de trésorerie disponible ajusté s’est amélioré pour atteindre 835 millions d’euros (exercice précédent : 305 millions d’euros). Le Groupe a encore renforcé son bilan au premier trimestre 2025. La dette nette a diminué à 5,3 milliards d’euros par rapport à fin 2024 (31 décembre 2024 : 5,7 milliards d’euros). À fin mars 2025, la société disposait de liquidités totales de 11,4 milliards d’euros (31 décembre 2024 : 11,0 milliards d’euros).
S’il est constaté une forte volatilité actuellement, Till Streichert, Directeur Financier de Deutsche Lufthansa AG, reste confiant quant à la capacité du groupe « à atteindre un résultat annuel nettement supérieur à celui de l’année précédente. »
La demande mondiale de transport aérien reste forte. Le groupe Lufthansa prévoit donc une nouvelle saison estivale globalement dynamique. Les destinations de vacances les plus prisées sont les destinations méditerranéennes, notamment l’Espagne, l’Italie et la Grèce. La demande de voyages long-courriers reste également soutenue. Ceci s’applique également aux vols à destination et en provenance d’Amérique du Nord, où les ventes de billets au deuxième trimestre sont en hausse par rapport à l’année précédente.
Néanmoins, les incertitudes macroéconomiques, notamment les tensions commerciales entre les États-Unis, l’UE et d’autres régions, rendent difficile toute prévision précise pour les trimestres à venir. « La visibilité pour le troisième trimestre reste limitée », affirme le groupe.
Le groupe Lufthansa a mis en place un groupe de travail chargé de suivre de près l’évolution actuelle et, si nécessaire, de réagir rapidement et avec souplesse à tout affaiblissement de la demande, par exemple en ajustant ses capacités. L’entreprise estime également que les évolutions potentielles du marché offrent des opportunités. Par exemple, une nouvelle baisse des prix du kérosène pourrait compenser les fluctuations temporaires de la demande. Malgré les incertitudes, le groupe Lufthansa confirme ses prévisions pour l’ensemble de l’année avec un résultat d’exploitation (EBIT ajusté) nettement supérieur à celui de l’année précédente (1 645 millions d’euros).
En plus de la compagnie Lufthansa, le groupe Lutthansa comprend les compagnies Austrian, Brussels, Discover, Eurowings, Swiss, Lufthansa Technik, sa division MRO et Lufthansa Cargo. Et depuis janvier, ITA Airways, grâce à l’acquisition auprès de l’État italien d’une part minoritaire de 41% de la compagnie publique italienne.
« La demande mondiale de transport aérien continue de croître », a commenté Carsten Spohr, Président du Directoire et PDG de Deutsche Lufthansa AG. « Malgré les incertitudes géopolitiques, nous maintenons le cap de la croissance, sommes optimistes pour l’été et maintenons nos perspectives positives pour 2025. Au premier trimestre, nos compagnies aériennes ont pu vendre leurs capacités accrues à des rendements plus élevés sur le marché. Notre chiffre d’affaires a progressé de 10 % par rapport à l’année précédente, grâce à la solide performance de Lufthansa Cargo et de Lufthansa Technik. Sur l’Atlantique Nord, le nombre de passagers a augmenté de plus de 7 % au premier trimestre, grâce à des coefficients de remplissage plus élevés et de meilleurs rendements. La demande reste soutenue au deuxième trimestre. Je suis heureux que nos passagers bénéficient d’une ponctualité et d’une stabilité nettement améliorées, notamment grâce à notre marque phare, Lufthansa. Sur le plan opérationnel, nous avons réalisé notre meilleur début d’année depuis dix ans. »
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