Le 17 février 2024, un Airbus A321 de Lufthansa, reliant Francfort à Séville, a volé sans surveillance pendant dix minutes, le copilote perdant connaissance dans le cockpit alors que le commandant de bord étant aux toilettes.

Selon un rapport de la Commission d’enquête des accidents et incidents aériens espagnole (CIAIAC) rendu public vendredi, le commandant de bord a quitté le cockpit pour se rendre aux toilettes juste au moment où l’Airbus A321 pénétrait l’espace aérien espagnol, laissant le premier officier aux commandes alors que le vol approchait de sa dernière demi-heure pour atteindre Séville. Huit minutes plus tard, le commandant n’a pas pu retourner dans le cockpit car son copilote a perdu connaissance entretemps.

L’avion était alors à à 10 600 mètres d’altitude, avec 199 passagers et six membres d’équipage à bord. Il poursuivait sa route, grâce au pilotage automatique déjà enclenché. Le commandant de bord a tenté alors d’entrer le code d’ouverture de la porte du cockpit, tandis qu’un agent de bord tentait de contacter le copilote par l’interphone. Finalement, le copilote a pu récupérer suffisamment pour ouvrir lui-même la porte.

L’équipage de cabine et un médecin, qui voyageait en tant que passager, ont administré les premiers soins au copilote, « pâle et en sueur » , tandis que le commandant de bord s’est dérouté vers l’aéroport de Madrid, le plus proche à ce moment-là. A l’atterrissage, le copilote a été transporté à l’hôpital. Son « incapacité soudaine et grave » était le résultat d’un trouble épileptique causé par une affection neurologique, selon la CIAIAC.

Cet incident rappelle malheureusement le crash de l’Airbus A320 de Germanwings dans les Alpes françaises, le 24 mars 2015. Le copilote Andreas Lubitz, âgé de 27 ans, avait intentionnellement verrouillé le commandant de bord hors du cockpit pendant que ce dernier était sorti. Il avait ensuite initié une descente contrôlée de l’avion jusqu’à le crasher contre une montagne près de Digne-les-Bains, tuant les 150 personnes à bord. A la suite du « suicide » d’Andreas Lubitz, de nouvelles réglementations ont été adoptées, notamment l’adoption d’un code d’urgence pour ouvrir la porte du cockpit et la recommandation (mais pas l’obligation) d’avoir au moins deux membres d’équipage présents dans le cockpit à tout moment (règle des « deux personnes »), soit deux pilotes, soit un pilote en présence d’un personnel de cabine en l’absence de l’autre pilote. 

Lufthansa : le commandant aux toilettes, le copilote inconscient, l'avion vole sans pilote pendant 10 minutes 1 Air Journal

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