Les incivilités à bord des avions sont en nette augmentation, particulièrement depuis la fin de la crise sanitaire liée au Covid-19. Selon les données de l’Association internationale du transport aérien (IATA), les incidents impliquant des passagers indisciplinés sont passés d’un incident tous les 835 vols en 2021 à un tous les 568 vols en 2022, soit une hausse de 37 %. En France, la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) rapporte une augmentation de 70 % des incidents entre 2021 et 2024, avec 1 781 cas signalés en 2024 contre 1 050 en 2021. Ce phénomène touche l’ensemble des compagnies aériennes à l’échelle mondiale et représente une préoccupation croissante pour la sécurité et le confort des vols.

Facteurs contribuant à cette hausse
Plusieurs raisons expliquent cette augmentation :
Stress lié au voyage : Les longues attentes, les contrôles de sécurité et la peur de voler peuvent exacerber les tensions.

Espace réduit : La densification des sièges dans les avions, notamment dans les classes économiques, augmente les frustrations liées au manque d’espace personnel.

Consommation d’alcool : L’abus d’alcool, souvent acheté en duty-free ou consommé avant l’embarquement, est une cause majeure de comportements perturbateurs. Les effets de l’alcool sont amplifiés en altitude en raison de la pressurisation de la cabine.

Changements sociétaux : Certains observateurs notent une baisse générale de la civilité et une montée du sentiment de « client-roi », exacerbée par la démocratisation des voyages aériens.

Post-Covid : La pandémie a accentué les tensions, notamment en raison des restrictions comme le port du masque, bien que leur levée n’ait pas réduit les incidents.

Comportements à éviter
Pour garantir la sécurité et le confort de tous à bord, voici les comportements à proscrire, basés sur les données et les réglementations en vigueur :

Non-respect des consignes de sécurité :
Refuser d’attacher sa ceinture de sécurité lorsque demandé.

Ignorer les instructions du personnel navigant, comme ranger les bagages ou rester assis.

Utiliser des appareils électroniques ou électriques après interdiction.

Consommation d’alcool non autorisée :
Consommer de l’alcool personnel à bord (seul l’alcool servi par l’équipage est autorisé).

Embarquer en état d’ébriété, ce qui peut entraîner un refus d’embarquement.

Usage de cigarettes ou vapoteuses :
Fumer des cigarettes classiques ou électroniques à bord est strictement interdit, car cela peut compromettre la sécurité (risque d’incendie).

Comportements agressifs ou perturbateurs :
Insultes, intimidations ou remarques sexistes/racistes envers l’équipage ou les autres passagers.

Agressions verbales ou physiques, qui, bien que rares (1 incident tous les 17 200 vols), sont en hausse de 61 % depuis 2021.

Bagarres entre passagers, souvent liées à des différends sur l’espace (inclinaison des sièges, accoudoirs).

Excès de bagages ou non-respect des règles de cabine :
Dépasser la franchise de bagages à main ou refuser de placer un bagage en soute.

Encombrer l’espace commun avec des affaires personnelles.

Comportements bruyants ou envahissants :
Parler fort, écouter de la musique sans écouteurs ou adopter des comportements gênants (ex. : poser les pieds sur les sièges).

Faire des « blagues » inappropriées, comme mentionner une bombe, pouvant entraîner des retards ou des sanctions graves.

Conséquences des incivilités
Les comportements perturbateurs peuvent avoir des conséquences sérieuses :
Sanctions financières : En France, une amende administrative de 10 000 € (doublée en cas de récidive) peut être infligée pour non-respect des consignes ou entrave aux missions de l’équipage. Les infractions graves sont passibles de 75 000 € d’amende et jusqu’à 5 ans de prison.

Interdiction de vol : Les compagnies peuvent blacklister les passagers perturbateurs, les empêchant de voyager avec elles, parfois pendant 4 ans.

Déroutement de l’avion : Les incidents graves peuvent entraîner un atterrissage d’urgence, avec des coûts importants pour la compagnie (ex. : Ryanair a réclamé 15 000 € à un passager pour un déroutement).

Poursuites judiciaires : Le Protocole de Montréal (2014), ratifié par 47 pays dont la France, permet de poursuivre les fauteurs de troubles dans le pays d’atterrissage, mais 60 % des cas échappent encore aux poursuites en raison de lacunes juridiques internationales.

Mesures prises par les compagnies et autorités
Formation du personnel : Les équipages sont formés à la gestion de crise, à la psychologie et parfois à l’autodéfense. Les avions sont équipés de menottes en plastique pour immobiliser les passagers violents.

Prévention : Sensibilisation des passagers via des campagnes (ex. : vidéo de l’EASA et IATA) et formation des employés des boutiques duty-free pour limiter la vente excessive d’alcool.

Renforcement législatif : En France, depuis 2022, des sanctions administratives et pénales spécifiques ciblent les passagers perturbateurs. Aux États-Unis, la FAA applique une tolérance zéro avec des amendes cumulées de 8,4 millions de dollars en 2023.

Listes noires : Certaines compagnies, comme Delta Airlines, plaident pour une liste noire nationale pour interdire les fauteurs de troubles sur tous les vols.

Recommandations pour les passagers :
Respectez les consignes de l’équipage et les règles de sécurité.
Limitez votre consommation d’alcool avant et pendant le vol.
Soyez courtois envers le personnel et les autres passagers, même en cas de frustration.
Signalez tout comportement inapproprié au personnel navigant plutôt que d’intervenir vous-même.

En résumé, la hausse des incivilités à bord des avions est un problème mondial multifactoriel, exacerbé par l’alcool, le stress et les conditions de voyage. Adopter un comportement respectueux et suivre les consignes est essentiel pour assurer la sécurité et le confort de tous.