Les aéroports déploient diverses stratégies et technologies pour contrer la menace des drones, qui peuvent perturber le trafic aérien ou représenter un danger pour la sécurité. Voici les principaux moyens utilisés :
Détection des drones
Radars anti-drones : Des radars spécifiques, comme les radars holographiques, détectent les drones dans un rayon de plusieurs kilomètres, même les plus petits. Par exemple, le système HOLOGARDE, développé par Aéroports de Paris (ADP) et testé au Bourget, utilise un radar holographique, une caméra, et des capteurs radiofréquences pour une détection précise dans un rayon de 5 km.
Systèmes radiofréquences : Ces systèmes captent les signaux émis par les drones ou leurs télécommandes, permettant de localiser à la fois le drone et son pilote. Des solutions comme celle de CerbAir repèrent simultanément le drone et l’opérateur en analysant la puissance du signal.
Capteurs infrarouges : Des systèmes comme Spynel d’HGH Infrared Systems utilisent des caméras panoramiques infrarouges pour détecter et classifier les drones, même en essaim, grâce à une détection 3D passive qui évite les interférences électromagnétiques.
Intégration de l’IA et ADS-B : Des solutions comme celles d’Aerial Armor combinent l’intelligence artificielle et l’intégration des données ADS-B pour une surveillance en temps réel de l’espace aérien, avec une portée couvrant l’ensemble de l’aéroport.
Neutralisation des drones
Brouillage des fréquences : Les brouilleurs interrompent les communications entre le drone et son pilote, forçant le drone à se poser ou à rester en vol stationnaire jusqu’à l’épuisement de sa batterie. Des systèmes comme BOREADES (utilisé par l’armée française) ou les fusils brouilleurs Nerod de MC2 Technologies sont efficaces, mais leur usage est limité près des aéroports pour éviter de perturber les systèmes de navigation aérienne.
Leurrage : Cette méthode consiste à pirater le drone pour en prendre le contrôle, une technique réservée aux services de l’État en France en raison de contraintes juridiques.
Interception physique : Des filets lancés par des fusils ou des drones intercepteurs peuvent capturer les drones. Cette méthode est adaptée à basse altitude, mais risquée près des pistes en raison des débris potentiels.
Lasers : Des systèmes à énergie dirigée, comme ceux développés par Cilas, peuvent neutraliser les drones en les brûlant, mais leur usage est principalement militaire et évité près des aéroports pour des raisons de sécurité (risque d’incendie ou de dommages collatéraux).
Réglementation et prévention
Géo-zones et restrictions : Les aéroports sont protégés par des zones interdites aux drones (No Fly Zones), souvent intégrées dans les logiciels des drones par les fabricants comme DJI (geofencing). Cependant, ces restrictions peuvent être contournées par des modifications du micrologiciel.
Enregistrement des drones : En France, les drones de plus de 250 g doivent être enregistrés auprès de la DGAC, avec un numéro d’exploitant visible sur l’appareil. Cela facilite l’identification des pilotes en cas d’incursion.
Autorisations préalables : Les vols près des aéroports nécessitent des autorisations spécifiques, réservées aux professionnels avec des protocoles stricts impliquant la tour de contrôle et les autorités locales.
Coopération et formation :
Partenariats : Des collaborations, comme celle entre l’Armée de l’Air, le CNES, et ADP, permettent de partager des technologies et des expériences pour améliorer la détection et la neutralisation. Par exemple, le système BASSALT, développé avec HOLOGARDE, est utilisé pour sécuriser les aéroports parisiens.
Formation des équipes : Les aéroports forment leur personnel à reconnaître et gérer les menaces de drones. Des exercices, comme ceux réalisés avec le système HOLOGARDE au Bourget, permettent de tester l’efficacité des technologies.
Limites et défis
Les brouilleurs peuvent perturber les systèmes de navigation aérienne, rendant leur usage délicat près des aéroports.
Les radars actifs peuvent confondre les drones avec des oiseaux, et les systèmes radiofréquences génèrent parfois de fausses alertes.
Les drones autonomes, sans signaux radio, sont plus difficiles à détecter.
La réglementation interdit aux agents de sécurité privée en France de neutraliser les drones, limitant cette tâche aux autorités étatiques.
En conclusion, les aéroports combinent détection avancée (radars, capteurs infrarouges, radiofréquences), neutralisation ciblée (brouillage, leurrage, interception), et mesures réglementaires pour contrer les drones. Cependant, les solutions doivent être adaptées pour ne pas interférer avec les opérations aériennes, et la menace croissante des drones autonomes ou en essaim nécessite des innovations continues.
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