Chaque été, les aéroports tournent à plein régime. En 2024, plus de 28 millions de passagers ont transité par les plateformes françaises entre juin et août, et tout indique que l’été 2025 battra ce record puisque depuis le début de l’année, le trafic est en hausse de 4,6 % par rapport à 2024, dépassant même les niveaux de 2019.

Daniel Crowe, vice-président Europe du Sud & Benelux chez NETSCOUT, spécialiste de la sécurité des réseaux informatiques, explique que l’environnement aéroportuaire est un écosystème ultra-connecté, fragmenté et vulnérable : un simple dysfonctionnement technique, qu’il soit interne ou externe, peut provoquer une réaction en chaîne aux conséquences opérationnelles majeures, notamment durant la période estivale.

Pour mieux anticiper ces situations critiques et renforcer la résilience globale, l’observabilité réseau s’impose comme un levier stratégique : elle permet de comprendre, diagnostiquer et réagir au plus vite. L’expert de NETSCOUT précise que, dans ce contexte, l’observabilité dépasse la simple gestion de performance. Elle devient un outil clé pour détecter les signaux faibles d’une attaque de pirates, soutenir l’IA et garantir la continuité des opérations dans un environnement critique. 

Daniel Crowe détaille son analyse : « Quand le trafic s’intensifie, la moindre défaillance, qu’il s’agisse de lenteur réseau, de panne applicative ou surcharge système, peut désorganiser tout un terminal. Pour les équipes IT, la haute saison n’est pas une simple montée en charge : c’est un test grandeur nature. Comment maintenir la fluidité des opérations sans interruption, et réagir rapidement lorsqu’un incident survient dans un environnement aussi dense et interconnecté ?

Des effets en chaîne, même sans panne interne
Même lorsque l’origine du dysfonctionnement ne relève pas directement des systèmes aéroportuaires, ses répercussions sont immédiates. Cela a d’ailleurs été le cas le 18 mai dernier pour l’aéroport Paris-Orly. À la suite d’une panne concernant le contrôle aérien, de nombreux vols ont été annulés et les compagnies aériennes ont interrompu leurs programmes de vol de 40 % sur la demande de la DGAC. Cet exemple illustre la nécessité, pour les équipes IT, d’obtenir une visibilité étendue sur l’ensemble de l’écosystème numérique.

Une telle interruption peut avoir de lourdes conséquences sur des services majeurs tels que les guichets d’enregistrement, l’accès au Wi-Fi et aux applications mobiles, les systèmes de bagages, les commerces et la restauration ou encore la sécurité et les douanes. Les files d’attente peuvent s’allonger, des ralentissements de paiement survenir, l’accès aux informations de vols devenir difficile, ou encore des systèmes essentiels, comme le contrôle automatique des passeports, se retrouver hors service.

Dans certains cas, les équipes sont même contraintes de reprendre la main manuellement, dans un contexte déjà tendu.

Un environnement fragmenté, soutenu par des systèmes interconnectés
L’environnement informatique des aéroports d’aujourd’hui est un maillage de données dans des systèmes interconnectés et des microenvironnements. Chaque système a ses propres besoins pour être performant ainsi que ses propres dépendances, et chaque microenvironnement correspond à une zone de fonction spécifique, accompagnée de son propre terrain numérique. D’un parking de stationnement et comptoir de tickets, en passant par des tours de contrôle du trafic aérien ou des terminaux internationaux : ces microenvironnements sont soutenus par des sites, applications et services tiers qui doivent fonctionner correctement.

Quand quelque chose ne fonctionne pas, il est fastidieux de déterminer le début de la panne, les systèmes affectés et à quel point l’impact s’est diffusé. C’est ainsi que les retards augmentent, les clients sont frustrés et les services commencent à s’effondrer.

Observer pour comprendre, diagnostiquer et réagir plus vite
Obtenir un tel niveau de coordination est complexe. L’intelligence artificielle peut apporter un soutien utile sur certains cas d’usage, à condition d’avoir une base de données suffisamment fiable pour fonctionner. Or, ces données ne sont accessibles que si les systèmes sont observables. Sans cela, l’IA ne peut pas aider. L’observabilité réseau reste donc une condition préalable, avant même de parler d’automatisation ou d’optimisation.

Observer la performance des systèmes individuellement et à travers les zones, au niveau des paquets, est la solution permettant aux équipes informatiques d’accélérer le diagnostic et ainsi augmenter leurs chances d’identifier avec précision les causes à l’origine de la panne et continuer à faire fonctionner les opérations sans accroc. Du fait de leur localisation hors des zones critiques, les équipes IT ont besoin d’une visibilité de bout en bout sur chaque périphérique réseau clé pour anticiper les incidents et intervenir rapidement.

Adopter cette approche revient à réduire le temps diagnostic (MTTK – Mean Time To Knowledge), ce qui, par conséquent, réduit le temps alloué à la résolution de problème (MTTR – Mean Time To Resolution). Cette optimisation est essentielle pour restaurer rapidement les services aéroportuaires et minimiser les perturbations. En adoptant une stratégie d’observabilité réseau, les équipes IT sont plus opérationnelles : cela impacte non seulement l’expérience client sur place – moins d’interruptions de service – mais également les avantages commerciaux par l’acquisition d’une meilleure satisfaction client, donc d’une meilleure fidélisation.

L’observabilité comme socle de résilience collective
Le bénéfice majeur de cette stratégie reste la résilience opérationnelle. Si les aéroports s’appuient aujourd’hui sur des services IT internes robustes, ils demeurent fortement dépendants de fournisseurs tiers et exposés à des aléas extérieurs. Outre les pannes techniques, les cybermenaces représentent un risque croissant pour la continuité des opérations. Des groupes comme Scattered Spider ciblent désormais l’ensemble de l’écosystème aérien (compagnies, sous-traitants, prestataires technologiques), comme l’a récemment souligné le FBI dans une alerte adressée aux acteurs du secteur.

Dans ce contexte, l’observabilité réseau dépasse la simple gestion de performance : elle constitue un socle indispensable pour anticiper les anomalies, détecter les signaux faibles d’une attaque, et maintenir la fluidité des services, même en période de tension. Elle devient ainsi un instrument de résilience partagée, à l’échelle de l’ensemble de la chaîne aéroportuaire ».

Avis d'expert : l'observabilité réseau pour prévenir les pannes informatiques dans les aéroports 1 Air Journal

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