Face à une indignation publique grandissante, la compagnie taïwanaise EVA Air a présenté ses excuses pour une erreur jugée indécente : la demande d’un certificat médical adressée à une hôtesse de l’air décédée après avoir, selon plusieurs témoignages, été contrainte de travailler malgré une dégradation rapide de son état de santé.
Déjà sous le feu des critiques après le décès, fin septembre, d’une jeune hôtesse de 32 ans à bord d’un vol long-courrier Milan–Taipei, EVA Air s’est enfoncée un peu plus dans la controverse en réclamant, quelques jours plus tard, un certificat médical à la défunte. Selon le média Paddle Your Own Kanoo (PYOK), la famille, encore sous le choc, a reçu une lettre officielle exigeant de prouver la maladie de leur fille. L’entreprise a ensuite reconnu une « erreur humaine » imputée à « un employé administratif inexpérimenté ». Une explication jugée insuffisante par l’opinion publique taïwanaise.
Une hôtesse contrainte de travailler malgré son état
Le drame s’est noué lors du vol BR-95 du 25 septembre entre Milan et Taipei. L’hôtesse, déjà affaiblie à l’aller, aurait informé son encadrement qu’elle se sentait mal dès le retour. Selon plusieurs sources internes citées par la presse locale, sa responsable de cabine aurait refusé d’appeler la plateforme médicale Medlink, pourtant dédiée à ce type d’urgences, et lui aurait ordonné de poursuivre le service pendant les treize heures de vol.
À l’arrivée à Taipei, la cheffe de cabine aurait également refusé de demander une ambulance. L’hôtesse a dû traverser l’aéroport seule avant d’être finalement transportée à l’hôpital, où elle est décédée peu après.
Pression hiérarchique et réforme annoncée
Sous la pression du ministère taïwanais du Travail et du syndicat des hôtesses et stewards de Taoyuan, EVA Air a annoncé une révision immédiate de sa politique d’absences. « Aucun membre du personnel navigant ne sera désormais sanctionné pour un congé maladie », a déclaré la compagnie dans un communiqué cité par la presse locale. Cette promesse vise à mettre fin à une pratique dénoncée depuis des années : la peur des sanctions ou des notations négatives en cas d’arrêt maladie. D’après le syndicat, « de nombreux employés continuaient de voler malgré un état de santé incompatible avec leurs fonctions ».
Le transporteur, basé à Taipei et considéré comme l’un des plus prestigieux d’Asie en matière de service à bord, fait aujourd’hui face à une crise de réputation majeure. Si EVA Air assure avoir ouvert une enquête interne pour déterminer les responsabilités dans la mort de sa salariée, l’affaire met en lumière une culture d’entreprise où la discipline semble parfois primer sur la sécurité et la santé du personnel.
EVA Air a conclu son communiqué en présentant « ses plus sincères excuses à la famille endeuillée » et en promettant de revoir ses procédures pour que « de telles erreurs ne puissent plus se reproduire ».

Gsb a commenté :
19 octobre 2025 - 21 h 07 min
Très déçu d’Eva Air, qui semblait une compagnie de qualité. Mais si les conditions de travail sont telles qu’elles peuvent conduire à la non prise en compte d’un état de santé aussi grave conduisant à un tragique décès c’est non seulement inacceptable humainement mais pousse à s’interroger sur la sécurité non seulement des équipages mais également des passagers. SI des équipes sont obligés de voyager malade cela met les passagers en danger si la maladie est transmissible. Et si les équipages ne sont pas au top de leur forme ils seront également nettement moins réactifs en cas d’urgence. Grosse faille de sécurité, je suis surpris que cet ange là ne soit pas plus développé. Même s’il est nécessaire de parler de l’humain avant tout il ne faut pas non plus mettre sous le tapis tout ce que cela implique niveau sécurité générale
Bencello a commenté :
21 octobre 2025 - 15 h 13 min
Etonnant que l’IATA, pourtant productive en normes diverses et variées, nait pas jugé bon de se prononcer sur l’aspect santé des employés.
TOUTES les compagnies dignes de ce nom devraient avoir une procédure médicale pour leurs personnels qui ne nécessite pas le passage par un supérieur. Imaginez-vous une seconde demander l’autorisation de votre responsable pour appeler votre médecin ?