La Corse tente un pari inédit : subventionner 250 000 billets d’avion pour relancer son tourisme hors saison. À partir du 1er novembre 2025, la Collectivité de Corse subventionnera des vols opérés par Air Corsica et Volotea sur douze lignes aériennes reliant plusieurs villes françaises à l’île de Beauté.
L’opération, estimée à 2,5 millions d’euros par an, vise à étaler les flux de visiteurs sur l’année et à réduire la dépendance économique au pic estival. Selon Gilles Simeoni, président du Conseil exécutif de Corse, cette initiative « innovante en Europe » repose sur un mécanisme d’« achat public de flux aériens » destiné à combler les fauteuils vides des compagnies aériennes pendant l’hiver. La Collectivité devient ainsi « acquéreur d’un volume de passagers à destination de la Corse », tout en maintenant la concurrence entre compagnies aériennes. À terme, les autorités locales espèrent générer jusqu’à 100 millions d’euros de retombées économiques annuelles et 7 millions de nuitées supplémentaires sur quatre ans.
Des prix habituellement élevés
En temps normal, se rendre en Corse représente un budget conséquent pour les voyageurs. L’insularité, les coûts logistiques et la concentration du trafic en été expliquent cette cherté. Le manque de concurrence sur certaines liaisons, le coût du carburant et les taxes aéroportuaires accentuent encore les tarifs. En haute saison, les compagnies remplissent leurs avions sans recourir à des promotions, entraînant des prix bien supérieurs à la moyenne nationale. Cette dynamique nourrit le contraste entre les mois d’été — saturés — et ceux d’hiver, où certaines lignes sont suspendues ou opérées à perte. À travers ce dispositif, la Collectivité entend casser ce cercle vicieux : la rareté des vols en hiver augmente les coûts, ce qui décourage les visiteurs, ce qui à son tour confirme la baisse de la demande.
Un trafic en progression, concentré l’été
En 2024, la Corse a accueilli 8,4 millions de passagers dans ses ports et aéroports, soit une hausse de 2% sur un an. L’avion représente plus de la moitié du trafic annuel (53%), Ajaccio étant le principal aéroport de l’île avec 4,4 millions de passagers. En revanche, les ferries dominent les mois d’été, notamment en août où 58% des voyageurs arrivent par la mer.
Le tourisme reste un pilier économique majeur, représentant environ 39% du PIB insulaire, soit quatre fois plus que la moyenne française. Le défi pour les autorités locales reste d’atténuer une saisonnalité extrême : en août, la population de l’île peut pratiquement doubler, alors que l’hiver voit de nombreux établissements touristiques fermer leurs portes.
Une opération test pour repenser le modèle touristique
En subventionnant directement des vols, la Corse espère séduire une clientèle française plus large et redonner vie à ses villages, hôtels et restaurants durant la basse saison. Cette expérience servira de test grandeur nature pour d’autres régions insulaires européennes confrontées aux mêmes contraintes.
L’objectif affiché est double : répartir la manne touristique sur l’ensemble de l’année, tout en préservant le cadre de vie des résidents. Car le succès du tourisme estival, s’il dynamise l’économie, met aussi à rude épreuve les infrastructures, les ressources naturelles et le logement local.

@aéroport de Bastia-Poretta
Nourry Bruno a commenté :
26 octobre 2025 - 14 h 52 min
Vous voulez plutôt dire que la Corse a un trafic aérien de 4,4 millions de passagers dans ses quatre aéroports… ce n’est pas Ajaccio seul !