Depuis le 30 octobre 2025, les compagnies aériennes opérant en Afrique de l’Ouest et du Centre peuvent désormais choisir leurs trajectoires de vol optimales grâce à la mise en œuvre complète de l’espace aérien à routes libres (Free Route Airspace – FRA).

Cette initiative historique, pilotée par l’Association des compagnies aériennes africaines (AFRAA) et soutenue par la Banque Africaine d’Import-Export (Afreximbank), marque un tournant décisif pour l’efficacité, la durabilité et la compétitivité du transport aérien africain.

L’introduction opérationnelle du Free Route Airspace (FRA) dans la région WACAF — qui regroupe 24 États africains — concrétise une avancée technologique et réglementaire majeure. Désormais, les compagnies aériennes ne sont plus contraintes de suivre des routes fixes prédéfinies : elles peuvent planifier les trajectoires les plus directes et économes en carburant (User Preferred Routes ou UPR), ajustées selon la météo et les vents. « La mise en œuvre de l’espace aérien à routes libres dans la région WACAF change la donne pour l’aviation africaine », souligne Abdérahmane Berthé, Secrétaire général de l’AFRAA. « En réduisant les temps de vol et la consommation de carburant, nous renforçons non seulement la rentabilité des compagnies africaines, mais aussi leur engagement environnemental. »

Des gains mesurables pour les compagnies aériennes

Ce passage au FRA s’est traduit dès la phase d’essai, entre 2023 et 2025, par des résultats probants. Six compagnies — Ethiopian Airlines, Kenya Airways, Egyptair, Royal Air Maroc, RwandAir et ASKY Airlines — ont relié plus de 30 paires de villes africaines via des routes optimisées.
Le passage aux UPR devrait générer des rendements annuels importants pour les compagnies aériennes participantes, notamment plus de 1 393 heures de vol cumulées économisées, réduisant ainsi 5 000 tonnes métriques de consommation de carburant et évitant quelque 16 000 tonnes métriques d’émissions de CO2, tout en diminuant les coûts annuels du carburant d’environ 15 millions de dollars.

Le succès du programme repose sur une collaboration étroite entre les prestataires de services de navigation aérienne (ANSP) d’Afrique de l’Ouest et du Centre, regroupés sous la coordination de l’ASECNA (Agence pour la Sécurité de la Navigation Aérienne en Afrique et à Madagascar).
Des organismes clés tels que la Ghana Civil Aviation Authority (GCAA), la Nigerian Airspace Management Agency (NAMA) ou encore la Roberts FIR ont joué un rôle essentiel dans la standardisation des procédures et la validation technique du concept FRA.

L’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), l’Association du transport aérien international (IATA) et l’Organisation des services de navigation aérienne civile (CANSO) ont également accompagné le projet dans le cadre du plan mondial de navigation aérienne (GANP).

Partenaire stratégique de longue date de l’AFRAA, Afreximbank a soutenu la mise en œuvre du FRA dès la phase pilote. « Des services aériens efficaces, sûrs et bien régulés sont essentiels pour stimuler le commerce intra-africain et la connectivité régionale », déclare Kanayo Awani, vice-présidente exécutive d’Afreximbank.
L’institution financière panafricaine inscrit ce projet dans le cadre du Marché unique du transport aérien africain (SAATM) et de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), deux piliers majeurs de l’intégration économique du continent.

Un ciel libre pour tous dès 2026

Depuis l’entrée en vigueur du FRA le 30 octobre, toute compagnie aérienne peut soumettre une demande d’UPR, approuvée sous 48 heures par les ANSP régionaux. Une fois les dernières formalités administratives achevées en 2026, ces demandes ne nécessiteront plus d’autorisation préalable, ouvrant la voie à un espace aérien véritablement libéralisé.

Cette approche est amenée à s’étendre au reste du continent. Après la région WACAF, les travaux se poursuivent pour déployer le concept FRA en Afrique orientale et australe (FASR), une phase clé prévue pour 2026.

En permettant aux aéronefs d’emprunter les trajectoires les plus optimales, le FRA constitue une étape essentielle vers la modernisation du transport aérien africain.
L’initiative s’inscrit dans un mouvement mondial de décarbonation et d’efficacité opérationnelle déjà adopté en Europe et dans plusieurs parties de l’Asie. Pour l’Afrique, il s’agit d’un levier concret pour renforcer la compétitivité, la connectivité et la durabilité d’un secteur qui transportera, selon l’IATA, plus de 300 millions de passagers par an d’ici 2040.

L’Afrique de l’Ouest et du Centre prennent leur envol avec le ciel à routes libres 1 Air Journal

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