La Cour des comptes met en cause le régime complémentaire de retraite des pilotes et des personnels de cabine, jugé à la fois «coûteux» et «très favorable aux affiliés», tout en appelant à des réformes pour en assurer la pérennité. Elle pointe un équilibre financier fragile, lié notamment aux départs anticipés et à des problèmes de gouvernance au sein de la caisse dédiée.
Dans son rapport, la Cour des comptes s’intéresse à la Caisse de retraite complémentaire du personnel navigant (CRPN), qui couvre les pilotes, hôtesses et stewards. Elle décrit un régime marqué par des prestations «bien supérieures à celles versées par l’Agirc-Arrco» pour les autres salariés du privé. Les Sages soulignent que ce régime offre des avantages significatifs, en particulier en matière d’âge de départ et de niveau de pension, qui le distinguent nettement du régime général. Selon eux, cette générosité contribue à «fragiliser la pérennité du régime face à d’éventuelles variations économiques ou démographiques défavorables».
Départs anticipés et pression sur les réserves
Le rapport insiste sur la possibilité de partir à la retraite dès 55 ans, sous conditions, en percevant la retraite complémentaire ainsi qu’«une prestation de majoration» pour compenser l’absence de droits du régime général jusqu’à l’âge légal. En pratique, les pilotes liquident leur retraite en moyenne à 62 ans et les personnels navigants commerciaux à 58,5 ans, contre 63,4 ans pour l’ensemble des assurés du régime général.
La Cour anticipe une «vague anticipée de départs à la retraite», alimentée par l’attractivité du dispositif, qui entraîne une forte consommation des réserves. Si la CRPN compte environ 36 000 actifs pour 25 000 cotisants, et peut encore, «à court terme», stabiliser ses comptes grâce «au rendement élevé de ses réserves», cette situation reste jugée «très fragile».
Prestations élevées et déséquilibre cotisations/prestations
Au-delà de l’âge de départ, la Cour met en avant le niveau des pensions complémentaires versées aux navigants. Elle rappelle que «le montant des prestations est bien supérieur à celui des pensions complémentaires versées aux autres salariés par l’Agirc-Arrco», en raison notamment de niveaux de rémunération plus élevés au cours de la carrière.
Cette générosité se traduit par un déséquilibre structurel entre cotisations et prestations, partiellement compensé par le rendement des réserves financières. La Cour prévient toutefois que la consommation accélérée de ces réserves pourrait mettre en cause la capacité du régime à absorber de futurs chocs économiques ou démographiques.
Gouvernance critiquée et réformes préconisées
Les Sages ne se limitent pas au diagnostic financier et s’attardent aussi sur la gouvernance du régime. Ils recommandent «d’adapter les paramètres du régime» et de «modifier la composition du conseil d’administration», afin de renforcer la représentation des hôtesses, stewards et des femmes, tout en consolidant le pouvoir de la direction générale.
La Cour note que «les règles déontologiques ne sont pas rigoureusement appliquées», évoquant des manquements en matière de confidentialité des délibérations et de conflits d’intérêts. Elle pointe en particulier «le remboursement, sans véritable contrôle, de frais de déplacement au président du conseil d’administration pour un montant significatif», alors même que la CRPN n’est pas en mesure d’attester sa présence physique aux réunions.

©Air France
Sam a commenté :
14 décembre 2025 - 9 h 25 min
Effectivement, une caisse de retraite autonome, à l’équilibre car bien gérée et qui sert des pensions confortables, c’est vraiment scandaleux.
Au fait, et la retraite des personnels de la cour des comptes, personne ne fait de rapport ?
declo77 a commenté :
14 décembre 2025 - 10 h 08 min
et les retraites des politiques, on en parle?
14 décembre 2025 - 12 h 31 min
👏👏👏👏👏👏
Mosquito a commenté :
14 décembre 2025 - 10 h 15 min
La cour des comptes ferait mieux de regarder le deficit chronique des caisses de retraite SNCF RATP ouvriers d’état etc….. deficit en partie comblé par les impots des contribuables.
Ah Bon ? a commenté :
14 décembre 2025 - 14 h 10 min
si vous le voulez…
https://www.ccomptes.fr/fr/publications/les-regimes-speciaux-de-retraite-de-la-ratp-de-la-sncf-et-des-industries-electriques
bonne lecture
Joshua a commenté :
14 décembre 2025 - 11 h 38 min
Tous les commentaires que nous verrons ici seront très probablement ceux des pilotes et retraités pilotes qui jusque là vivaient cachés, pas facile d’être en pleine lumière.
Et le fait de dire “regardez les députés, conducteurs de train et autres corporations” n’est peut-être pas faux mais cela n’enlève rien à leur situation de privilégié.
Il faut cependant leur reconnaître le mérite d’avoir fait des grèves récurrentes au bon moment, ce qui a permis de consolider leur situation et de faire peur aux gouvernements 🙂
Mosquito a commenté :
14 décembre 2025 - 18 h 44 min
@ Joshua
Les pilotes ne vivent pas cachés. …ils sont souvent enviés à juste titre car ils ont un metier passionnant….mais exigeant aussi sur le plan familial surtout en LC.
C’est le cas dans toutes les majors.
Pourquoi la cour des comptes, dont le personnel n’est surement pas plaindre et est à la maison tous les soirs, souleve ce genre de problème qui ne fait que dresser les gens entre eux.
Si encore la CRPN posait probleme, ce n’est pas le cas meme si elle tape dans des reserves qu’elle a su creer par une gestion efficace.
PS Je ne suis pas un pilote, mais un contribuable qui a financé plus de greves de la SNCF que de greves de pilotes
Delage a commenté :
14 décembre 2025 - 13 h 46 min
Le titre ne reflète vraiment pas le rapport. J’engage tout le monde à en prendre connaissance, celuici étant en ligne sur le site de la cour des comptes. Il se lit vite et est édifiant sur le comportement de son président, un élu pilote issu de la liste snpl. Bref pour plus d’objectivité lisez donc le rapport.
Ralph a commenté :
14 décembre 2025 - 14 h 08 min
D’accord avec # mosquito
fayçalair a commenté :
14 décembre 2025 - 17 h 12 min
pas compris 36000 actifs pour 25000 cotisants!!!!!!!