Après plus de cinq ans de suspension, l’Inde et la Chine ont annoncé la reprise de leurs vols directs dès la fin du mois d’octobre 2025. Les deux pays, séparés par plus de 3 500 kilomètres de frontières et des décennies de rivalités, relancent ainsi un axe aérien majeur, suspendu depuis la pandémie de Covid-19 et aggravé par un affrontement militaire meurtrier en 2020 dans l’Himalaya.

L’accord de reprise a été officialisé à la suite de plusieurs rencontres diplomatiques de haut niveau, dont celles entre les ministres indiens et chinois des Affaires étrangères. Dans leur communiqué, les autorités indiennes soulignent que ces liaisons facilitent tant « la normalisation graduelle des échanges bilatéraux » que les contacts entre les peuples. Concrètement, la compagnie aérienne indienne IndiGo a déjà prévu de lancer une liaison sans escale entre Kolkata et Guangzhou, à raison d’une fréquence quotidienne à partir du 26 octobre en Airbus A320, suivie d’une autre liaison entre Delhi et Guangzhou dont la date de lancement n’est pas encore confirmée.

Un enjeu stratégique pour l’Inde
Pour New Delhi, cette relance représente une avancée stratégique majeure pour trois raisons. D’abord, elle vise à soutenir l’essor économique du pays, alors que la Chine demeure son premier partenaire commercial, malgré un déficit de la balance commerciale de près de 99 milliards de dollars en sa défaveur. Les vols directs devraient également stimuler les échanges touristiques et universitaires, ainsi que faciliter l’activité des grandes entreprises de services informatiques indiennes implantées en Chine. Enfin, ce rapprochement symbolise une volonté de contenir les tensions frontalières et d’affirmer le rôle diplomatique indien dans la région.

Un intérêt manifeste côté chinois
Pour Pékin, la reprise des liaisons contribue également à son agenda d’apaisement régional. L’ouverture du ciel entre les deux plus grands marchés émergents bénéficie directement au commerce, aux investissements croisés et au secteur touristique, durement éprouvé depuis 2020. Pékin y voit aussi l’opportunité de renforcer sa présence économique et culturelle sur le sous-continent indien, face aux incertitudes liées à l’environnement géopolitique international et à la diversification des partenaires extérieurs.

Malgré la relance du trafic aérien, les relations demeurent fragiles. Les deux gouvernements se sont engagés à ouvrir trois marchés transfrontaliers, à maintenir la paix dans les zones disputées et à faciliter la délivrance des visas pour les voyageurs, entrepreneurs et étudiants. Cette étape marque certes un dégel après cinq années de tensions, mais sous surveillance : la paix reste à consolider dans les zones himalayennes litigieuses, et les deux voisins participent à des efforts diplomatiques et sécuritaires dans des forums régionaux tels que l’Organisation de coopération de Shanghai, faisant contre-poids face aux Etats-Unis de Donald Trump.

Inde-Chine : après cinq ans d’interruption, la reprise des vols directs marque le dégel diplomatique 2 Air Journal

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