Delta Air Lines ne compte pas abandonner son partenariat stratégique avec Aeromexico sans se battre. La compagnie américaine a saisi la Cour fédérale d’appel pour contester la décision du Département des Transports (DOT) de mettre fin à leur immunité antitrust sur les liaisons États-Unis–Mexique.

Delta Air Lines a déposé un recours devant la US Court of Appeals for the Eleventh Circuit pour obtenir un réexamen de la décision du DOT ordonnant la dissolution, d’ici au 1er janvier 2026, de sa co-entreprise avec Aeromexico sur les vols transfrontaliers vers le Mexique.
En toile de fond : un conflit diplomatique et commercial autour des créneaux aériens à l’aéroport international Benito Juárez de Mexico-City. Cette sanction a été confirmée le mois dernier par le secrétaire aux Transports Sean Duffy, invoquant des pratiques jugées discriminatoires de la part du gouvernement mexicain dans l’accès aux créneaux horaires de l’aéroport Benito Juárez – principal hub international de la capitale. Selon l’administration Trump, Mexico limite volontairement les créneaux pour les compagnies étrangères, contraignant certaines d’entre elles à opérer à partir d’un nouvel aéroport périphérique, moins attractif pour les passagers, tandis qu’Aeromexico conserve la majorité des slots à Benito Juárez.
Le gouvernement mexicain justifie ces restrictions par la nécessité de travaux majeurs de modernisation sur un site déjà saturé, mais Washington souligne que ces travaux n’ont toujours pas débuté, alors que les limitations sont déjà en vigueur. Dans son ordre final, Sean Duffy estime que cette situation profite indûment à Aeromexico en affaiblissant la concurrence étrangère.

Pour éviter la rupture du partenariat, Mexico avait proposé de restituer aux compagnies américaines les créneaux « confisqués » et de créer un nouveau régulateur chargé de la répartition des slots. Le DOT a salué ces engagements mais a jugé qu’ils ne suffisaient pas à empêcher la révocation de l’immunité antitrust, relevant que plusieurs points-clés restaient « sans réponse ».

Une alliance stratégique fragilisée

Dans un communiqué, Delta a expliqué que ce recours judiciaire est « la seule option à ce stade du processus » pour défendre ses intérêts, son réseau mondial et ses clients. « Delta et Aeromexico ne forment qu’une seule entité sur le marché transfrontalier, au bénéfice des voyageurs américains. La dissolution de la co-entreprise d’ici janvier serait à la fois lourde sur le plan opérationnel et coûteuse », a ajouté la compagnie.

Delta détient 20% du capital d’Aeromexico, une participation non-contrôlante, depuis la sortie de la compagnie mexicaine de sa procédure de faillite en 2022. Aeromexico n’est plus détenue par l’État depuis 2007 et fonctionne comme société privée.

Cette affaire illustre les tensions récurrentes autour de l’attribution de slots dans les grands aéroports saturés, dossiers où se mêlent enjeux d’infrastructure, protection des compagnies nationales et relations commerciales bilatérales. La perte de l’immunité antitrust fragilise non seulement la coopération Delta–Aeromexico, mais remet aussi en question la stabilité des co-entreprises aériennes face aux décisions politiques.

Delta conteste auprès du DOT la fin de son immunité antitrust avec Aeromexico 1 Air Journal

©Delta Air Lines / Aeromexico