Du 30 octobre au 2 novembre, les équipages d’Aer Lingus basés à Manchester cesseront le travail, perturbant toutes les liaisons transatlantiques de la compagnie vers New York, Orlando et la Barbade.

Quelque 130 membres d’équipage syndiqués rejettent les propositions salariales de la direction, qui prévoient une hausse de 9% en 2025 puis 3% supplémentaires en 2026. Selon Unite, ces augmentations sont loin de compenser les faibles salaires de base qui peinent à suivre le coût de la vie britannique. Le syndicat dénonce des conditions économiques jugées intenables pour du personnel travaillant dans une compagnie dite « rentable ». Ce nouveau conflit social, initié par le syndicat britannique Unite, s’ajoute à une série de tensions sociales qui affectent la compagnie irlandaise depuis plus d’un an.

« Les salariés n’arrivent plus à payer leurs logements ou leurs factures et beaucoup cumulent un second emploi ou font des heures supplémentaires massives », déplore Unite, qui évoque un risque « de stress et d’épuisement professionnel ». Sharon Graham, secrétaire générale du syndicat, fustige la direction : « Il est inacceptable que des employés dévoués d’une compagnie aussi profitable ne puissent plus subvenir à leurs besoins essentiels, pendant que les dirigeants engrangent des millions. »

Outre les grilles salariales, Unite critique les écarts dans les indemnités de vol et de séjour versées aux équipages britanniques comparés à ceux basés à Dublin. Aer Lingus a proposé d’augmenter l’allocation journalière à l’étranger de 11 £, passant de 86 à 97 £ cette année, puis à 108 £ en 2026. Mais selon le syndicat, ces montants restent « nettement inférieurs » à ceux perçus en Irlande. Les hôtels et transferts sont directement pris en charge par la compagnie, tandis que les indemnités couvrent repas et frais personnels. « Les équipages britanniques sont désavantagés », argue Unite, qui demande une harmonisation complète des conditions.

Des annulations limitées mais un symbole fort

Dans un communiqué officiel, Aer Lingus dit « regretter profondément » le résultat du vote en faveur de la grève et rappelle avoir négocié « de bonne foi » avec Unite. La compagnie soutient avoir déjà soumis deux accords salariaux jugés conformes au marché britannique, validés par le syndicat après médiation auprès de l’organisme de conciliation Acas. « Il est très décevant de voir ce mouvement être déclenché malgré un cadre de négociation complet », déplore la direction, ajoutant : « Nous allons désormais nous concentrer sur la communication avec les passagers concernés afin de minimiser les perturbations et de proposer des solutions de report. »

Les vols entre Manchester et New York, Orlando et Bridgetown (Barbade) devraient être suspendus durant les quatre jours de grève. Les passagers affectés conservent leurs droits à un réacheminement sans frais sur tout vol disponible, conformément à la réglementation européenne sur les droits des voyageurs aériens.

Ces perturbations ne touchent pas le principal réseau d’Aer Lingus au départ de Dublin, lequel avait déjà été frappé l’été dernier par une grève des pilotes pour des raisons similaires de rémunération, entraînant des dizaines d’annulations quotidiennes, mais pour la compagnie irlandaise, en pleine relance du long-courrier depuis Manchester, cette grève tombe à un moment stratégique : la saison hivernale et les vacances de la Toussaint, cruciales pour le remplissage transatlantique.

Le personnel navigant d’Aer Lingus à Manchester en grève contre la précarité 1 Air Journal

@Aer Lingus/Airbus