Seize ans après la catastrophe du vol AF447 reliant Rio à Paris, Air France et Airbus comparaissent à nouveau devant la justice, cette fois devant la cour d’appel de Paris. Ce procès s’est ouvert pour une durée de deux mois, alors que les deux entreprises avaient été relaxées en première instance au printemps 2023, tout en étant reconnues civilement responsables.

Le 1er juin 2009, l’Airbus A330 d’Air France s’était abîmé en plein Atlantique, causant la mort de 228 personnes — passagers et membres d’équipage de 33 nationalités différentes. L’enquête a mis en évidence le givrage brutal des sondes de vitesse Pitot alors que le long-courrier traversait une zone de turbulences, entraînant la perte de contrôle de l’appareil.

Devant la cour d’appel, Air France comme Airbus ont réitéré leur position. Les débats se concentrent sur la formation des équipages et la communication autour des failles des sondes Pitot, alors même que les familles restent en attente d’explications définitives sur le drame ayant marqué l’histoire de l’aviation civile française. Quelques 250 parties civiles sont encore présentes en appel, contre près de 500 en première instance, toutes conscientes qu’approche l’épilogue de ce marathon judiciaire.

Air France est poursuivi pour ne pas avoir mis en œuvre de formation de pilotes adaptée aux situations de givrage des sondes Pitot, qui mesurent à l’extérieur de l’avion la vitesse de l’appareil, ni procédé à une information suffisante des équipages. « Nous avions les moyens de faire une formation en haute altitude mais si nous ne l’avons pas fait, c’est que nous pensions, en conscience, qu’elle n’était pas nécessaire au regard des informations qui étaient portées à notre connaissance », a justifié à la barre Pascal Weil, qui a répondu au nom d’Air France aux questions mardi et mercredi, cité par l’AFP. « Les pilotes avaient la solution. Ils avaient la solution, ils l’ont dit tous les deux. Il faut redescendre, ils l’ont dit. S’ils étaient redescendus, ils seraient là aujourd’hui », a-t-il ajouté, estimant que « les facteurs humains ont été prédéterminants » dans la catastrophe.

La justice reproche à Airbus d’avoir sous-estimé la gravité des défaillances des sondes anémométriques, dont le givrage en haute altitude est le point de départ de l’accident, et de n’avoir pas pris toutes les dispositions nécessaires pour en informer d’urgence les compagnies aériennes qui en étaient équipées. Le représentant d’Airbus au procès, Christophe Cail, s’en est défendu : « Notre objectif, c’est zéro accident. Le moindre accident est un échec pour l’ensemble de notre communauté ». « Dès qu’on perçoit un risque, on va tout faire pour le corriger. La précaution, c’est de communiquer aux compagnies aériennes. Le principe de précaution que nous prenons est de regarder ce qu’on doit faire à court, moyen et long terme », a affirmé le pilote d’essai chez Airbus.

Crash du vol AF447 : la responsabilité d’Air France et d’Airbus de nouveau examinée en appel 1 Air Journal

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