Le ton est monté entre Ryanair et les autorités autrichiennes. Dans un entretien publié le 6 novembre par le quotidien Die Presse, le PDG de Ryanair, Michael O’Leary, a violemment critiqué la politique aérienne de l’Autriche, sur fond de conflit fiscal lié à la taxe aérienne de 12 € par passager, l’une des plus élevées d’Europe selon la compagnie.
En représailles, la low cost menace de se replier sur Bratislava en Slovaquie.
Une taxe que Ryanair juge « dissuasive »
Introduite en 2010 et augmentée en 2020, la taxe sur les passagers aériens autrichienne rapporte plus de 170 millions d’euros par an à l’État. Depuis 2020, elle s’élève à 12 € par passager (et 30 € pour les vols de moins de 350 km). Or, pour Ryanair, cette fiscalité pénalise de manière disproportionnée les transporteurs à bas coûts et compromet la compétitivité de l’aéroport de Vienne-Schwechat, dont les redevances sont déjà jugées « excessives ».
L’été dernier, le transporteur irlandais annonçait une réduction de ses capacités à Vienne, citant des coûts d’accès « ridiculement élevés ». Quelques semaines plus tôt, Wizz Air avait également fait savoir qu’elle fermerait sa base viennoise en 2026 pour redéployer ses avions vers des aéroports plus avantageux.
Michael O’Leary affirme avoir soumis à Christian Stocker un plan d’investissement d’un milliard d’euros en Autriche, incluant le déploiement de dix nouveaux Boeing 737 à Vienne et la création de plus de 500 emplois, à condition que la taxe soit supprimée. « À la fin de notre réunion, le Chancelier m’a dit que c’était “intéressant” et qu’il nous donnerait une réponse avant fin septembre. Or, septembre est passé, et nous n’avons reçu aucune réponse », a-t-il regretté. Et d’ajouter, cinglant envers le chancelier Christian Stocker : « C’est incroyable qu’un investisseur étranger prêt à créer des emplois et investir un milliard d’euros ne reçoive même pas de réponse. L’Autriche a un chancelier paresseux, incapable de stimuler la croissance. »
Menace de repli vers Bratislava
Face à l’immobilisme du gouvernement, Ryanair envisage désormais de redéployer une partie de son activité vers Bratislava, en Slovaquie, distante d’à peine 60 km, où les coûts d’exploitation seraient sensiblement inférieurs. « Les avions atterriront là où c’est le plus rentable. Même les politiciens les plus bornés finiront par le comprendre », a lancé O’Leary. Cette stratégie s’inscrit dans une logique déjà adoptée par plusieurs compagnies low-cost cherchant à contourner les fiscalités nationales jugées défavorables, en exploitant la proximité d’aéroports transfrontaliers.
Le ministre des Infrastructures Peter Hanke a répliqué dans la presse autrichienne, accusant le dirigeant irlandais de « confondre chantage et négociation ». Il souligne par ailleurs ne pas avoir participé aux discussions directes entre O’Leary et Stocker, tout en confirmant une rencontre en juin pour évoquer la taxe. Son ministère a précisé qu’aucune modification de la taxe aérienne n’était prévue avant 2027, et que les redevances d’aéroport découlaient de règlements européens. Du côté de la chancellerie, aucun commentaire officiel n’a été fait à ce jour.
L’aéroport de Vienne, dont l’État autrichien détient encore près de 40 % du capital, subit la conjonction d’une demande post-Covid en relance lente et de coûts d’exploitation parmi les plus élevés d’Europe centrale.
À cela s’ajoute la concurrence renforcée de plateformes voisines telles que Bratislava, Budapest ou Prague, qui capitalisent sur une fiscalité plus légère pour attirer les opérateurs low-cost.

Taxe, surtaxe... a commenté :
10 novembre 2025 - 19 h 32 min
Ryanair fait les choses à sa façon, soit. L’Autriche aussi est dans son bon droit. Même s’il semble que, comme dans chaque pays (et la France en fait partie) certaines taxes aéroportuaires ne soient pas décidées par Bruxelles, mais par chaque gouvernement, non ? Sinon, le problème évoqué par Ryanair, ainsi que les explications du Chancelier d’Autriche, seraient les mêmes dans toutes les capitales de l’Union Européenne ?
Et puis, si Bratislava peut se réjouir de voir arriver Ryanair, combien de temps va durer la lune de miel, lorsque l’on sait la volatilité des implantations de la compagnie irlandaise ?
Quant à l’Autriche, elle peut de toutes façons compter sur l’attrait que ce pays représente sur le plan touristique pour que les touristes continuent de venir. Et quel pourcentage de voyageurs intéressés par l’Autriche acceptera de se poser en Slovaquie ?
D’ailleurs, il serait intéressant de savoir combien de villes sont reliées à Vienne EXCLUSIVEMENT par Ryanair : ce sont plutôt ces dernières qui auraient à pâtir de la fermeture de leur unique liaison vers la capitale Autrichienne…
Freddoo a commenté :
10 novembre 2025 - 21 h 14 min
Pauvre Mol !
Lui le bienfaiteur que personne ne comprends….le syndrome Caliméro peut être…?
Mais quand le passager doit débourser supplément bagage ou vol annulé, il ne se manifeste pas….
Jean Neymar a commenté :
10 novembre 2025 - 21 h 33 min
Et si toute l’Europe à l’unisson augmente ses taxes il ira les mettre où ses avions MOL ?
NT a commenté :
11 novembre 2025 - 10 h 35 min
Irréaliste ! Le marché est libre et les aéroports sont en concurrence entre eux, ils n’ont encore intérêt à faire cela… C’est la même chose que les taxes sur les entreprises qui ne seront jamais unifiées en Europe puisque les états sont en concurrence entre eux pour rechercher un maximum d’attractivité…
Ah Bon ? a commenté :
11 novembre 2025 - 0 h 09 min
A force de hausser le ton dans tous les pays d’Europe, MOL va choper une extinction de voix ( et nos oreilles vont s’en trouver mieux)…
SERGE13 a commenté :
11 novembre 2025 - 6 h 51 min
Dire que les taxes aéroportuaires mettent à mal une économie est totalement faux. Deux exemples:
1- L’Indonésie a mis en place un pseudo visa de 35$. Résultat ? record sur record de la fréquentation sur Bali (je ne parle que de cet aéroport car les autres je n’ai aucun chiffre).
2- Londres: droits d’entrée imposés par le gouvernement: Record de fréquentation sur les aéroports Londiens.
Alors lorsqu’on voit Le Grand président de Air France s’allier au PDG de LH pour crier au scandale, comme le fait le PDG de FR, il y a un petit souci.
Les gens (les voyageurs) ont le l’argent, beaucoup d’argent à dépenser. (Si l’on en croit les rapports publiés chaque mois par la Banque de France, plusieurs milliards d’euros dorment en banque) et ça les gouvernements le savent. Et ils veulent prendre l’argent là où il y en a.
D’autant qu’en France l’augmentation de la taxe Chirac finance notre S.S. Donc rien à dire.
Mais là où l’on peut douter de la réalité de la situation c’est qu’en aucun cas le PDG de FR ne s’est plaint de la pseudo taxe qu’à imposé le R.U. aux passagers.
Moralité, ces messieurs ne veulent juste pas servir de boite aux lettres entre le consommateur et l’Etat.
Imaginez 5 secondes si Carrefour ou autre Auchan décidaient de pester comme le font ces PDG et décidaient à l’unisson de ne plus payer la TVA par exemple???
Les gouvernements ne doivent pas céder.
Les taxes ce sont les voyageurs qui les paient, pas les compagnies.
On est là devant de faux problèmes.
Anna Stazzi a commenté :
11 novembre 2025 - 13 h 55 min
Je partage entièrement votre avis.
L’épargne atteint des sommets et continue de progresser.
il y a effectivement bcp d’argent, on le prend là où il se trouve. Logique.
Et c’est bien le pax qui paie et pas la compagnie.
Ryanair couine à cause de modèle écofinancier qui vieillit mal. Normal.
Tout va bien
LH et AF ont chacune augmenté leurs tarifs sans s’émouvoir, malgré un pétrole à la baisse depuis des lustres.
Jean a commenté :
12 novembre 2025 - 14 h 10 min
Cela fait plaisir de voir qu’après 30 ans, les différents pays commencent enfin à comprendre que se prostituer fiscalement pour attirer Ryanair est un calcul à court terme qui n’est pas forcément payant dans la durée.
Quand Ryanair sera forcée de faire 8 rotations par jour entre Trapani et Rovaniemi avec des avions vides, elle augmentera ses tarifs et reviendra sur les aéroports délaissés.