Un pilote de la compagnie aérienne mexicaine Magnicharters a refusé de décoller de Mexico pour Cancún afin de protester contre cinq mois de salaires et d’indemnités non versés, retenant l’avion au sol. L’incident, survenu le 19 décembre à l’aéroport international Benito‑Juárez (ACMI), met en lumière la situation financière fragile de ce transporteur charter déjà sanctionné par les autorités mexicaines.
Selon les médias locaux, le commandant de bord du vol GMT780 a informé les passagers, déjà installés en cabine, qu’il ne partirait pas avant d’avoir obtenu le paiement de ce qui lui était dû par la compagnie. « Cet avion ne décollera pas tant que nous n’aurons pas reçu ce qui nous est dû », a-t-il déclaré dans dans une annonce aux passagers, relayée par des vidéos largement partagées sur les réseaux sociaux. « Je travaille pour cette compagnie aérienne depuis près de trois ans et je n’ai jamais manqué un vol », a ajouté le pilote, ajoutant qu’il était père de trois enfants. Il a déploré cinq mois de salaires et de frais de déplacement impayés pour justifier son acte désespéré, expliquant aux passagers que son refus de décoller constituait, selon lui, le seul moyen de se faire entendre de sa direction.
Le pilote se serait barricadé dans le cockpit, conduisant les autorités de l’aéroport à intervenir pour évacuer l’appareil et interrompre l’embarquement. Les passagers ont été débarqués et l’avion immobilisé, certains témoins évoquant une situation de « chaos » dans la cabine et dans le terminal. Les autorités aéroportuaires ont indiqué qu’un autre équipage devait être acheminé pour opérer le vol, tandis que le pilote protestataire a été interpellé et entendu par la police, sans qu’une suite judiciaire ne soit encore clairement connue.
Une compagnie charter sous pression
Magnicharters, filiale du groupe de voyages Magnitur, est une compagnie charter mexicaine fondée en 1994 et spécialisée dans les vols loisirs vers les grandes stations balnéaires du pays, comme Cancún, Los Cabos ou Puerto Vallarta. Basée à Mexico et Monterrey, elle exploite une flotte de cinq Boeing 737‑300 configurés en classe unique d’environ 140 sièges.
Ces dernières années, Magnicharters a fait face à une concurrence accrue des low cost mexicaines et à la hausse des coûts d’exploitation, dans un contexte où plusieurs compagnies aériennes (Interjet, Aeromar, Calafia, etc.) ont déjà disparu du ciel mexicain. Les organisations de personnel évoquent des retards de paiement récurrents chez Magnicharters, affectant les salaires fixes, les indemnités journalières et certains frais de déplacement. Ses difficultés de trésorerie seraient liées à la combinaison de plusieurs facteurs : dépendance au segment loisirs très sensible à la conjoncture, coûts du carburant, poids de la dette et pression tarifaire de la concurrence.
Magnicharters a par ailleurs été confrontée à des sanctions et contrôles renforcés de la part du ministère mexicain des Transports, pour non‑respect de certaines exigences réglementaires. Le régulateur mexicain lui a accordé 90 jours pour corriger plusieurs manquements afin de pouvoir poursuivre ses opérations commerciales.
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